Ombellales (suite)
La tribu des Apioïdées renferme la majorité des genres de cette famille. C’est dans ce groupe que se placent les Ombellifères utiles, parmi lesquelles il faut citer la Carotte (Daucus, 100 espèces surtout méditerranéennes, 7 espèces spontanées en France) ; une espèce, Daucus carota, possède un très grand nombre de cultivars. Ce ne fut qu’à partir du xiiie s. qu’elle fut vraiment employée comme plante potagère ; les diverses variétés sont groupées suivant la longueur de leur racine tubérisée (courtes, demi-longues et longues) ; la culture la plus importante est celle des demi-longues, qui se fait surtout dans les régions de la Loire-Atlantique et du département de la Manche. L’Angélique (50 espèces), originaire de l’hémisphère Nord, mais répandue également en Nouvelle-Zélande (3 espèces en France), sert (tiges et pétioles) en confiserie principalement ; les racines sont également consommées crues ou cuites dans certains pays ; les fruits entrent dans la fabrication d’une liqueur stimulante (ratafia d’Angélique) ; ces plantes contiennent de nombreux tanins, essences et coumarines.
Le Fenouil (3 espèces dans la région méditerranéenne) est très cultivé en Italie ; c’est avec les Médicis qu’il fit son entrée en France comme légume (bases des pétioles charnus prenant un aspect globuleux, les « pommes »). Les extrémités des feuilles servent parfois de condiment. Dans les Apium (Céleri, 1 espèce en France), on distingue les variétés dites « à côtes » et les « céleris-raves », dont la sélection a porté sur la grosseur des racines ; ils sont cultivés depuis le xvie s. Cette plante, spontanée dans la région méditerranéenne, servait dans l’Antiquité comme plante funéraire chez les Grecs et les Romains. Une espèce du genre Pimpinella (200 espèces cosmopolites) vivant en Orient fournit l’anis vert qui sert dans la confection d’infusions, de liqueurs et de condiments. Le Persil, le Cerfeuil, le Cumin, le Coriandre sont des plantes de la région méditerranéenne qui sont très employées comme condiments, soit pour les feuilles (Persil, Cerfeuil, connus depuis la plus haute antiquité), soit pour les graines (Cumin, Coriandre).
Parmi les Ombellifères, certaines sécrètent des substances très toxiques, en particulier les Ciguës. La petite Ciguë, qui vit spontanément dans les jardins, peut être confondue avec le Persil ; aussi est-il recommandé de ne cueillir que les feuilles « frisées », qui correspondent à une variété de Persil ; ces deux espèces se distinguent aussi à cause de l’odeur désagréable des feuilles de petite Ciguë quand elles sont froissées, par ses fleurs blanches (vertes chez les Persils) et par ses taches brunâtres à la base des tiges. La grande Ciguë, plante de près de deux mètres de haut, contient des alcaloïdes très toxiques, et l’histoire rapporte que c’était le suc de cette plante qui servait à la peine capitale à Athènes dans l’Antiquité, probablement d’ailleurs mélangé à de l’opium (mort de Socrate). Beaucoup d’autres plantes seraient à citer, telles que les Chœrophyllum, les Scandix, ces derniers remarquables par la longueur du fruit de certaines espèces, les Buplèvres, dont quelques espèces sont à feuilles entières, l’une d’elles étant arbustive, les Œnanthes, plantes très souvent des marécages et vénéneuses, les Peucedanum, dont les restes fossiles sont connus depuis le Pliocène ; les Crithmum, plantes du bord de la mer, vivant principalement dans les fissures des rochers (Perce-Pierre) et dont la dissémination des graines peut se faire par l’eau de mer, les Heracleum (Berce), les Laserpitium, Thapsia, etc.
J.-M. T. et F. T.
