Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Ontario (suite)

La forêt boréale transcontinentale occupe le nord de la province. Les espèces caractéristiques sont l’épinette noire, le sapin baumier, le bouleau blanc et le tremble, les deux dernières surtout au premier stade de la forêt secondaire après coupe ou incendie. Certaines associations comprennent en outre l’épinette blanche, le mélèze, des pins (rouges, blancs ou gris), le thuya. Sur sa frange sud, la forêt boréale incorpore des feuillus de la forêt mixte : érable à sucre, bouleau jaune. Au nord, elle passe à la forêt ouverte subarctique, puis à la toundra boisée (hémiarctique), mosaïque d’espaces nus ou couverts de lichens sur les hauteurs et de parties boisées sur les rives des lacs et des cours d’eau. Affleurements rocheux mis à part, la faible épaisseur de la moraine, les conditions climatiques et hydrologiques ainsi que les litières acides donnent naissance à des podzols, à de la tourbe et à des rankers.


La population

L’Ontario actuel fit partie de la Nouvelle-France jusqu’en 1763 : les missionnaires et commerçants utilisaient la route des Grands Lacs vers l’intérieur du continent, laissant ici et là des toponymes français, tandis que les militaires érigeaient des forts, dont plusieurs marquent l’emplacement de villes actuelles (Toronto, Kingston par exemple). Ce n’est qu’une vingtaine d’années après la conquête britannique qu’arrivèrent les premiers colons anglo-saxons du Haut-Canada ; il s’agissait alors de Loyalistes fuyant les États-Unis. Au début du xixe s., ceux-ci furent relayés dans le courant d’immigration qui s’établit vers le futur Ontario par d’autres Américains et des Allemands. On constate ensuite divers mouvements de sens opposés, une émigration de l’Ontario vers le Midwest en même temps qu’une émigration des États-Unis vers cette province, ainsi que des départs d’Américains précédemment entrés en Ontario. Le courant constant d’immigrants irlandais fut particulièrement important à la suite des famines de 1816 et surtout de 1846. À diverses reprises au xixe s., des colons et plus encore des commerçants et des entrepreneurs écossais entrèrent en Ontario. À partir de 1870-1880, le Québec fournit des contingents de Canadiens français dans l’est de l’Ontario méridional, puis dans le district minier de Sudbury, enfin dans les Clay Belts avec l’arrivée du chemin de fer. Les régions minières et les exploitations forestières attirèrent aussi des Slaves, des Allemands et des Scandinaves. La population de l’Ontario apparaît ainsi comme une mosaïque ethnique dont l’assimilation n’est pas complète, puisque l’on ne compte que 77,5 p. 100 d’anglophones (6,3 p. 100 de francophones).

L’immigration continue, ralentie seulement lors du peuplement des Prairies, et un fort accroissement naturel font passer la population de la province de 950 000 habitants en 1851 à 1 900 000 en 1881, à 3 432 000 en 1931, à 6 236 000 en 1961 et à 7 703 000 en 1971.

La population est très inégalement répartie ; les neuf dixièmes sont groupés sur moins d’un dixième de la superficie de la province, dans la péninsule comprise entre la baie Géorgienne et les lacs Huron, Érié et Ontario ainsi que dans l’interfluve Saint-Laurent-Outaouais inférieur, c’est-à-dire dans la région sédimentaire au sud du Bouclier.


L’industrie

C’est l’activité économique la plus importante de la province ; elle emploie 27 p. 100 de la population active (transports, 8 p. 100 ; commerce et finance, 20 p. 100 ; services, 20 p. 100). Elle contribue pour 51 p. 100 à la valeur des produits manufacturés au Canada et occupe 48 p. 100 de la main-d’œuvre industrielle du pays.

L’Ontario tient la première place dans un grand nombre de branches industrielles : sidérurgie primaire, construction des machines agricoles, construction automobile, construction électrique, élaboration des produits en métal, industries chimiques (caoutchouc et textiles synthétiques), certaines industries alimentaires (conserverie des fruits et légumes, minoterie, abattage et conditionnement de la viande, beurre et fromage), impression-édition. Pour la métallurgie des non-ferreux, sauf celle de l’aluminium, pour la capacité de raffinage du pétrole et la construction aéronautique, l’Ontario est à peu près à égalité avec l’autre province industrielle, le Québec, et cède la place à celle-ci pour les industries du bois (pâte à papier et papier, scierie), la métallurgie de l’aluminium, la construction navale, celle du matériel ferroviaire, la filature et le tissage du coton, la confection et les industries du tabac. La valeur des produits manufacturés en Ontario s’élève à 24 milliards de dollars (13 au Québec).

Pauvre en matières premières et ne tirant l’énergie hydraulique que de petits cours d’eau, l’industrie ontarienne du xixe s. bénéficia, en revanche, du voisinage des États-Unis. Par les Lacs et le canal Welland arrivaient à bon compte le minerai de fer du lac Supérieur et, par rail ou rail et eau, le charbon appalachien. Les Américains créèrent des usines en Ontario ou investirent dans les industries ontariennes, qui passèrent du stade artisanal à celui de la grande manufacture. Il ne faut, cependant, pas oublier le rôle de pionniers ontariens, comme D. Massey et Harris (machines agricoles) ou McLaughlin (automobile).

Au xxe s., des facteurs nouveaux favorisent le développement industriel ; le marché intérieur s’accroît, et l’insuffisance des ressources énergétiques est corrigée par la construction de centrales thermiques, par l’équipement hydro-électrique du Niagara (40 p. 100 de l’électricité produite par la province), du Saint-Laurent (section des rapides internationaux) et de l’Outaouais (Ontario-Hydro et Hydro-Québec se partagent la production) ; depuis une quinzaine d’années, l’Ontario reçoit les hydrocarbures de l’ouest par oléoducs et gazoducs. Enfin, l’intégration de l’industrie ontarienne à celle des États-Unis dans certains secteurs (machines agricoles, automobile) permet la spécialisation des productions tout en épargnant à l’économie canadienne le coût des recherches.

Presque toutes les industries sont rassemblées dans l’Ontario méridional, à proximité des Grands Lacs et du Saint-Laurent. L’ancienneté relative de Toronto, sa fonction de capitale, sa situation au centre du réseau de transport et ses relations avec les États-Unis font de l’agglomération torontoise la principale région industrielle d’Ontario.