Les unités modulaires en béton sont moulées au sol, puis entièrement équipées (montures comprises) en usine. Leur assemblage sur le chantier a été réalisé par des méthodes nouvelles. Elles sont reliées entre elles par tension et constituent la structure de l'édifice de 22 étages.

354 unités modulées forment 158 logements de 15 types possédant chacun une terrasse-jardin.

Un programme tertiaire a été intégré à l'ensemble des logements. La circulation piéton-automobile (celle-ci au sol et liée aux parkings) est dissociée : les rues pour piétons, en élévation, desservent librement les volumes tous les quatre niveaux et sont protégées par une couverture translucide. Moshe Safdie et David, Barott, Boulva architectes ; Komendant, ingénieur, pour la structure.

Bulle et couleurs

Le pavillon des États-Unis abrite de la même façon vingt étages d'exposition reliés entre eux par des ponts et des escaliers roulants. Mais la couverture se présente cette fois non plus comme une tente, mais comme une bulle cristalline : Buckminster Fuller a conçu pour l'occasion son plus grand dôme géodésique. Sur le réseau métallique est tendue une peau en matière plastique translucide, teintée. Et cette peau accomplit une véritable fonction de respiration, à chaque instant, à l'aide de brise-soleil et de conduits de ventilation, la lumière et la température sont réglées à l'intérieur du dôme.

Au pavillon français, l'élément intéressant se situe à l'intérieur, dans l'espèce de puits qui traverse en son centre la composition de J. Faugeron. C'est là que le compositeur-architecte Iannis Xenakis (auteur à l'exposition de Bruxelles du pavillon Philips) a situé le spectacle audio-visuel qui lui a été commandé par l'État. Cinq nappes de câbles d'acier s'entrelacent pour former une sculpture géante, théâtre à heures fixes d'une fête lumineuse. Les 250 câbles métalliques portent 1 200 points lumineux dont l'ordre d'illumination et de coloration est programmé par un film qui impressionne 1 200 cellules électriques, et lié au déroulement d'une partition musicale écrite pour la circonstance.

Parmi les réalisations de l'année, on ne peut ici que retenir un choix, forcément arbitraire. Pour les logements collectifs les deux tours de 16 étages du Hilliard Center, par Bertrand Goldberg (ancien élève de Mies au Bauhaus), sont une digne suite de Marina City (par le même architecte) et ajoutent une nouvelle note d'étrangeté dans le ciel de Chicago.

Les réalisations 66

Dans la monotonie de la banlieue parisienne, les tours de Vigneux, par le regretté Raymond Lopez, apportent la note la plus insolite depuis les Courtillères d'Émile Aillaud à Pantin. Mais le succès des tours n'empêche pas la prolifération des barres. Après celle de Maine-Montparnasse, qui casse l'horizon parisien, l'année a vu l'achèvement de deux barres à logements géantes, l'une, par Dubuisson, à Villeneuve-la-Garenne (450 mètres sur 10 étages), l'autre à Nancy, par B. Zehrfuss, qui rompt irrémédiablement l'harmonie du site historique ; seul intérêt apparent, l'économie à la construction.

Dans le domaine des édifices industriels ou de bureaux, notons :
– la tour Nobel, par de Mailly, dans le secteur de la Défense, un des premiers édifices français de bureaux qui s'aligne sur les standards internationaux. Il est remarquable par sa finition et l'élégance de ses proportions (c'est le premier immeuble parisien de cette hauteur entièrement conditionné et dont les parois vitrées, dépourvues d'huisseries, ne peuvent s'ouvrir).
– le centre de recherche de la CSF, par Dubuisson, à Roquencourt, dans un vaste parc, qui est un prototype d'architecture industrielle verte, dans le style international.
– l'immeuble de la presse Jamanashi, à Kofu, par Kenzo Tange : les étages sont suspendus à six tours rondes asymétriques entre lesquelles l'architecte a joué à ménager des vides spectaculaires.

En France, le nouveau musée des Arts et Traditions populaires, en cours depuis dix ans dans le bois de Boulogne, s'achève enfin, grâce à une dernière tranche de crédits. Il est le fruit d'une collaboration intime entre son architecte, Dubuisson, et son conservateur, G. H. Rivière. Les circuits intérieurs du musée ont été étudiés par Claude Lévi-Strauss.