Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

Orléans (suite)

La batellerie et l’entrepôt ruinés au milieu du xixe s. par la continuité du rail, Orléans a gardé dans l’économie moderne des transports une position forte. « Clé » de la desserte ferroviaire de tout le Sud-Ouest, elle contrôle par sa gare des Aubrais (embranchement et triage) le tronc le plus chargé de la S. N. C. F. (de 150 à 200 trains quotidiennement). Sur elle s’appuie un carrefour routier de douze nationales (R. N. 20 Paris-Toulouse, R. N. 152 Briare-Angers), renforcé depuis 1973 par le passage de l’autoroute A 10 Paris-Poitiers. La permanence, sur deux millénaires, du grand itinéraire de transit Paris-Espagne par Orléans, Tours et Bordeaux illustre, dans la conformation générale des pays de la Loire, une puissance d’appel qui ne s’est jamais démentie. L’ouverture, sur 18 km au nord d’Orléans, d’une ligne expérimentale d’un moyen de locomotion nouveau, l’Aérotrain*, ajoute encore, par son choix délibéré, à la reconnaissance d’avantages insignes de tout temps éprouvés.

Y. B.


L’histoire

L’antique Genabum, capitale des Gaulois Carnutes qui se soulevèrent contre Jules César en 52 av. J.-C., devint le centre de la Civitas Aurelianorum. Siège d’un évêché au ive s., elle dut son salut en 451 à son évêque saint Aignan, qui la défendit contre les Huns d’Attila.

Clovis s’en empara en 498 et y tint la première assemblée de l’Église de Gaule (511). Capitale d’un petit royaume franc aux vie et viie s., Orléans fut atteinte par les invasions normandes à la fin du ixe s.

Chef-lieu d’un comté sous les Carolingiens, elle passa ensuite en fief aux Capétiens, qui montèrent sur le trône en 987. Au Moyen Âge, sa faculté de droit et son université (créée en 1305-1312) étaient célèbres. Durant la guerre de Cent Ans, Orléans, devenue duché-pairie en 1344 et où le duc Louis avait été assassiné en 1407 par les Bourguignons, prit parti pour les Armagnacs et subit les attaques de l’envahisseur anglais. En octobre 1428, l’armée anglaise commença le siège de la ville, qui fut délivrée grâce à Jeanne* d’Arc le 8 mai 1429.

En 1560, après la mort de François II, Catherine* de Médicis convoqua les états généraux à Orléans et s’y fit donner les pleins pouvoirs pour toute la durée de la minorité du jeune Charles IX. Durant les guerres de Religion, la ville devint en 1562 le quartier général des protestants. Le duc François Ier de Guise, qui vint l’assiéger avec l’armée catholique, y fut assassiné sous ses murs par un gentilhomme huguenot, Poltrot de Méré, en février 1563. Les massacres de la Saint-Barthélemy le 24 août 1572 y furent particulièrement meurtriers. Place de sûreté de la Ligue catholique sous Henri III, la ville se rendit à Henri IV en 1594.

Au cours de la guerre franco-allemande* de 1870, elle fut le centre stratégique de la Ire armée de la Loire, commandée par le général d’Aurelle de Paladines, qui tentait de délivrer Paris, assiégé par les Prussiens. Après des succès initiaux (bataille de Coulmiers du 9 novembre), les Allemands durent l’évacuer, mais, les troupes de Paris n’ayant pu faire leur jonction avec l’armée de la Loire, le prince Frédéric-Charles la reprit au début de décembre 1870.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, Orléans subit des destructions considérables.

P. R.


Les fonctions

Épaulée par une forte infrastructure d’échanges, l’économie repose sur un appareil tertiaire prépondérant. Sur un total de 74 000 actifs que comptait l’agglomération en 1968, 40 000, soit 54 p. 100, lui appartenaient, auxquels il convient d’ajouter les 4 000 actifs (5 p. 100) d’un secteur primaire étroitement complémentaire. Orléans se livre à une riche production de banlieue, hautement spécialisée (primeurs maraîchers et de plein champ [salades, carottes, petits pois, haricots verts], fruits [poires, cerises, pommes]), dont un marché-gare d’intérêt national (Saran) régularise les cours. Son horticulture (roseraies d’Orléans et d’Olivet [le quart de la production française]) et ses produits de pépinière sont réputés dans le monde entier. Sa position, au contact de quatre régions naturelles aux aptitudes bien caractérisées (Val, aux cultures délicates ; Beauce fromentale ; Sologne herbagère et cynégétique ; forêt d’Orléans, bordée d’une petite polyculture fondée sur l’élevage laitier, la vigne et l’asperge), élargit sa fréquentation marchande à un rayon de 40 à 50 km. Centre de redistribution, Orléans a des halles actives, des commerces de gros (charbon, carburants, matériels et produits pour l’agriculture, quincaillerie), des magasins généraux, un entrepôt de douanes intérieures, dix « grandes surfaces » de détail (elle est arrivée à saturation), une grande maison de vente par correspondance. Elle organise chaque année des manifestations commerciales, une foire-exposition, fidèlement suivie. Si, à un peu plus d’une heure seulement de Paris et éprouvée par les guerres, depuis celles de Religion jusqu’à celle de 1939-1945, elle n’offre au tourisme qu’un accueil hôtelier et des valeurs d’art assez minces (à l’exception de sa belle cathédrale Sainte-Croix et de quelques hôtels Renaissance et musées), elle sait attirer le 8 mai des foules qui commémorent sa libération de 1429 et son héroïne Jeanne d’Arc. Son audience s’exprime encore par une forte emprise terrienne de sa bourgeoisie aisée en Beauce et en Sologne, par l’activité de nombreuses agences immobilières et la diffusion d’un quotidien régional. Sa promotion administrative en 1960 à la tête de la Région Centre, liée à la présence de plusieurs instances antérieures (Économie, Équipement, Eaux et Forêts, cour d’appel, I. N. S. E. E., centre hospitalier régional), a notablement accru ses emplois de services, attiré à elle des transferts parisiens (chèques postaux, banque). Dotée depuis quinze ans d’établissements d’enseignement supérieur et de recherche (C. N. R. S., Bureau de recherches géologiques et minières [B. R. G. M.]), la ville possède depuis 1962 une académie et depuis 1970 une université nouvelle (campus de la Source ; 550 ha).