La Journée mondiale de la paix (1er janvier 1970) a encore fourni a Paul VI l'occasion de dénoncer « le terrible et croissant péril d'une conflagration mondiale ». Le pape appuie, d'autre part, l'action des clergés locaux contre les tortures policières ; le Comité pour la paix de la commission pontificale Justice et Paix, réuni le 3 mars à Rome, examine et dénonce violemment le dossier des horreurs et génocides perpétrés sur les cinq continents.

Le sort des ouvriers, et plus particulièrement celui des migrants, préoccupe l'Église. Le 17 avril, le pape reçoit en audience les membres de la Commission sociale et sanitaire du Parlement européen et s'élève contre l'exploitation des travailleurs étrangers. Il est symptomatique que la retraite de Carême de la Curie ait été prêchée, en présence du pape, par le P. Loew, prêtre de la Mission ouvrière, l'apôtre des dockers.

Le synode épiscopal (11-28 octobre 1969)

Paul VI annonce au Sacré Collège et à la Curie romaine, le 23 décembre 1968, la convocation, pour le 11 octobre 1969, d'une assemblée extraordinaire du synode des évêques. Son but : « Examiner les formes propres à établir une meilleure coopération et de plus fructueux contacts entre les conférences épiscopales et le Saint-Siège, ainsi qu'entre les conférences elles-mêmes. »

Préparé par deux commissions romaines, le schéma qui servira de base aux travaux des Pères du synode est expédié à toutes les conférences épiscopales. Leurs requêtes et suggestions provoquent une refonte de ce document, publié le 1er septembre 1969. Cette consultation à la base s'inscrit dans le sens de la collégialité, thème du synode.

Trois débats

Le samedi 11 octobre, à 10 heures, les 146 membres du synode se rassemblent pour la première fois sous la présidence du pape, qui concélèbre la messe avec les trois présidents : un évêque africain, un préfet apostolique d'Océanie et un évêque bulgare.

La discussion se déroule en trois phases : un premier débat doctrinal ; un second sur la mise en place de la collégialité dans l'Église ; un dernier débat sur les relations des conférences épiscopales entre elles. La formule de travail est identique pour les trois : présentation du rapporteur, discussion générale, étude par groupes linguistiques d'une vingtaine de membres, séance plénière et vote final. (En fait, l'expérience des groupes linguistiques n'interviendra qu'avec le deuxième débat).

Cette diversité, cette souplesse dans les rencontres, l'attitude du pape, qui laisse aux pères une grande liberté d'expression et se mêle volontiers, mais très simplement et très paternellement, aux groupes, donnent au synode une allure aussi peu guindée, aussi peu romaine que possible — véritable révolution, dont toute la presse se fait l'écho.

– Le débat doctrinal s'appuie sur un rapport du cardinal Seper, une prise de conscience plus forte de la collégialité restaurée par le Concile, une redécouverte du sens de l'Église locale et un déplacement des relations souverain pontife-évêques du plan du juridisme au plan de la charité. Les cardinaux Suenens et Marty n'hésitent pas à critiquer le rapport Seper, trop équivoque à leurs yeux sur les relations entre la primauté papale et la collégialité.

– La mise en place de la collégialité, enjeu du deuxième débat, est fortement éclairée par le rapport du cardinal Marty. Il insiste sur le désir d'un bon nombre de voir se multiplier des contacts personnels plus étroits entre le pape et les conférences épiscopales et s'améliorer les rapports entre les épiscopats et les organismes de la Curie. Au cours de ce débat, le cardinal Suenens propose une association de l'épiscopat à l'élection des papes. L'hypothèse d'un synode permanent gagne du terrain.

Par 125 placet, 5 non placet, 9 placet juxta modum, 4 abstentions, les pères font franchir à l'Église romaine une étape décisive. Désormais, la collégialité a un visage : le synode permanent.

– À la lumière d'un rapport de Mgr Mac Grath (Panama), la discussion sur les relations des conférences épiscopales entre elles évoque tous les moyens possibles pour sortir de l'indifférentisme et de l'individualisme : symposiums internationaux, consultations périodiques entre les conférences épiscopales, communication des ressources en hommes et en argent, etc.

Les prêtres « contestataires » à Rome

Créée à Caire, en juillet 1969, l'Assemblée européenne des prêtres (AEP), groupant plusieurs centaines de prêtres dits contestataires, appartenant à six nations, décide de se réunir à Rome du 10 au 16 octobre. Son but n'est pas de contrer l'action du synode épiscopal, mais de multiplier les contacts avec le pape, les pères, et avec les traditionalistes (Comité international pour la défense de la civilisation chrétienne) venus nombreux à Rome.