Le soir, pour se reposer ou aller à ces fondues si populaires, il est de bon ton de s'habiller long : robes de chalet qui s'arrêtent à la cheville, en fin jersey doux, en tricot fantaisie ou en soie artificielle imprimée de grands motifs. Robes de chalet qui deviennent robes d'hôtesse à la ville.

En ville, le soir, pour dîner au restaurant, aller au théâtre, à un cocktail, les femmes s'habillent court. Simple petite robe de ligne fluide, à longues manches, en crêpe de couleur tendre, habillée de paillettes scintillantes ou d'une frange de perles irisées. Une autre tendance s'affirme : la romantique jeune femme en baby-dress de velours noir bordé d'organdi blanc, et la vamp aux épaules nues, le cou enserré d'un collier de paillettes. Ah ! les paillettes, elles scintillent de leurs mille feux, en galon, en frange, mêlées aux perles, au strass, aux plaquettes d'aluminium ou de miroir.

Comme accessoires, on porte peu de bijoux, à part quelques longues boucles d'oreilles ; on raffole, par contre, des montres : montres rondes, carrées ou ovales, toujours à l'ancienne, en argent ou en acier, parfois à chiffres romains, elles s'accompagnent de larges bracelets de cuir coordonnés à la couleur des robes. Folie des bas de toutes sortes : bas à fleurs, en dentelle, à côtes verticales, à losanges ou à maille filet comme ceux des danseuses (8 F à 35 F). On les assortit à la couleur de sa robe et de ses chaussures (total look) ou on les choisit d'un ton tout à fait opposé. Les chaussures, si elles ne sont pas d'argent, restent sages. Abandonnés les vernis tendres de la saison précédente au profit des escarpins ou des mocassins classiques. Les bottes hautes et étroites courent les rues.

Maquillage et coiffures, eux aussi, se remarquent par leur simplicité et leur naturel. Le visage a une couleur nacrée ou un peu rosée. Les yeux, débarrassés des faux cils, sont juste soulignés d'un trait noir. Les lèvres sans rouge contrastent avec les ongles peints de vernis rouge foncé et parfois lie-de-vin. Le gadget de la saison est le blush on, fard compact venu des USA, qui remplace le rouge à joues de nos mères.

Les femmes, le jour, aiment les longs cheveux lisses, brillants et vivants qui les font ressembler à quelque Ophélie. Les belles de nuit tirent leurs cheveux en soyeuses queues de cheval ou en chignon de petites nattes postiches.

Pour homme : le style 1830

Le sexe fort n'est pas oublié. Les hommes deviennent même extrêmement coquets. Si tous ne laissent pas pousser leurs cheveux au fur et à mesure que les robes raccourcissent, ils ont leur mode bien à eux. Le meneur de jeu reste Cardin, surtout après l'ouverture de sa Boutique pour hommes (costumes de 450 F et 800 F prêts à porter ou sur mesure), fin septembre 1966, et de sa Boutique junior. C'est Cardin qui a lancé le style 1830 : costume à pantalon droit et veste longue, cintrée à la taille, largement fendue dans le dos. On lui assortit un gilet croisé à boutonnage asymétrique. Les chemises adoptent de tendres couleurs de rose et de mauve ; les cravates et leurs pochettes coordonnées se parent de fleurs stylisées fuchsia ou jaune vif, d'inspiration indienne. Les pardessus suivent la ligne cintrée.

Cependant, pour le sport et la détente, les tenues masculines gardent un côté moins apprêté : shetlands aux coloris tendres, pantalons de tweed et surtout souplesse du cuir utilisé pour les blousons dits d'aviateur, et qui font fureur.

Une explosion de couleurs pour le printemps et l'été

Printemps-été, c'est une explosion de couleurs ; couleurs fortes qui bannissent les demi-teintes. Rose indien, vert laitue, bleu vif, orange cru, jaune acide fleurissent et deviennent presque phosphorescents. On recherche parfois les alliances explosives.

Les tissus restent dans le style hivernal, mais s'allègent. Les unis connaissent une grande vogue. La ratine, le crêpe, le jersey et la gabardine sont devenus les indispensables classiques d'une bonne garde-robe. Les tissus d'été offrent surtout le contraste de leurs imprimés violents de style exotique (boubou africain, grandes fleurs asiatiques), en opposition à la fraîcheur des satins de coton, des vichys à carreaux, de la toile et du shantung. Face à ces tissus naturels, une myriade de tissus en fibres synthétiques s'imposent, avec plus ou moins de bonheur, sur le marché de la mode des beaux jours.