Le suisse Ciba a pris le contrôle d'Ilford en Grande-Bretagne (pellicules photographiques). Forte activité internationale donc dans la chimie, secteur toujours très dynamique.

Dans la mécanique, l'allemand Demag a été particulièrement actif. Il a repris en France Spiros (40 millions de francs de chiffre d'affaires), premier constructeur français de compresseurs fixes et mobiles.

Le même Demag, en collaboration avec son associé français Richier, a intégré dans leurs activités matériel de travaux publics celles de l'italien Loro et Parisini.

Dans la sidérurgie, la collaboration entre l'allemand Hoesch et le néerlandais Hoogovens a été consolidée par la décision d'installer une aciérie de 2,5 millions de tonnes à Rotterdam. Hoesch, limité dans ses extensions à Dortmund, fait donc une poussée vers la mer en jouant la carte européenne. Dans le verre, enfin, secteur parachimique, dominent deux entreprises françaises : l'une, BSN, renforce sa collaboration avec les Allemands, tandis que l'autre, Saint-Gobain, s'attaque au marché suédois en prenant 12 % du premier fabricant local de matériaux isolants, Gullhoegen.

Dans le vaste champ de manœuvres européen, les gros ont donc bougé, plus nettement encore que les années précédentes.

Mais au-delà des prises de participation ou des prises de contrôle, on a assisté à de nombreux accords, voire à des pourparlers et des contacts préparatoires à des fusions entre égaux.

Accords au même niveau

Parmi les accords entre égaux, les plus importants ont été réalisés dans l'énergie nucléaire et dans la chimie. Dans le domaine de la construction de piles atomiques, suivant en cela l'exemple des géants allemands AEG et Siemens, qui ont créé en commun la Kraftwerk Union, le suisse Brown-Boveri, le suédois Asea et les britanniques du Nuclear Power Group ont décidé d'unir leurs destins.

D'autres regroupements sont envisagés dans ce domaine d'investissements très lourds et de rentabilité encore incertaine.

Dans la chimie, il faut signaler la collaboration entre Bayer et Rhône-Poulenc dans le secteur, encore restreint, des produits vétérinaires. Plus significatifs encore sont les accords entre Dunlop (Grande-Bretagne) et Pirelli (Italie) dans le pneu. Dunlop et Pirelli restent des holdings indépendants, mais fusionnent leurs installations industrielles. Les usines seront spécialisées par pays et par produit. Le groupe se hisse ainsi au troisième rang mondial et prépare sa contre-attaque contre Michelin, qui règne sur 30 % du marché européen.

Autre accord important entre géants, cette fois dans l'alimentation : Nestlé et Unilever, de loin les principales entreprises européennes du secteur, ont décidé de mettre en commun leurs activités surgelés, très prometteuses sur la plupart des marchés du continent.

Dans l'aéronautique, la collaboration inter-européenne est presque devenue une règle. Parmi les accords de 1969, Fiat-Dassault pour le moyen-courrier Mercure, Fokker (Pays-Bas), Messerschmitt (Allemagne), BAC (Grande-Bretagne) et Fiat pour l'avion de combat européen.

Dans l'aéronautique également, et au-delà de ces accords — qui sont souvent le fait des gouvernements —, pour la première fois depuis la constitution d'Agfa-Gevaert en 1964, deux entreprises de taille comparable ont décidé de créer une société européenne. La néerlandaise Fokker et l'allemande VFW fusionnent dans le cadre d'une société située à Düsseldorf, à mi-chemin entre leurs sièges respectifs. Égalité des parts, égale représentation au conseil d'administration, responsabilités égales. L'exemple est à retenir.

Nul doute que les fusions et accords internationaux ne doivent émailler de plus en plus le paysage économique européen. Que ce soit dans la chimie (Hoechst-Centrale de dynamite), l'acier (Hoesch-Hoogovens), les métaux non ferreux (les français Le Nickel et Penarroya, l'allemand Preussag et l'américain Kaiser Aluminium), la mécanique (Brown-Boveri Asea — General Electric), les liens se renforceront et de nouveaux accords surgiront à une vitesse accélérée. Le défi américain commence à porter ses fruits.