Société

La qualité de la vie

Il est de plus en plus question de la qualité de la vie, dans les journaux, à la radio, à la télévision et dans les discours des hommes politiques. Cette notion invoquée à tout propos trahit une préoccupation qui colore l'époque. Que cache la formule ? En dernière analyse, elle pose la finalité des sociétés modernes, où les individus ont pris conscience que produire pour produire, sans tenir compte du bonheur individuel, n'avait plus de sens. Le produit national brut, la natalité, l'indice des salaires ou des prix, la production de tel ou tel secteur, l'équilibre de la balance du commerce extérieur ne peuvent plus à eux seuls témoigner. Ces chiffres, s'ils reflètent des progrès, restent d'une certaine manière muets sur les individus.

En rassemblant et en comparant ici toute une série de données — qui semblent à première vue hétérogènes — on s'est efforcé de partir du quotidien, de l'individu lui-même, de façon à tempérer les vérités économiques pures. Ces statistiques sont le plus souvent des estimations. Le choix pourra peut-être paraître limité ou arbitraire, dans la mesure où la qualité de la vie est la résultante d'un énorme complexe politique, économique, social, culturel. Il n'en demeure pas moins qu'à travers ce choix on voit apparaître en filigrane ce qu'on pourrait appeler la qualité de la vie dans dix pays.

On peut arguer que la qualité de la vie ne se définit pas avec rigueur, et qu'elle varie selon les époques et les pays. Des notions telles que l'environnement, les nuisances n'apparaissent pas ici. Mais une chose est certaine : le confort n'est pas le bonheur, mais sans un certain confort, de nos jours, le bonheur n'est pas possible.

Les individus n'ont jamais eu autant de possibilités concrètes de s'exprimer, de s'affirmer, de se cultiver, et jamais peut-être une aussi riche virtualité n'a semblé aussi difficile à atteindre.