En 1970, le montant total de l'aide accordée aux pays en voie de développement est de 2 394 millions de francs, dont 1 271 pour les États associés africains et malgaches. On constate, cependant, que la France consacre à la Coopération une part de plus en plus faible de ses ressources, alors que l'écart entre les niveaux de vie des pays industrialisés et ceux du tiers monde ne cesse de grandir.

L'examen de l'utilisation des crédits du Fonds d'aide et de coopération (FAC) montre que les principaux bénéficiaires de l'aide sont (au 1er juillet 1969, en francs français) : Madagascar (605 millions), Côte-d'Ivoire (460 millions), Cameroun (440 millions), Sénégal (353 millions).

Répartition des crédits

Une certaine redistribution des crédits est en train de s'opérer entre les différents secteurs d'activité. Ainsi, le secteur agricole, qui recevait le tiers de l'aide, voit sa part ramenée au cinquième pendant le premier semestre de 1969. De même, les dépenses d'infrastructure passent de 20 à 10 %.

En contrepartie, l'action culturelle et technique, l'équipement scolaire et universitaire voient leurs moyens renforcés. Si cette tendance devait se poursuivre, elle aurait pour conséquence de spécialiser l'aide française dans des opérations non productives, au sens économique du terme. Sans sous-estimer aucunement l'importance pour le développement des problèmes de santé ou de formation humaine, il est souhaitable qu'un effort accru soit fait dans le domaine de l'industrialisation.

Enfin, dans le domaine militaire, pour la formation des diverses armées nationales notamment, 1 400 officiers et sous-officiers ont été détachés en Afrique durant l'année 1969.

La moyenne annuelle de l'aide internationale, non compris celle qui entre dans le cadre de la coopération bilatérale, est sensiblement inférieure au milliard de francs français.

Quant à la contribution française moyenne, elle était de l'ordre de 550 millions de francs français, soit un peu plus de la moitié de l'aide fournie par les organismes internationaux.

La France occupe donc une place privilégiée dans la lutte contre le sous-développement et son aide est unanimement appréciée par les pays qui en sont les bénéficiaires.

La francophonie

La première conférence des pays entièrement et partiellement de langue française se termine à Niamey, en février 1969, par l'adoption d'une résolution recommandant aux gouvernements représentés de créer une Agence de coopération culturelle et technique (Journal de l'année 1968-69). Un secrétariat exécutif provisoire, installé à Paris, est constitué pour préparer la mise en place définitive de l'Agence.

Pendant plus d'un an, ce secrétariat, confié au Canadien Jean-Marc Léger, travaille à l'étude des projets de statuts et de budget de la nouvelle institution.

La deuxième Conférence des pays francophones s'ouvre, toujours à Niamey, le 16 mars 1970. Les délégués se heurtent d'emblée à un problème posé, à vrai dire, depuis le voyage du général de Gaulle au Canada, en 1967, et déjà soulevé lors des deux sessions annuelles des ministres de l'Éducation nationale des pays francophones, dont la dernière s'est tenue à Nouakchott le mois précédent : celui de la participation du Québec à l'Agence.

Le problème du Québec

Ancien journaliste au Devoir de Montréal, J.-M. Léger passe pour un partisan du Québec libre salué par le général de Gaulle. Le projet de statuts qu'il présente aux délégués apparaît pourtant très proche des vues d'Ottawa : seuls les États peuvent adhérer à l'Agence, alors que Paris entend y faire entrer le gouvernement de la province du Québec sur un pied d'égalité avec l'État fédéral. Une longue querelle s'engage entre Français et Canadiens, aggravée par le budget proposé par J.-M. Léger, nettement supérieur aux possibilités de la France. Comme Ottawa doit en financer 32 %, Paris voit dans les suggestions du secrétaire exécutif une tentative de pénétration canadienne avec la collusion du Niger. Les arguments avancés précédemment en faveur de la création de l'Agence se retournent contre elle à cause de la surenchère d'Ottawa.