Ambiance un peu tendue au Salon de Genève, où l'on ne parlait, en mars, que de la suppression du Salon de Francfort et de celle envisagée du Salon de Paris. On y présente pourtant une grande première française : l'Alpine A 310. Alpine, qui fabriquait jusque-là des berlinettes sportives qui glanaient des succès sur toutes les routes européennes, franchit un nouveau pas et se pose, sur le plan industriel, comme le concurrent de Porsche, son rival sportif. L'Alpine A 310, qui offre deux places à l'arrière, une carrosserie moderne et une vitesse de pointe de 210 km/h, a directement profité des enseignements de la compétition routière. Ultérieurement, il n'est pas interdit da penser que le futur V6 Renault de 2,4 l remplace le moteur de la R 16 TS actuel. Alpine prévoit de vendre cette année quelque 500 unités de sa dernière-née ; la production pourrait atteindre en dix-huit mois 300 voitures par mois.

Sécurité : un renversement de tendance

Malgré la limitation de vitesse, malgré la suppression de 300 points noirs et le marquage axial et latéral de plusieurs milliers de kilomètres de routes, le bilan des accidents, en 1970, se traduit par une augmentation des tués et des blessés. Constatation brutale qui demande une explication plus complète.

En 1970 : 236 109 accidents (contre 227 788 en 1969), 15 087 tués (contre 14 705), 329 659 blessés (contre 318 532) ; tous les chiffres sont en augmentation sensible. Une consolation sans doute : ce bilan aurait été encore plus lourd sans les mesures prises à l'échelon national. Il est d'ailleurs impossible de déterminer quelle a pu être la part de telle ou telle d'entre elles ou dévaluer la différence si elles n'avaient pas été prises.

Chaque année, la gendarmerie nationale se livre à une analyse des statistiques qui porte sur les accidents survenus en rase campagne ou dans les petites agglomérations, ceux qui se sont produits dans les villes ou les zones urbaines étant constatés par la police nationale. Les pourcentages de variation des accidents, des tués et des blessés (respectivement de + 2,2 %, + 0,9 % et de + 2,25 %) demeurent inférieurs à l'indice de la circulation motorisée : + 4,7 % ; il convient cependant de préciser que ce pourcentage ne tient pas compte du développement de la circulation sur les autoroutes ; l'augmentation est donc très certainement supérieure au pourcentage cité.

Une amélioration

Un fait est symptomatique : la comparaison des accidents et leur gravité au cours du premier trimestre, par rapport aux trois autres trimestres de 1970. C'est au mois de mars que sont annoncées les premières mesures décidées par le gouvernement. Au cours du premier trimestre, par rapport au premier trimestre de 1969, les accidents, les tués et les blessés ont augmenté respectivement de 9,5 %, 15,5 % et 10,7 % ; au cours des neuf derniers mois, l'augmentation est de 0,6 % pour les accidents, de 0,5 % pour les blessés, et le nombre des tués diminue de 2,2 %. La situation s'était donc aggravée pendant le premier trimestre, pour s'améliorer sensiblement ensuite ; cependant, les trois premiers mois ont pesé défavorablement sur le bilan final.

Par rapport à 1969, la répartition du nombre des accidents dans le temps présente une différence fondamentale. En effet, en 1970, les mois où la fréquence des sinistres a été la plus grande sont, dans l'ordre décroissant : novembre, octobre, décembre, alors que l'année précédente cet ordre était, au contraire : août, juillet, juin. En raison des conditions climatiques, les mois d'automne et d'hiver se révèlent donc les plus dangereux. Cela semble prouver également que la circulation à cette époque a été sans doute plus dense que l'année précédente.

Quant à la répartition journalière, elle confirme ce que l'on savait : les veilles de fête, les jours fériés et les jours Primevère sont ceux où se produisent le plus d'accidents. C'est en milieu de semaine que les accidents sont le moins nombreux (mardi, mercredi et jeudi), tandis que les dimanches, samedis et lundis sont les plus chargés. En valeur relative, le nombre d'accidents journaliers les jours de fête et durant l'application de l'opération Primevère décroît de 5 % environ pour les premiers et de 8 % pour les seconds. La tendance étant contraire pour les autres jours, cela confirme les résultats positifs les jours où une surveillance est accrue.