En 1967, le mouvement s'accélère, avec la mise en service de quatre parcs : boulevard Malesherbes (935 places), place de la Bourse (550 places), boulevard de Picpus (720 places) et porte d'Orléans (655 places). En 1968 et 1969, six nouveaux parcs ont été ouverts : avenue Foch (1 700 places), rue de Harlay (470 places), porte de la Villette (1 275 places), rue Velpeau (1 000 places), rond-point des Champs-Élysées (590 places), square d'Anvers (530 places).

En outre, quatre parcs privés importants offrent plus de 3 000 places : parc des Galeries Lafayette, parc du Cirque d'hiver, Paris-parking, dans le IVe arrondissement, et Parking-garage de Paris, dans le VIIIe arrondissement. Selon la préfecture de Paris, parcs de stationnement et garages privés de 100 places et plus offrent environ 8 500 places aux automobilistes.

Ces derniers, cependant, utilisent peu ces parkings, dont les tarifs les rebutent souvent. Un sondage réalisé par l'Institut français d'opinion publique (IFOP) à la demande d'un journal du soir (octobre 1968) montre que 5 % seulement des automobilistes parisiens sont des clients réguliers des parkings payants du centre et que 23 % s'y rendent de temps en temps. Principal argument : le prix (ne veulent pas payer : 16 % ; trop cher : 23 % ; trouvent une place gratuite ailleurs : 40 %).

Dans un Paris désert, le 15 août 1968, le préfet de police, Maurice Grimaud, confiait mélancoliquement aux journalistes : « Le parc de la porte d'Orléans est fréquenté à 55 %. C'est une honorable exception au regard de ceux des Invalides, de George-V ou de Malesherbes, qui atteignent à peine 30 % de fréquentation, ou ceux d'Haussmann et de la Bourse, qui restent à 20 %, pour ne rien dire de celui de Picpus, qui bat le triste record de l'absentéisme avec 11 %... ».

De la même façon, 9 conducteurs de banlieue sur 10 n'utilisent jamais les parkings situés aux portes de Paris : « On trouve de la place gratuite ailleurs », répondent 36 % des personnes interrogées par IFOP, tandis que 22 % précisent : « Je gare ma voiture à Paris. »

Dissuader les automobilistes

C'est ce dernier problème, qui, en 1968, est devenu la principale préoccupation des pouvoirs publics, soucieux de décourager le plus possible les automobilistes de se rendre avec leur véhicule dans le centre de la capitale. Or, les parkings font figure d'aimant. Plutôt que de les installer au cœur de la ville, il paraît préférable de les implanter à la périphérie. C'est une politique entièrement nouvelle qui est ainsi lancée.

Jusqu'en 1968, en effet, les nouveaux parkings étaient le plus souvent installés en souterrain dans le centre de la capitale, afin de dégager les artères les plus fréquentées et de faciliter l'accès aux quartiers d'affaires. La nouvelle politique tend, désormais, « à dissuader les automobilistes de circuler intra-muros plus qu'à rechercher à leur usage des facilités de stationnement au centre » (Rapport de Gaston Cusin devant le Conseil économique et social, 6 février 1969).

Inconvénients graves

Des parcs de rabattement pour 500 à 1 000 voitures seront mis à la disposition des usagers qui utilisent une gare proche de leur domicile pour se rendre à Paris. En bordure de la capitale, des parcs de dégagement seront construits, soit en banlieue à l'approche d'un point de saturation des autoroutes, près d'une station ferroviaire, soit sur le boulevard périphérique, au débouché des autoroutes près des stations terminales des métros.

L'objectif est de réaliser ainsi 50 000 places de parking pour 1970, pour un coût de 600 millions de francs, soit l'équivalent de 6 km de métro express ; 70 000 automobilistes de banlieue pourraient alors poursuivre chaque jour leur trajet dans Paris en utilisant un transport public.

L'expérience de villes comme Stockholm et New York a, en effet, révélé les inconvénients graves des parkings centraux : ils provoquent localement des embouteillages aux heures de pointe — c'est ainsi l'exemple du nouveau parking ouvert par les Galeries Lafayette — et, surtout, ils sont extrêmement coûteux en raison de leur construction en souterrain. Une place de parking qui peut ainsi être aménagée au sol dans une fourchette de prix allant de 1 200 à 2 500 F coûte, en étage, 9 000 F et jusqu'à 16 000 F en souterrain.