Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

Ontario

Province du Canada ; 1 068 582 km2 ; 7 703 000 hab. Capit. Toronto*.



Le milieu

Morphologiquement, l’Ontario se divise en trois régions : un large fragment du Bouclier canadien au centre, les basses terres de la baie d’Hudson au nord et une partie des basses terres du Saint-Laurent et des Grands Lacs au sud, cette dernière région étant la moins étendue des trois. Le Bouclier est constitué principalement de gneiss granitisés et de granites d’âge archéen ; dans l’ensemble, il est basculé vers le nord ; aussi, la plupart des cours d’eau s’écoulent-ils vers la baie d’Hudson ; une zone de soulèvement structural, responsable des « rapides internationaux » du Saint-Laurent, le relie au massif précambrien des Adirondacks (État de New York).

Les sédiments primaires (de l’Ordovicien au Dévonien) des basses terres de la baie d’Hudson plongent vers deux cuvettes structurales (entre Hearst et Moosonee ; près du centre de la baie). Symétriquement, les sédiments, de même âge, des basses terres laurentiennes s’inclinent vers le centre du bassin du Michigan (entre Michigan et Huron). Cette structure donne un relief de cuestas, dont la plus remarquable est celle du Niagara, que l’on suit depuis les célèbres chutes jusqu’à l’île Manitoulin. Cette cuesta est coupée de percées qui ont joué un certain rôle dans l’histoire du peuplement.

Les glaciers ont exercé un effet de raclage et créé de nombreuses contre-pentes, origine des lacs actuels. De grands lacs postglaciaires ont laissé des dépôts argileux et sableux dans les Clay Belts. Les moraines de fond qui voilent les basses terres de la baie d’Hudson ont été recouvertes à leur tour par les mers postglaciaires, qui, en se retirant, ont abandonné une série de cordons littoraux ; retardant l’organisation du drainage, ceux-ci favorisent le développement des tourbières.

Le nord des basses terres laurentiennes a été, lui aussi, raclé : le calcaire perce sous un faible voile morainique. Ailleurs, les moraines, parfois enrichies en calcaire du substrat, empâtent les cuestas, les plaines et plateaux intermédiaires. On observe ici et là des champs de drumlins. Les lobes finiglaciaires situés à l’emplacement des Grands Lacs ont déposé des crêtes morainiques arquées ; entre celles-ci et le littoral actuel, des plaines d’argile, parfois interrompues par des deltas sableux, ont été formées par des lacs postglaciaires plus étendus que les Grands Lacs d’aujourd’hui.

Le climat est de type continental ; mais il présente une certaine diversité par suite de l’extension de la province en latitude (de 41° 45′ à 57°), des différences locales d’altitude, de la situation des diverses régions vis-à-vis des Grands Lacs, qui jouent le rôle de régulateur thermique, ou de la baie d’Hudson, dont l’influence modératrice est, au contraire, très limitée. L’accroissement de la rigueur de l’hiver du sud au nord s’exprime dans les moyennes de température (en janvier, – 3 °C à Saint Catharines, – 5 °C à London, – 11 °C à Ottawa, – 18,5 °C à Kapuskasing, – 23 °C à Trout Lake, de – 25 à – 23 °C sur la côte de la baie d’Hudson) et dans les températures minimales moyennes (en janvier, – 7 °C à Saint Catharines, – 9 °C à London, – 16 °C à Ottawa, – 25 °C à Kapuskasing). C’est à l’influence combinée de la latitude et des Grands Lacs que le Sud-Ouest et la péninsule de Niagara doivent leurs hivers relativement modérés ; de même, les rivages des lacs Supérieur et Huron ont un hiver moins froid que celui des régions intérieures à latitude égale. La chaleur de l’été est tempérée par le voisinage des Grands Lacs ou par la latitude (moyenne de juillet : de 20,5 à 21,5 °C à London, à Saint Catharines et à Ottawa, de 17 à 17,5 °C à Fort William et à Kapuskasing, 16 °C à Trout Lake, de 12 à 13 °C sur la côte de la baie d’Hudson). Les précipitations, régulièrement réparties sur toute l’année avec un léger maximum d’été, diminuent vers le nord ; 955 mm à London, 700 mm à Kapuskasing, 400 mm sur la côte de la baie d’Hudson ; la part de la neige augmente au contraire vers le nord, passant d’un sixième du total des précipitations au sud à un tiers au nord. Aux vents attiédis et chargés de vapeur d’eau par les Grands Lacs, le fond de la baie Géorgienne et le versant ouest de l’Algonquin Park doivent un total de neige fraîche de l’ordre de 3 m, ce qui en fait une des régions les plus enneigées de l’est du Canada, après le sud-est du Labrador et les Laurentides de Québec.

La zonation de la végétation et des sols est calquée sur celle du climat. Dans les régions riveraines des lacs Érié et Ontario ainsi que du lobe méridional du lac Huron domine la forêt de feuillus dite « du Niagara », partie de la grande forêt caducifoliée nord-américaine. Le hêtre et l’érable à sucre constituent les espèces caractéristiques d’associations qui comprennent, en proportion variable, des chênes, des tilleuls, des noyers, des platanes, des ormes et des espèces méridionales, comme le tulipier, le magnolia et le châtaignier. Quelques peuplements de pin blanc ont survécu à l’exploitation forestière sur les sables morainiques et lacustres. Dans les dépressions mal drainées, l’acidité crée un environnement favorable au maintien de la forêt de conifères postglaciaire. Le climat tempéré, la végétation de feuillus et la moraine de fond enrichie en calcaire donnent des sols propices à l’agriculture, de types podzoliques gris-brun et gris foncé.

Entre cette formation de feuillus et la limite du Bouclier s’étend une forêt mixte. Aux espèces caractéristiques précédentes s’adjoignent, selon les conditions topographiques et hydrologiques, des pins, le sapin baumier, l’épinette noire (Picea mariana) et les tsugas. À part les podzols sur les matériaux à texture grossière, les sols sont encore de type podzolique gris-brun et brun forestier.

Sur le Bouclier, au sud d’une ligne lac Témiscamingue-Sault-Sainte-Marie, à l’est, et Fort William-lac des Bois, à l’ouest, la forêt mixte s’enrichit en espèces de la forêt boréale : épinettes noire et blanche (épicéas marial et blanc), sapin baumier, tremble, bouleau blanc, avec des pins sur les terrains sableux et des mélèzes et des thuyas dans les cuvettes. Dans ces conditions se forment des sols podzoliques bruns, des podzols ou de la tourbe.