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La presse française

L'évolution de la presse quotidienne de province au cours de l'année a encore accentué la tendance, déjà constatée depuis deux ans environ, à la concentration des entreprises ou au moins à la conclusion d'accords techniques ou publicitaires. Parallèlement, les sociétés de rédacteurs constituées dans la plupart des journaux parisiens et plusieurs grands régionaux ont fait école, et de nouvelles sociétés se sont formées dans divers quotidiens. Tels sont les deux traits marquants de l'année pour la presse française.

La concentration

Les nouveaux accords enregistrés entre quotidiens régionaux, départementaux ou locaux ont intéressé essentiellement les régions du Sud-Est, de l'Ouest et de l'Est.

Le Progrès de Lyon et le Dauphiné libéré (Grenoble) ont mis fin en septembre 1966 à un duel sévère qui les opposait depuis dix ans dans leurs zones de diffusion respectives, ainsi qu'à Saint-Étienne, où le premier contrôle la Tribune, le second ayant absorbé la Dépêche. Conclu pour vingt-cinq ans, l'accord consiste dans la création de deux sociétés pour la mise en commun des quatre imprimeries appartenant aux deux groupes et pour la gestion de leur publicité, désormais couplée. Cette dernière disposition s'étend également au quotidien marseillais le Méridional, contrôlé par le Progrès. Les différentes publications des deux groupes totalisent 1350 000 exemplaires par jour.

Dans l'Ouest, on a enregistré un accord de régie publicitaire entre quatre quotidiens : Ouest-France (Rennes), le Télégramme de Brest, Presse-Océan (Nantes), et l'Éclair (Nantes), représentant un tirage global de 930 000 exemplaires par jour.

D'autre part, la Nouvelle République du Centre-Ouest (Tours) a conclu en avril 1967 une convention concernant la publicité à caractère national avec la République du Centre (Orléans) et le Journal du Centre (Nevers), publications tirant à 430 000 exemplaires.

Dans l'Est, deux accords successifs ont amené :
– l'association en octobre 1966 de l'Est républicain (Nancy) avec les publications du groupe les Dépêches (Dijon) et le Comtois (Besançon). Cet arrangement, conclu en octobre 1966, a été élargi en février 1967 au couplage publicitaire des trois organes et de deux autres quotidiens, le Bien public (Dijon) et la Haute-Marne libérée, soit ensemble une diffusion réelle de plus de 400 000 exemplaires ;
– la coopération publicitaire, à partir de novembre 1966, de cinq quotidiens : l'Alsace (Mulhouse), les Dernières Nouvelles d'Alsace (Strasbourg), le Nouvel Alsacien (Strasbourg), le Républicain Lorrain (Metz) et la Liberté de l'Est (Epinal), représentant ensemble plus de 600 000 exemplaires.

Parmi les rapprochements d'une autre nature, on a relevé que le Provençal (Marseille) et Midi-Libre (Montpellier) ont décidé de cesser de se concurrencer dans le département du Gard, où ils publient désormais une édition commune.

Les sociétés de journalistes

Le phénomène des concentrations n'est d'ailleurs pas propre à la France. On en a eu la preuve avec la disparition aux États-Unis, après un an d'existence, du World Journal Tribune, issu de la fusion de trois quotidiens new-yorkais (New York Herald Tribune, World Telegram, Journal American). À Paris, l'édition continentale du New York Herald Tribune, d'abord maintenue, fusionnait avec le Washington Post, puis avec l'édition internationale du New York Times.

Ces concentrations techniques ont parfois suscité une certaine inquiétude parmi les journalistes des quotidiens intéressés, et même d'autres journaux. On a donc vu se constituer dans plusieurs rédactions des sociétés de journalistes plus ou moins calquées sur celles qui existaient déjà dans quelques quotidiens, notamment au Monde, au Figaro et en province à Ouest-France.

Les nouvelles sociétés sont nées tout naturellement au Progrès de Lyon, au Dauphiné libéré, à l'Alsace — concernés par les concentrations —, mais également dans plusieurs journaux du Nord : la Voix du Nord et Nord-Éclair, et aussi à la station de radio Europe 1.