La consigne est toutefois à la prudence. Les remous suscités par l'affaire du français, l'accueil médiocre réservé à la réforme de la formation des professeurs incitent le ministère à ne pas dévier de cette politique. La prudence peut toutefois conduire à la fermeté. Certains professeurs ayant individuellement mis en pratique de nouvelles méthodes d'enseignement dans leurs classes (non-directives ou autres), le ministère multiplie les mises en garde contre la « pédagogie sauvage ». Elles provoquent les protestations des réformateurs et la déception d'une partie du corps enseignant.

La mise en question de la pédagogie traditionnelle se traduit dans quelques établissements par le refus opposé par des enseignants à la visite des inspecteurs généraux. Ces initiatives individuelles connaissent un certain retentissement, mais restent limitées.

La querelle du français

Faut-il changer la manière d'enseigner le français à l'école ? Une longue polémique s'engage, à la fin du premier trimestre de l'année scolaire 1970-71, autour d'un rapport, au contenu alors peu connu, dit « rapport Rouchette ». Il contient le résultat d'expériences multiples de rénovation de l'enseignement de la langue maternelle à l'école primaire, tentées depuis 1963 dans plusieurs centaines d'écoles. Ces expériences sont placées sous la direction de l'inspecteur général Rouchette. Le rapport n'est rendu public qu'en mars 1971, au moment où la querelle du français paraît apaisée. Il est jugé dangereux par l'Académie française et diverses organisations d'enseignants de tendance conservatrice.

Ceux-ci croient y voir des menaces pour les méthodes traditionnelles de l'apprentissage de la langue (dictées et dissertations) ou de la littérature française classique. Les défenseurs du rapport font valoir, au contraire, qu'il tient compte de l'évolution des recherches linguistiques et ne vise qu'à faciliter l'accès des jeunes à la langue française, orale ou écrite.

La querelle a pour origine l'approbation du rapport Rouchette par la commission de réforme de l'enseignement mise en place par Olivier Guichard ; commission présidée par un académicien, Pierre Emmanuel. La publicité donnée durant quelques semaines à cette nouvelle querelle des anciens et des modernes conduit le ministère de l'Éducation nationale à publier une mise en garde. Une circulaire qui, à son tour, fera scandale, déconseille les initiatives improvisées des enseignants qui souhaiteraient mettre en pratique les principes du rapport Rouchette, avant même que la commission Emmanuel ait terminé ses travaux. La commission Emmanuel travaille dans un climat moins passionnel.

Quelques accrocs marquent aussi la poursuite de la rénovation de l'enseignement des mathématiques, au cours du deuxième trimestre. L'enseignement moderne des mathématiques, en vigueur depuis deux ans en classes de sixième et de cinquième, doit suivre la génération des élèves. On attend donc la publication des nouveaux programmes, pour la classe de quatrième.

Mathématiques modernes

Cette publication est retardée par l'intervention d'un certain nombre d'opposants à la réforme. Après quelques semaines d'atermoiements, les programmes seront finalement publiés, le ministre considérant qu'il était impossible d'interrompre une réforme en cours. Une commission présidée par André Lichnerowicz, professeur au Collège de France, veille, depuis 1968, aux destinées de la réforme de l'enseignement des mathématiques.

Une troisième commission est créée en février par O. Guichard : elle doit mettre au point une réforme de l'enseignement des sciences physiques et de la technologie dans l'enseignement secondaire. Il s'agit d'harmoniser l'enseignement de la physique avec celui, rénové, des mathématiques, mais aussi de trouver quelle pédagogie permettra de résoudre le problème de la pénurie de scientifiques en France. La Commission est également chargée d'organiser d'une manière plus cohérente l'enseignement de la technologie, introduit partiellement dans les classes de quatrième et qui doit être développé au cours des prochaines années.

La formation des professeurs

Déception pour les partisans de la rénovation : la réforme de la formation des maîtres de l'enseignement secondaire n'a pas lieu.