Pour la région parisienne, l'étude des schémas de structure se poursuit. Deux villes nouvelles, qui sont davantage, d'ailleurs, des cœurs de villes destinés à permettre une restructuration de la région urbanisée avoisinante, sont en germe à Pontoise et Évry. Dans les deux cas, tandis que les travaux des deux préfectures avancent, deux équipes pluridisciplinaires se posent les problèmes de l'agglomération future. Dans les deux cas également, les membres des équipes résident sur place, précédent remarquable appelé à devenir la règle.

La mise en route prioritaire des nouvelles préfectures est à travers la France une mesure générale destinée à favoriser la structuration urbaine. Spécialiste des préfectures dans la région parisienne : J. Folliasson.

Le Paris de demain

Paris demeure le centre de grands projets d'urbanisme, à la fois dans le cadre de la restructuration de la banlieue et de la rénovation du centre.

Un projet spectaculaire a été adopté pour les entrepôts de Bercy, qui seront déplacés et remplacés par un parc de plusieurs hectares et un ensemble d'habitations et de tours de bureaux. La circulation se fera sur trois niveaux, la dalle de béton du niveau supérieur étant réservée aux piétons. Le plan adopté est dû à l'architecte Bernard Zehrfuss, gagnant du concours lancé par la Ville de Paris.

Le destin des Halles a fait l'objet de séances houleuses au conseil municipal, qui a finalement adopté à l'unanimité un projet de programme qui va être mis en concours (23 et 24 décembre 1966). La Ville de Paris comme le ministère des Affaires culturelles luttent pour donner à ce quartier une vocation culturelle. Il est vraisemblable que les pavillons de Baltard seront démolis, malgré leur intérêt pour l'histoire de l'architecture et des techniques.

À Issy-les-Moulineaux, la plaine de Vaugirard est abandonnée par le ministère des Armées et va être transformée en grand centre sportif ouvert à la population et pouvant devenir un lieu de promenade.

Un atelier d'urbanisme de la Ville de Paris a été créé au printemps 1967. Il fera appel à des chercheurs extérieurs pour établir un schéma directeur et des schémas de structure, procédure appelée à remplacer celle des plans directeurs.

Réformes impératives

La révolte a grondé à l'École des beaux-arts, où l'enseignement de l'urbanisme (très récent) demeure régi par des principes esthétiques et où les élèves ne reçoivent aucune formation scientifique ou spécifique à cet égard.

En novembre 1966, un diplôme a été présenté qui, pour la première fois dans l'histoire de l'École, avait été réalisé en équipe par trois élèves (Gruber, Macary et Moles), assistés d'un sociologue et d'un économiste ; il portait sur un programme réel lié à un site réel (il s'agissait d'un secteur du Schéma directeur de la région parisienne), et comportait, outre les dessins et esquisses traditionnellement requis, une maquette, des cartes, des tableaux statistiques concernant les données géographiques, économiques, démographiques, et des photographies.

C'était la première fois qu'un jury de l'École des beaux-arts devait juger des éléments écrits. Après une réaction de stupeur, le jury a décerné à l'équipe Gruber, Macary, Moles sa plus haute récompense, le prix Guadet.

En janvier 1967, le même principe a été repris par les élèves du groupe III, certaines équipes allant jusqu'à ne présenter que des éléments d'analyse socio-économiques, sans aucun dessin. Cette fois, la discorde était introduite parmi les membres du jury.

Il apparaît évident qu'une réforme radicale des études d'architecture et d'urbanisme va avoir lieu à plus ou moins brève échéance. La première réunion de la commission des programmes de l'enseignement de l'architecture s'est tenue le 4 mars.

À l'étranger

L'urbanisme souterrain et la superposition de niveaux de circulation spécialisés correspondant aux divers types de locomotion et de véhicules s'imposent de plus en plus dans toutes les opérations d'envergure, qu'il s'agisse de rénovation ou de création ex nihilo. On obtient ainsi des ensembles monolithiques de béton qui évoquent des machines géantes.

Philadelphie

La rénovation du centre de la ville se poursuit sur cinq niveaux. Métro et transports en commun se situent au niveau inférieur. Sous le niveau réservé à la circulation automobile en surface se déploie le secteur commercial couvert, exclusivement destiné aux piétons. Les parcs d'automobiles sont sous terre.

Montréal

L'aménagement souterrain du centre-ville est terminé : sur quatre niveaux à la place Ville-Marie et sur cinq niveaux à la place du Canada. Au-dessus du nouveau métro (inauguré en octobre 1966), les promenades pour piétons, avec de nombreuses boutiques, sont devenues un lieu particulièrement animé (elles s'étendent sur 9 km). En surface, une architecture de gratte-ciel très variée qui met en valeur l'unité de la conception urbanistique.

Cumbernauld (Écosse)

Le centre monolithique qui groupe toutes les fonctions collectives s'achève, faisant un contraste absolu avec les habitations égayées à l'entour dans la verdure. Ici encore : dalles de béton interposées, classement des circulations, isolement du piéton, boutiques dans des passages couverts.

Toronto

Parmi les réalisations monumentales du style international, il faut signaler l'achèvement de l'Eaton Center, composé autour de l'hôtel de ville de l'architecte finlandais Viljo Revell.

Laboratoire d'urbanisme

Le problème des universités continue de constituer une sorte de laboratoire privilégié de l'urbanisme, en raison de leur petite échelle. Parmi les expériences les plus intéressantes au niveau de l'étude des circuits de circulation, du mélange d'activités habituellement séparées et de la mise au point de secteurs polyvalents, on citera :
– la mise en chantier de nouvelles facultés à travers la France (de Nice à Orléans), qui a donné naissance au concept de nouvelle ville universitaire : solution qui, à l'encontre du traditionnel campus américain, serait au contraire un moyen de donner vocation et vie à des villes nouvelles où les fonctions d'enseignement et de logement des étudiants seraient intégrées aux fonctions d'habitat, de commerce et de culture. Dans cette perspective, un concours d'idées a été lancé pour la nouvelle ville de Villetaneuse ;
– l'université de Berlin, de Candilis, Josic et Woods (remarquable par son refus de composition et par ses trois axes de voies parallèles couverts, son a-centrisme) ;
– l'université de Scarborough (Canada), qui présente une unité de structure comparable à celle du cœur de Cumbernauld, par exemple (architecte coordinateur : John Andrews).

Les grands projets

Pour New York, la New York City Planning Commission a publié un plan proposant la reconquête sur la mer des bassins tout autour de la pointe sud de Manhattan. Des immeubles résidentiels et des jardins seraient aménagés en surface, métro et autoroute périphérique en souterrain.

Expositions

Deux expositions parallèles (The New City et Du Paris des projets au Paris des chantiers) se sont tenues respectivement au Museum of Modem Art de New York et au Grand Palais à Paris. Dans les deux cas, il s'agissait non seulement de sensibiliser le grand public à l'importance des opérations en cours dans les deux capitales, mais surtout de le familiariser avec la prospective et de lui révéler la dimension économique de l'urbanisme. Ainsi, au Grand Palais, chaque maquette était assortie de renseignements concernant le coût global de l'opération, son mode de financement et la part respective des divers organismes financiers.