Les contrats signés ont adopté le plus souvent la formule du compte courant bloqué. La moins rentable financièrement. Elle permet, en revanche, une information et un contrôle plus réguliers des activités de l'entreprise. La CGT elle-même a multiplié les recommandations en faveur de cette formule, soulignant que l'aspect financier de l'ordonnance est peut-être moins important que le droit de regard sur la gestion qu'elle implique.

9 358 sections syndicales pour 28 000 entreprises

Depuis la loi de décembre 1968, 28 000 entreprises ont l'obligation de reconnaître les sections syndicales ; il en existait 9 358 à la fin de décembre 1969.

– La CGT regroupe 44,2 % des sections, la CFDT 24,5 %, la CGC 10,3 %, FO 10,3 %, la CFTC 4,4 %.

– Par rapport à sa représentativité constatée lors des élections professionnelles, la CFDT obtient un pourcentage de sections particulièrement fort, qui correspond à son effort d'implantation depuis 1968.

– L'implantation relative de la CGT diminue à mesure que la taille de l'entreprise croît, tandis qu'elle augmente, au contraire, régulièrement pour la CFDT.

Panorama des revendications

Un bilan exhaustif des conflits qui ont agité l'année 1969-70 est à peu pris impossible à dresser. La soudaineté, la brièveté, le contenu, l'aspect localisé, la signification des mouvements compliquent à l'excès l'analyse. On a retenu ici les principaux conflits tels que l'opinion a pu les saisir, à travers la grande presse et la presse spécialisée.

Fonction publique

Administration centrale

Grève de l'ensemble des fonctionnaires du ministère de l'Économie et des Finances (accroissement des effectifs), le 28-V-70. Les syndicats relancent l'action le 8-VI-70 ; grève administrative jusqu'au 22-VI-70. Le 18-VI-70, grève de vingt-quatre heures dans les services du Travail et de la Santé.

PTT

Grèves en série tout au long de l'année. Le 23-IX-69, débrayage surprise de 600 postiers, sur 2 000 environ, du centre de Paris XVe, à propos des conditions de travail. À l'appel des syndicats CGT et CFDT, deux arrêts de travail de vingt-quatre heures le 1-X-69 et le 4-XI-69 dans les bureaux-gares et les centres de tri de Paris et de province ; mouvements suivis par 17 % du personnel selon la Direction, par 60 à 90 % selon les syndicats. Arrêt de travail de vingt-quatre heures le 26-I-70 aux chèques postaux de Strasbourg et de Dijon ; le 11-III-70, grève des conducteurs (CGT et FO). Les 17 et 18-III-70 et 27 et 28-III-70, débrayages lancés par tous les syndicats (CGT. CFDT, FO et autonome) pour la réduction du temps de travail. Le 14-V-70, grève des conducteurs postiers parisiens (salaires). Le 25-V-70, grève de vingt-quatre heures des techniciens (reclassement). Grève de vingt-quatre heures dans tous les centres de tri lancée le 28-V-70 par la CGT et la CFDT. Grève des chauffeurs le 23-VI-70, à Paris, et le 25-VI, en province.

Enseignement

Grève d'avertissement le 29-I-70 au ministère de l'Éducation nationale pour l'obtention d'un congé de maladie et de maternité après six mois de présence. Le 9-III-70, grève des professeurs d'éducation physique pour un plan de recrutement. Dans la nuit du 21 au 22-IV-70, occupation par un groupe de professeurs et d'étudiants du Centre universitaire de Vincennes pour protester contre l'exclusion d'une assistante en philosophie de tendance gauchiste.

Le 24-IV-70 dans la zone A et le 27-IV-70 en zone B, grève pour l'augmentation des crédits et du nombre de postes d'enseignants, grève organisée par les quatre fédérations de la FEN (enseignement secondaire, supérieur, professeurs d'éducation physique et des Écoles normales), le SGEN-CFDT et le syndicat CGT des collèges d'enseignement technique. Mouvement suivi à 75 % selon les syndicats, à environ 40 % selon le ministère.

