Certaines émissions tombent dans l'oubli (Lectures pour tous, le Palmarès des chansons, Livre mon ami), d'autres sont officiellement rayées de la grille et leurs producteurs remerciés (Caméra 3*, Zoom*, Bouton rouge*, Seize Millions de jeunes*), tandis que d'autres encore conservent leur formule et leurs producteurs, mais changent de titre (Séance tenante*, d'Eliane Victor, sans Maurice Séveno, devient Régie 4* avec Jacques-Olivier Chattard ; les Écrans de la ville* : Cinéma-critique ; Cinq colonnes à la une : De nos envoyés spéciaux ; Tel quel* : Télescope ; Thèmes et variations* : Cinéma-variations*).

Parmi les journalistes sanctionnés

Robert Chapatte, Joseph Choupin, François de Closets, Roger Couderc, Brigitte Friang, André Harris, François Janin, Philippe Labro, Emmanuel de La Taille, Frédéric Pottecher, Thierry Roland, Alain de Sédouy, Maurice Séveno, Jean-Paul Thomas.

La machine repart

La rentrée se fera dans le calme et sans grand enthousiasme. Les protestations déclenchées dans la presse et au sein des associations de téléspectateurs par le projet d'introduction de la publicité de marques pouvaient laisser penser que sa mise en place, le 1er octobre, ne se ferait pas sans remous. Il n'en est rien. Les deux minutes quotidiennes (1re chaîne seulement) sont portées à quatre en janvier sans que le public semble y prêter attention.

Le directeur général de la Régie française de publicité, Jean-Claude Servan-Schreiber, va même jusqu'à préciser dans une déclaration : « Les sondages indiquent que les Français ont bien accepté la publicité à la télévision. ». Mais les téléspectateurs suivent-ils attentivement ces quelques spots, diffusés immédiatement avant les Actualités télévisées ? Les prochaines études de marché le diront.

Du côté des productions, la machine se remet en marche. On tourne sur tous les plateaux. Il était d'ailleurs grand temps. En novembre, Joël Le Theule (secrétaire d'État à l'Information) avouera, devant l'Assemblée nationale, qu'il ne restait, au milieu de l'été, que quelques centaines d'heures de programmes en réserve, alors qu'il faudrait 2 500 heures pour atteindre 1969.

Joël Le Theule taira pudiquement ce que beaucoup affirment : à savoir que la responsabilité de l'épuisement du stock incombe en majeure partie non pas à la grève de mai-juin, mais au précédent directeur, Émile J. Biasini, qui bloqua complètement la lourde machine pendant plus de six mois, sous prétexte d'en étudier les moindres rouages.

La vraie rentrée se fait avec les jeux Olympiques de Mexico du 12 au 27 octobre. Cette grande manifestation sportive redonne au public le goût de la télévision. Pendant deux semaines, les Français, sportifs ou non, essaient de régler leur emploi du temps en fonction des retransmissions en direct de Mexico. L'enthousiasme est à son comble chez les privilégiés qui peuvent suivre les épreuves en couleurs.

Progrès insuffisant

Un an après son inauguration, la télévision en couleurs semble techniquement tout à fait au point. Sur le plan commercial, elle reste jusque-là un demi-échec. En un an, moins de 20 000 récepteurs avaient été vendus. Le lancement de Annoncez la couleur*, jeu-concours organisé par le Syndicat des constructeurs, n'a eu que de très faibles répercussions sur les ventes.

Ce sont les jeux Olympiques qui ont créé un véritable choc psychologique, auquel s'est ajouté un réel effort sur les prix ; ils oscillent entre 3 000 et 5 500 F, soit, en moyenne, 30 % de moins que lors du lancement.

La différence reste encore très sensible par rapport aux prix pratiqués dans d'autres pays, en Allemagne notamment. En théorie, un appareil équipé pour recevoir le procédé SECAM coûte moins cher qu'un appareil destiné à capter le PAL. En France, le récepteur doit répondre à deux impératifs : il lui faut à la fois fonctionner sur 110 et 220 volts et recevoir 819 et 625 lignes. La taxe sur la vente au détail est de 25 %, alors qu'elle n'atteint pas 11 % outre-Rhin. De plus, les marges bénéficiaires sont plus importantes chez nous. Après le coup de fouet des jeux Olympiques, on comptait plus de 60 000 récepteurs en service en février, chiffre officieux. Il y a progrès, mais insuffisant.