Journal de l'année Édition 1969 1969Éd. 1969

Matières premières

La dévaluation du sterling, fin 1967, avait eu pour effet de raffermir les cours dans la plupart des marchés commerciaux. Les tensions d'ordre monétaire que l'on a connues dans les derniers mois de 1968 ont eu un effet identique : consolidation ou raffermissement des prix pour la plupart des matières premières et produits de base.

Si les ondes de choc du dernier incident monétaire international n'étendent plus leurs effets à la fin du premier semestre 1969, elles auront, au moins, contribué à remettre quelques marchés en selle, tandis que d'autres, comme le caoutchouc, le sucre et le cacao, voient leurs cours terminer largement au-dessus de ceux de l'année précédente.

Métaux

CUIVRE. Dès le début du mois de mai 1968, le prix du disponible à Londres était tombé au-dessous de 500 livres et il alla ainsi en s'effritant jusqu'au creux de la valeur : 432,50 livres, le 2 août. Une reprise s'est alors amorcée. Septembre, qui marque la fin des vacances et la reprise des affaires, a été propice à ce mouvement haussier, sans que celui-ci entraine cependant le cours bien au-delà de 470 livres. On parlait à ce moment de stabilité du prix du métal aux États-Unis, de la reprise du rôle d'exportateurs par les Américains, du désir aussi du Chili de doubler sa capacité de production afin de couvrir de façon adéquate les besoins des consommateurs et de régulariser ainsi le commerce et les prix du métal. En novembre, les tensions d'ordre monétaire ont incité les utilisateurs — comme cela se produit chaque fois que des rumeurs de dévaluation circulent dans le monde — à regarder leurs stocks. Un moment, le cours du cuivre a flotté aux environs de 470 livres. Puis il a eu tendance à se raffermir, pour terminer l'année à 510 livres.

Au début de 1969, des difficultés d'approvisionnement en métal, dues pour une grande part à la grève des dockers de la côte est des États-Unis, ont provoqué une hausse sensible des cours sur le marché international et un relèvement des prix producteurs. La reprise des expéditions de la côte est des États-Unis a provoqué, en février, une certaine détente, qui a fait place, cependant, à une nouvelle hausse des cours, qui ont dépassé le niveau de 600 livres la tonne au comptant sur le marché de Londres. La demande de métal, stimulée par une grande activité industrielle dans les pays occidentaux et par les inquiétudes des utilisateurs devant la détérioration du pouvoir d'achat de la monnaie, demeure élevée et ne rencontre pas une offre équivalente de métal. Les hauts niveaux de prix atteints font craindre aux producteurs une orientation de la demande vers des métaux de remplacement. Au début du second semestre 1969, le Chili nationalisait les filiales Anaconda installées dans le pays.

ÉTAIN. La production a été excédentaire pendant les neuf premiers mois de l'année 1968 et le cours du métal s'est situé à proximité du prix plancher de 1 283 livres fixé par l'accord international. En dépit du maintien des quotas d'exportation à leur niveau antérieur, décidé par le Conseil international de l'étain, les cours se sont inscrits légèrement en baisse à la fin du premier trimestre 1969, tandis que le stock régulateur conservait près de 11 000 t de métal. Une hausse sensible a été déclenchée, au milieu du mois d'avril, par la décision prise par le gouvernement américain d'élever l'objectif de stockage de métal détenu dans ses stocks stratégiques. Les cours sont ainsi passés sur le marché international de 1378 1/2 livres la t longue à 1 413 fin avril, soit à un niveau supérieur au cours minimal requis pour permettre au stock régulateur de revendre son métal sur le marché.

PLOMB ET ZINC. Ces deux métaux ont connu à peu près la même évolution que celle de l'étain. Une longue grève aux mines australiennes de Broken Hill, un bon intérêt chinois et des opérations de soutien effectuées au moment opportun par les producteurs eux-mêmes ont plus ou moins stabilisé les prix de ces deux métaux.

Une certaine pénurie de plomb a continué de se faire sentir à la fin du deuxième trimestre 1969, favorisant à la fois la fermeté des cours sur le marché international et le relèvement de 1/2 cent par livre du prix de vente des producteurs américains. Le niveau atteint à cette époque (116 1/6 livres la t longue) est le plus haut depuis 1965.