Les autres récompenses sont les suivantes : 3e prix, Marie-Cécile Milan (France) ; 4e prix, Rodney Smith (Grande-Bretagne).

L'orientalisation

Sous l'impulsion de son nouveau directeur, le professeur Alois Troller, le festival de Lucerne, qui détenait précédemment la palme de la routine et du conservatisme, semble décidé à sortir de sa torpeur. La musique contemporaine y prend une place sensiblement accrue. On y crée un nouveau Magnificat pour soprano, violon et orchestre de Frank Martin ; on y joue des œuvres de Schönberg, de Berg, et même de jeunes musiciens actuels comme le très bel oratorio Soliloquia de Klaus Huber, qui se confirme comme l'une des personnalités dominantes de l'école helvétique la plus récente.

De naissance relativement fraîche, le festival iranien de Chiraz-Persépolis commence à prendre une physionomie personnelle. Lieu de rencontre de l'Orient et de l'Occident, il s'oriente vers une confrontation des deux civilisations musicales. À des ensembles instrumentaux, vocaux et chorégraphiques de la proche et de la lointaine Asie, il oppose des orchestres européens de musique de chambre qui font entendre des œuvres de Stravinsky, Bartok, Schönberg, Berg, Webern, Messiaen, Xenakis, Penderecki, Boucourechliev, etc.

Le rapprochement est intéressant dans la mesure où, depuis un demi-siècle, la musique occidentale subit une sorte d'orientalisation profonde, et où les musiques extra-européennes mettent de plus en plus leurs trésors séculaires au service des moyens d'expression occidentaux. Dans les ruines du palais de Darius le Grand, ou devant la tombe du poète Hafiz, ce genre de confrontation ne manque pas d'allure, de poésie et d'à-propos.

Musique d'avant-garde

Aux semaines musicales d'automne à Berlin, l'événement de l'année est la création du nouvel opéra du compositeur italien Luigi Dallapiccola, Ulysse, ouvrage de grandes dimensions auquel il travaillait depuis plus de dix ans. Auteur du livret comme de la partition, Dallapiccola a tenté une curieuse modernisation du mythe antique, et a notamment abouti à un essai inattendu de christianisation du héros homérique. Sur le plan musical, l'œuvre est extrêmement riche, utilisant avec raffinement les possibilités lyriques de la technique sérielle.

Au dernier festival de la saison, celui de Donaueschingen, traditionnellement consacré à la musique d'avant-garde en ses manifestations les plus récentes, un programme un peu morne et sans grandes révélations a cependant mis en lumière une nouvelle œuvre du compositeur français Gilbert Amy, dont le Chant pour grand orchestre a dominé sans peine l'ensemble des premières auditions.

Les Journées de musique contemporaine de Paris, qui remplacent les moribondes et ternes Semaines musicales internationales de Paris des années précédentes, se déroulent pour la première fois, au début de novembre 1968, sous l'impulsion de Maurice Fleuret, avec l'appui de Marcel Landowski (Affaires culturelles), de Michel Philippot (ORTF), de la Cinémathèque française, et du groupe ARC du musée d'Art moderne de la ville de Paris.

Le festival se compose de quatre journées, dont chacune, matin, après-midi et soir, est entièrement consacrée à un seul compositeur, dont on peut embrasser l'activité dans un panorama d'ensemble.

Les quatre hommes de 1968 sont Edgar Varèse, Luciano Berio, Iannis Xenakis et Pierre Henry (pour lequel est organisé un concert ininterrompu de vingt-six heures, au cours desquelles l'auditoire se renouvelle constamment).

Au sortir de l'hiver 1968-69, la réouverture des festivals s'est faite, non moins traditionnellement, à Royan, où l'on nous présente une cinquantaine d'œuvres récentes, dont douze créations mondiales et treize premières auditions en France. Les créations sont des commandes de la ville de Royan ou des Affaires culturelles.

Enthousiasmes

Ce festival est plus particulièrement axé sur la musique italienne, avec une grande rétrospective de l'œuvre de Luciano Berio, et sur la danse, avec la participation de la Compagnie Maurice Béjart, de la danseuse hindoue Yamini Krishnamurti, et de l'Accademia filarmonica romana.