Bridge

Les Italiens champions du monde

Soixante-quatre donnes durant, on a pu se demander s'il n'allait pas y avoir du nouveau sous le soleil de Miami. À la mi-temps de la finale des championnats du monde de bridge (26 mai au 4 juin), les Italiens ne menaient que de trois points contre les États-Unis.

Mais, très vite, les supporters américains durent renoncer à toute illusion. Les six d'Italie, Forquet et Garozzo, Pabis-Ticci et d'Alélio, Belladonna et Avarelli, réagissaient. Ils jouaient plus serré, et l'écart se creusait de façon si considérable qu'en fin de match ils purent de nouveau sacrifier à la fantaisie. Ils changèrent, notamment, leurs habituelles formations. Malgré cela, ils conservèrent 111 points d'avantage : 338 à 227.

Comme il n'y a pas, au bridge, ce rubicon du professionnalisme qui souvent décime d'une année sur l'autre les meilleures équipes de Coupe Davis, comme, de plus, l'apogée d'un bridgeur est beaucoup plus durable que celle d'un tennisman, ce dixième titre consécutif des Italiens sera probablement suivi d'un onzième, d'un douzième et d'autres encore. Il y a un fossé entre leur bridge et celui de leurs challengers.

Un spectacle

Avec l'invention du bridgerama, ces grands tableaux lumineux où l'on peut suivre le déroulement des enchères, puis celui du jeu de la carte en voyant les quatre mains, le bridge est devenu en quelques années un spectacle. Cette année, l'acteur Omar Shariff et le champion du monde Garozzo ont même été les vedettes d'une tournée à travers l'Europe, puis les USA.

À Miami, les organisateurs américains n'ont pas manqué d'offrir un super-spectacle. Un circuit intérieur de télévision donnait aux spectateurs les gros plans des champions.

Les Français

La France, pour la première fois depuis 1963, était qualifiée pour les championnats du monde. Svarc-Boulenger, Pariente-Roudinesco, Stetten-Tintner avaient, en effet, assez facilement enlevé le titre de champions d'Europe, en septembre, à Varsovie, première capitale d'un pays socialiste à organiser une importante manifestation de bridge.

Aux championnats du monde, cette équipe débuta brillamment, mais continua moins bien. Après avoir été en tête à l'issue du premier tour des rencontres éliminatoires, un faux pas contre la Thaïlande, lors du troisième tour, la priva de toute chance d'accéder en finale à la place des Américains.

Le titre européen gagné en 1966, Svarc-Boulenger, Pariente-Roudinesco le défendront à Dublin (8 au 19 septembre 1967). Mais pas Stetten et Tintner. Ils cèdent leur place à Théron et Desrousseaux, la meilleure paire française depuis la demi-retraite de Jais et Trezel. Après une légère éclipse l'an passé, ils ont dominé cette fois l'épreuve de sélection étalée sur six week-ends et disputée en quelque 650 donnes (de janvier à mars).

Le championnat de France par paires consacre souvent une équipe que l'on n'attendait pas : les Poitevins Carcy-Calix, qui l'ont emporté (finale le 15 avril), étaient bien de ceux-là.

Le titre par quatre a été enlevé, comme souvent, par une équipe où ils étaient six : Sussel-Klotz, Stetten-Tintner, Zadouroff-Leclery.

L'Interclub est revenu aux Lillois du Cercle de la paix, pour le compte de qui jouaient Ghestem-Bacherich, Macy-Prouvost et Vandamme-Swiercz. La finale de cette épreuve, disputée le 18 juin, les opposa à l'équipe I du Club Albarran, dont les vedettes sont Jaïs, Théron, Svarc, Boulenger, Gress et Yallouze.

Une nouvelle compétition

En 1967, une nouvelle compétition internationale est née. C'est le championnat du Marché commun. Les joueurs trouvent qu'il s'agit d'un pâle doublon des championnats d'Europe et n'en voient guère l'intérêt. Mais les dirigeants des fédérations concernées ne sont pas de cet avis. Ils ont trouvé là un prétexte à prendre leurs distances par rapport à la Fédération internationale, trop anglo-saxonne à leur goût. Au bridge aussi, les considérations politiques ont leur importance.

Disputé à Ostende (du 17 au 23 avril), ce premier championnat du Marché commun a été enlevé par l'Italie, représentée par son équipe troisième, alors que la France l'était par les champions d'Europe eux-mêmes. Formée de jeunes, cette « équipe 3 » donne à l'Italie l'assurance d'une relève pour son blue-team.