On exploite peu les minéraux sous-marins autres que le pétrole. Quelques exceptions : l'étain, dans des placers situés au large de Sumatra, des diamants (également dans des placers), devant la cote de l'Afrique du Sud et du Sud-Est africain.

Minéraux moins nobles, mais dont l'économie moderne est grande dévoreuse et dont les gisements terrestres se raréfient, les sables et graviers sous-marins pourraient, en revanche, être bientôt exploités sur une grande échelle.

Enfin, il reste les nodules de manganèse dont on parle beaucoup depuis un an ou deux.

C'est à des phénomènes géochimiques qu'il faut attribuer très probablement la formation des nodules polymétalliques qui, par milliards de tonnes (1 500 milliards de tonnes pour le seul Pacifique, selon de récentes informations), pavent le fond des océans. Leur composition varie selon leur origine géographique. On estime qu'en moyenne les nodules du Pacifique contiennent 24,2 % de manganèse, 14 % de fer, 0,99 % de nickel, 0,52 % de cuivre, 0,35 % de cobalt, 0,10 % de plomb, et ceux de l'Atlantique 16,3 % de manganèse, 17,5 % de fer, 0,42 % de nickel, 0,20 % de cuivre, 0,31 % de cobalt, 0,10 % de plomb.

Produits d'altération

D'où vient le manganèse ? Selon les plus récentes hypothèses, il serait issu de l'altération des roches ignées, qui libère aussi du fer en quantités beaucoup plus importantes. Ces produits d'altération s'entassent peu à peu dans les fonds océaniques, où ils forment, en compagnie de débris d'organismes vivants, les couches sédimentaires. Au début, celles-ci comprennent de grandes quantités d'eaux interstitielles. Mais, sous leur propre poids, les sédiments se tassent lentement, et les eaux interstitielles sont peu à peu chassées vers le haut.

En traversant les couches sédimentaires, les eaux se chargent, par lessivage, des métaux contenus dans les sédiments. Divers phénomènes physicochimiques, électrochimiques et même biologiques accompagnent cette montée des eaux interstitielles et leur arrivée au contact de l'eau de mer. Il y a le plus souvent oxydation brutale du manganèse ; l'oxyde de manganèse se dépose en couches successives autour d'un « germe » (indispensable à tout phénomène d'accrétion) constitué d'un objet dur quelconque (ponce volcanique, dent de requin, aussi bien qu'éclat d'obus). Le rythme de l'accrétion est extrêmement variable, d'un millimètre en cent mille ans à un centimètre en dix ans.

Pêches secrètes

Il est donc tentant d'exploiter ces gisements qui, jusqu'à présent, n'appartiennent à personne. Si les procédés de traitement des nodules semblent avoir été trouvés, les techniques de pêche au rythme industriel restent à développer. Les grands groupes miniers poursuivent leurs recherches dans le plus grand secret.

Seule Deepsea Ventures, filiale de Tenneco, a annoncé ses intentions dès octobre 1968 : sélectionner les sites à étudier, mettre au point un système de dragage capable de remonter 4 000 t par jour de 5 400 m de profondeur, consacrer 1 100 millions de francs en six ans pour parvenir à traiter 1 million de tonnes de nodules par an, organiser de vastes consortiums. Mais sur les résultats concrets de la première campagne expérimentale, qui a eu lieu en juillet et août 1970, au large de la Floride, par 900 à 1 000 m de fond, la société américaine a été très discrète.

Deux autres tentatives ont eu lieu dans le Pacifique. En septembre 1970, la Japan Resource Association a essayé un nouveau procédé de dragage. En décembre 1970 et janvier 1971, le CNEXO (Centre national pour l'exploitation des océans), avec l'aide de la marine française et de la Direction des centres d'expérimentation nucléaire, a péché une tonne de nodules non loin des Tuamotu, par 1 500 m de fond.

Record de plongée profonde

Malgré les progrès de l'électronique et de l'automatisation, l'intervention humaine demeure irremplaçable pour de nombreuses opérations sous-marines. L'exploration et, éventuellement, l'exploitation de fonds océaniques de plus en plus étendus et profonds exigent donc l'amélioration des techniques et des performances de la plongée profonde. La France occupe dans ce domaine une position de tout premier plan. Une société de Marseille, la COMEX (Compagnie maritime d'expertise), s'est taillé la part du lion. Elle est l'une des cinq grandes entreprises mondiales spécialisées dans la plongée profonde industrielle. Dans la recherche, elle a réalisé trois premières, en septembre, novembre et décembre 1970.