Or, d'après les statistiques de la Sécurité sociale, qui fait chaque année des bilans de santé portant sur 800 000 individus, le test de Nelson (qui est réellement spécifique de cette infection) est positif chez 3 % des Français. Phénomène d'ailleurs mondial : 6 % des sujets sont contaminés aux USA et 8 % en Suède.

Cette flamblée s'explique par une conjonction de facteurs : fermeture des maisons de tolérance et, depuis 1958, suppression du fichier tenu à la Préfecture de police qui obligeait les prostituées à subir régulièrement des examens médicaux, évolution des mœurs chez les jeunes, mais aussi chez les moins jeunes, activité moindre de la pénicilline (de toute façon, une seule injection ne peut guérir — même au stade primaire — comme on l'a cru un moment). Il faut, sans doute, ajouter le rôle prépondérant d'un cycle épidémique chez le tréponème — cycle dont le mécanisme n'est pas connu.

On assiste donc actuellement à la réapparition de formes très extensives, nécrosantes, pustuleuses et ressemblant parfois à l'impétigo. De rarissimes, elles deviennent presque fréquentes. Ou bien encore à des formes graves, parce qu'anciennes, — mais non franches — qui ont évolué à bas bruit pendant dix ou vingt ans et provoquent un accident brutal alors qu'on traite, par exemple, une simple pneumonie. Dans ce cas, les fortes doses de pénicilline administrées provoquent la lyse de la gomme qui s'était lentement formée sur l'aorte (par un phénomène d'allergie retardée au tréponème) et entraînent un anévrisme.

Une cause de stérilité

Beaucoup plus répandue encore, la blennorragie n'est pas dépourvue non plus de conséquences à plus ou moins longue échéance. Le plus souvent indolore chez la femme, elle se manifeste de façon très discrète, donne lieu à une salpingite chronique qui obstrue les trompes et rend stérile. Elle peut également passer inaperçue chez l'homme si elle a été décapitée par des antibiotiques prescrits à l'occasion d'une grippe, d'une angine ou de toute autre maladie bactérienne et provoquer aussi la stérilité.

D'une façon plus générale, les médecins insistent sur le fait qu'il est imprudent pour l'homme de négliger toute infection récidivante de la sphère génito-urinaire due à des germes banaux, car c'est là une cause de stérilité, mieux connue, sinon plus fréquente, et difficilement curable.

Cœur « au plutonium »

Les stimulateurs cardiaques permettent à de nombreux patients atteints de ralentissement du rythme cardiaque d'échapper à la menace d'une syncope mortelle et d'avoir une vie normale. Le risque est celui d'une usure prématurée des piles qui alimentent l'appareil. Implantées sous la peau, elles doivent être remplacées tous les deux ans. Sous la direction du Dr Paul Laurens, une équipe d'ingénieurs a mis au point un stimulateur qui tire son énergie d'une pastille de 150 mg de plutonium 238. Ce stimulateur a une durée de vie supérieure à dix ans. Il a été implanté pour la 1re fois le 27 avril 70 à Broussais par les Dr Laurens et Piwnica.

Greffes du cœur : une pause

Depuis de longs mois, les greffes cardiaques n'occupent plus la première page des journaux. Seuls des congrès médicaux spécialisés ramènent la question à l'ordre du jour. Où en est cette nouvelle thérapeutique qui a durant longtemps passionné l'opinion ? Peut-on, aujourd'hui, faire un bilan des greffes du cœur, ou plus généralement un bilan des greffes ?

Le décès, au mois d'avril, du dernier opéré survivant du professeur Barnard a probablement renforcé la tendance à la pause qui s'observe dans les greffes cardiaques. Bien que des survies de plus d'un an puissent justifier par elles-mêmes une intervention chirurgicale, le faible pourcentage de telles réussites et les conditions d'existence souvent pénibles des survivants ont fait prévaloir le point de vue selon lequel de nouvelles tentatives ne devraient avoir lieu que lorsque aura été complètement maîtrisé le phénomène du rejet.

En outre, le problème se pose de savoir si les causes organiques qui ont détérioré le cœur d'origine n'agissent pas sur l'organe greffé.