Ayant constaté, d'après les résultats des sondages, que près de 80 % du public quitte l'écoute entre 21 h 45 et 22 h 30, Maurice Cazeneuve a aussi choisi de partager ses soirées en tranches correspondant à trois types d'émissions : de 20 h 30 à 21 h 30, après les informations, un spectacle de divertissement ; dans la deuxième heure, des séries dites de connaissance ; en fin de programme, des émissions répondant au souhait de contact avec le public. C'est aussi une façon de rétablir les carrefours qui permettent de passer de l'une à l'autre chaîne.

Il est certain qu'un décalage existe entre la production ancienne et les ambitions nouvelles, ne serait-ce que pour les dramatiques originales ; on en tournait jusque-là 24 par an, alors que la grille en réclame maintenant 52. Un effort considérable doit être accompli ; tous ces projets sont, certes, séduisants, mais beaucoup d'espoirs risquent d'être déçus.

Dans cette grille bouleversée, seul le dimanche conserve son aspect traditionnel avec un film, l'Invité du dimanche (Françoise Mallet-Joris, Louis Merlin, Laurence Durrell, Louis Néel, Marie Bell, Vladimir Jankélévitch, César, René Clair, etc.) — qui n'a pas disparu avec l'été, comme on le pensait —, un reportage sportif, un concert, un feuilleton et, en soirée, un film et un magazine ayant trait au septième art.

Le lundi, après une émission de variétés (Deux sur la 2, avec Roger Pierre et Jean-Marc Thibault, tiendra l'affiche jusqu'en janvier ; Annie sur la 2, avec Annie Cordy, durera quelques semaines), sont diffusés de grands magazines scientifiques (Portrait de l'univers, Futurs) ou historiques (les Chemins de l'histoire, Livres d'histoires de Georgette Elgey) ; puis, en fin de programme, des entretiens historiques (Alain Decaux raconte) ou des émissions produites par le service de la Recherche.

La troisième chaîne

Les premiers programmes de la troisième chaîne seront diffusés dans le courant du troisième trimestre 1972. Le tiers des téléspectateurs sera alors en mesure de les recevoir, en 625 lignes (définition de la deuxième chaîne) sans modification d'appareil ni d'antenne. Les premiers privilégiés seront les habitants de la région parisienne. Viendront ensuite ceux du nord de la France, puis de l'est et de la région de Marseille. Fin 1973, deux tiers du territoire seront équipés (les régions de Paris, Nancy, Strasbourg, Lille, Marseille, Rouen, Le Havre, Rennes. Nantes, Bordeaux, Toulouse, Lyon), trois quarts en 1974 et 95 % en 1975. Pour 1973-74, il est déjà prévu que les centres de Lille et de Marseille seront amenés à produire chacun 10 % de l'ensemble des programmes. Dès son lancement, la troisième chaîne proposera trois heures quotidiennes d'émissions (19 h 30 à 22 h 30) en couleurs, dont les spots publicitaires ne seront pas exclus. Sans être spécialisé ni spécifiquement régional, le troisième programme accordera une large place aux magazines d'information (il n'y aura, en principe, ni journal ni speakerine), aux documents et aux enquêtes mettant en valeur la vie des régions. Des émissions dramatiques (théâtre classique et d'avant-garde, troupes locales) et des variétés compléteront la grille de cette troisième chaîne nationale.

Les dramatiques

La soirée du mardi commence avec les Animaux du monde de François de La Grange, suivis d'une émission dramatique. Maurice Cazeneuve veut séparer nettement cinéma, théâtre et télévision, afin de créer une « politique de théâtralité » et un « répertoire de dramaturgie télévisuelle ». Enfin, troisième orientation, il souhaite adapter de grandes œuvres classiques en « recherchant un nouveau langage audiovisuel ». C'est ainsi qu'il proposera, pour répondre à ces divers objectifs : Un otage, de Brendan Behan, avec Simone Signoret et Daniel Ivernel ; De la belle ouvrage, de Maurice Failevic ; La nuit se lève, de Jean-Claude Brisville ; le Puits, d'après Vassilikos ; Une fatigue passagère, de Gérard Chouchan ; Un certain Giovanni Brua, de Jean-Marie Drot ; les Aventures de Zadig, d'après Voltaire ; Demain la fin du monde, de Michel Polac ; Ma femme, d'après Tchekhov ; la Fuite, de Mikhaïl Boulgakov, avec Daniel Gélin ; l'Appartement, de Jean-Louis Roncoroni, avec Madeleine Barbulé et Henri Nassiet ; la Petite Auto, de Dirk Sanders, avec Karen Blanguernon et Victor Lanoux ; Vipère au poing, d'après Hervé Bazin, avec Alice Sapritch ; le Thé sous les cyprès, de Jean-Louis Curtis. Après la dramatique est diffusée une émission poético-musicale (Harmoniques).