Gardiens de musée

Grève des gardiens des musées nationaux les 29 et 30-III-70 pour la réforme du statut et les rémunérations. Nouvelle grève le 1-IV-70 au musée du Louvre, à Paris, pour protester contre la présence des soldats du contingent pour remplacer les grévistes le dimanche 29.

Trésor

Le 6-XI-69, grève des agents du Trésor (CGT, CFDT, FO et CFTC) contre le déficit de l'emploi. Grève de vingt-quatre heures, le 22-I-70, des mécanographes lancée par les mêmes syndicats. Les 17-18 et 19-III-70, grève des personnels titulaires et contractuels de l'État (CGT, CFDT et FO). Grève du zèle des douaniers lancée par tous les syndicats le 25-V-70. Le mouvement est suspendu le 2-V-70, accord le 11-VI-70 (amélioration des carrières).

AFPA

Le 10-III-70, grève de la presque totalité des centres de formation professionnelle des adultes contre la suppression de 150 postes.

Secteur public

Automobile

Renault : au Mans, série de débrayages les 8 et 20-X-69, à l'appel des syndicats CGT et CFDT, pour la révision de la grille des salaires, puis, le 21-X-69, la grève de l'atelier de traitement totale de l'usine jusqu'au 27-X-69. Grève aux usines de Billancourt le 22-X-69, à l'appel des syndicats, pour les salaires. Arrêt de travail de trois heures au Mans le 4-VI-70.

EDF-GDF

Le conflit débute le 28-X-69 par milliers d'employés devant la Direction générale pour l'ouverture de négociations sur les salaires. Le 19-XI-69, grève de vingt-quatre heures décidée par la CGT seule, puis par la CGT et la CFDT les 25 et 26-XI-69. Cependant, dans la matinée du 26, les deux syndicats décident de revenir à la production normale en raison de la rigueur de la température. Le 10-X-69, une convention est signée par toutes les organisations syndicales, sauf la CGT, qui consulte le personnel le 14-I-70, obtenant 54,53 % des inscrits en sa faveur.

SNCF

Du 10 au 18-IX-69, à partir d'Avignon, arrêts de travail sans préavis des agents de conduite dans de nombreux dépôts, paralysant progressivement l'ensemble du réseau. Toujours pour l'amélioration des conditions de travail, débrayages à Lyon-Guillotière et à Narbonne le 6-XI-69 ; dépôt d'un préavis de grève des syndicats CGT, CFDT et FO à partir du 2-II-70, puis grève surprise (Achères, Montrouge, Avignon, Trappes) et extension, le 18-II-70, sur les réseaux Sud-Est et Ouest. Reprise du travail le 21-II-70 après signature d'un accord par tous les syndicats, sauf la CGT.

CEA

Au Commissariat à l'énergie atomique, à Saclay, l'intervention de la gendarmerie, à la demande de la Direction, pour faire évacuer cinq grévistes de la faim qui protestaient contre le licenciement de trois de leurs collègues gauchistes, provoque une grève de vingt-quatre heures le 26-X-69. Nouvelle grève à l'appel des syndicats CGT, CFDT et FO. le 30-X-69, de 60 % du personnel dans de nombreux centres pour protester contre le licenciement de 92 employées au nettoyage, puis le 6, le 11, le 17 et le 24-XI-69, ainsi que le 3-II-70, toujours contre les licenciements annoncés.

Charbonnages

Grève du 24 au 29-IX-69 de la fosse 4 de Lens pour l'imputation du temps de parcours sur la durée du travail ; le 25-III-70, grève sauvage aux cockeries des houillères de Lorraine, le lendemain de la signature de l'accord sur les salaires entre la Direction et les syndicats (CFTC, FO et CGT). La CGT et la CFDT refusent de signer.