À la différence de la presse, les regroupements qui se produisent ne sont pas destinés à parer à des difficultés financières immédiates, mais plutôt à conférer aux entreprises une dimension internationale. Au sein de l'Union des éditeurs de littérature (UDEL), 6 entreprises s'associent pour l'exportation de leur production. Dans le même but, 17 éditeurs d'ouvrages médicaux unissent leurs moyens. Créée à Rome en juillet 1970, l'Association européenne pour le développement des techniques audio-visuelles réunit 6 éditeurs européens.

Nouveaux états-majors

Dans le domaine de la diffusion, la SODIS, créée par Gallimard à la suite de sa rupture avec Hachette, entre en service le 1er mars 1971. Cette société, dont les structures ont été harmonisées avec celles de Flammarion, distribue la production de Denoël, du Mercure de France, de la Table ronde, des Éditions de Minuit, Planète et Gonthier. Les, éditions Dargaud se joindront également à ce groupe. Quant à la Librairie Larousse, elle crée à Genève sa 21e filiale de distribution : la Société Larousse Suisse SA, dont la direction est assurée par Jean-Claude Viatte.

Plusieurs mouvements ont affecté les états-majors des maisons d'édition. Alex Grall, Philippe Rossignol et Paul Guimard quittent les éditions Denoël, pour entrer chez Hachette. A. Blanchard, qui était directeur du département édition du Reader's Digest, prend la direction des éditions Denoël, assisté de J. O'Neil. Réorganisation également chez Flammarion à la suite du départ d'Etienne Lalou. Pierre Dumayet et Henry Bonnier entrent au comité de lecture, Paul Otchakovsky-Laurens et Christiane Reygnault au service littéraire, dont la coordination est maintenant assurée par Roger Porslier. Thérèse de Saint-Phalle se voit confier la mission de découvrir des talents nouveaux. Alain Bosquet quitte son poste de directeur littéraire des éditions Calmann-Lévy. Marcel Jullian devient P-DG des éditions Julliard. Enfin, Albert Pigasse reste directeur de la Librairie des Champs-Élysées (qui publie notamment la collection Le Masque) après le contrôle de cette entreprise par la Librairie générale française, filiale du groupe Hachette.

L'édition française a atteint une étape : ces regroupements et ces mouvements indiquent qu'elle rassemble ses forces pour assurer son expansion. Une expansion qu'elle voudrait, cette fois, bénéficiaire ; la diffusion de la culture en dépend.

Télévision

Inquiète de son avenir et encore traumatisée par la tutelle gouvernementale à laquelle elle était soumise, la télévision connaît cette année quelques poussées de fièvre. Elles se manifestent notamment par une grève des techniciens, puis par une grève des personnels administratifs et artistiques. L'adoption de structures nouvelles lui permet cependant, selon le mot d'André Diligent, d'entrer dans un « avenir annonciateur de grandes mutations ». L'action de responsables énergiques confère aux journaux télévisés une crédibilité qu'ils avaient perdue depuis trop longtemps, tandis que l'émulation entre les deux chaînes ouvre la voie à des émissions de qualité. De leur côté, les stations de radio accordent la primauté à l'information et poursuivent la recherche de formules originales susceptibles de leur attacher des auditeurs. Mais cette concurrence trouve ses limites dans des émissions démagogiques qui, sur le plan culturel, marquent une régression.

Rapport Paye

L'année télévisée 1970-71 s'ouvre sur la publication du rapport de la commission Paye. Favorable au maintien du monopole de l'État, elle préconise une nette séparation entre les chaînes, la transformation des services de fabrication, l'autonomie de la radio. La situation et la gestion des personnels doivent, selon elle, être assouplies, tandis que la gestion financière « doit gagner en indépendance, en souplesse et en clarté ». Les collaborations extérieures (notamment avec le cinéma) sont souhaitables. Cette réorganisation doit aboutir à la transformation de l'ORTF en une société holding. Ses rapports avec l'État seront fondés « sur une définition claire des missions et des obligations ainsi que des moyens que l'État doit lui garantir pour les exercer ». Un haut conseil constituerait l'équivalent de la magistrature morale souhaitée pour la presse écrite par le rapport Lindon.