Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Oiseaux (suite)

Évolution

Il est hautement probable que les premiers Oiseaux ne pouvaient faire davantage que des « glissades » ou des vols planés plus ou moins longs, bien que la plupart des caractères distinctifs des Oiseaux se retrouvent chez les plus anciens fossiles connus. En fait, la phylogénie des Oiseaux est difficile à établir, car nous manquons de séries continues de formes de transition permettant de relier les groupes les uns aux autres. Le plus ancien fossile connu est celui de l’Archæopteryx*, animal de la taille d’un Pigeon, dont on a trouvé trois spécimens en Allemagne. Cet animal doté de plumes est le plus ancien Oiseau connu, bien qu’il possède la plupart des caractéristiques reptiliennes : squelette, mâchoires de reptiles pourvues de dents, grande queue comprenant une vingtaine de vertèbres. Cet animal permet d’établir avec certitude que les Oiseaux descendent d’ancêtres reptiliens. Il appartenait à un groupe, aujourd’hui entièrement éteint, de petits Reptiles bipèdes très diversifiés au Jurassique, il y a environ 150 millions d’années. On pense qu’une sévère compétition entre ces animaux a peu à peu favorisé, par sélection naturelle, l’apparition de comportements et de modes de vie nouveaux, notamment la vie dans les arbres et la capture des Insectes, qui se sont traduites par l’apparition de vraies ailes et le remplacement d’une mandibule armée de dents par un bec adapté à « piquer » les Insectes dans le feuillage. Au Crétacé (– 100 millions d’années), la classe des Oiseaux est nettement établie par de nombreuses formes authentiquement aviennes (Ichtyornis, Hesperornis), mais il faut attendre le début du Tertiaire (Éocène, – 50 millions d’années) pour que la classe des Oiseaux « explose » littéralement et fournisse un grand nombre des familles actuelles. Les gisements éocènes du Bassin parisien ont dévoilé des Oiseaux aussi diversifiés que des Flamants, Oies, Râles, Perdrix. C’est à l’Oligocène et au Miocène (de – 40 à – 10 millions d’années) qu’a eu probablement lieu le maximum de diversification des Oiseaux modernes. La plupart des Passereaux sont d’origine très récente (fin du Tertiaire), mais leur mode de vie et la fragilité de leur squelette rendent leur fossilisation trop improbable pour que nous disposions des éléments d’information nécessaires à l’établissement de leur phylogenèse. On ne connaît aucun fossile de groupes aussi répandus actuellement que les Toucans et les Oiseaux-Mouches. Par contre, nous possédons une remarquable série de fossiles du groupe des Manchots remontant à l’Éocène. Les grandes catastrophes climatiques qui eurent lieu au Pléistocène, au cours du dernier million d’années, ont sans doute entraîné bien des extinctions et ont bouleversé les aires de distribution de la plupart des espèces boréales. La physionomie et les mécanismes de distribution et de dispersion des avifaunes tels qu’on les observe de nos jours se sont donc dessinés postérieurement à cette époque.


Classification

On connaît 8 600 espèces d’Oiseaux actuellement vivantes. Elles sont classées par les biologistes, en fonction de leurs affinités et de leur phylogénie, dans 28 ordres et 170 familles qui comprennent un nombre très variable d’espèces : d’une seule à plus de trois cents. Les différentes espèces d’une même famille ont généralement un mode de vie assez voisin et habitent souvent la même région biogéographique, par exemple les Manchots (17 espèces) dans la région antarctique, les Casoars (3 espèces) en Nouvelle-Guinée, les Oiseaux-Mouches (319 espèces) dans le Nouveau Monde, etc. Mais il y a de très nombreuses exceptions à cette tendance.


Conclusion

Malgré leur pouvoir d’adaptation extraordinaire, de nombreuses espèces ont gravement souffert des abus que l’Homme a commis en exploitant de façon anarchique les richesses qu’elles représentent : chasse exagérée, commerce d’Oiseaux morts ou vivants, collecte des œufs, des peaux, etc. D’autres menaces plus graves pèsent sur de nombreuses communautés : la pollution des océans, qui extermine chaque année des dizaines de milliers d’Oiseaux de mer, la disparition des habitats, l’emploi abusif d’insecticides et herbicides toxiques. Depuis la fin du xviie s., 78 espèces ont été exterminées par l’Homme. Plusieurs d’entre elles, comme le grand Pingouin (éteint en 1844), ont été purement et simplement massacrées pour être mangées. Le taux d’extinction paraît s’accélérer avec l’essor de l’humanité : 19 extinctions au xviiie s., 39 au xixe et déjà 19 pour la première moitié du xxe. Aujourd’hui, plusieurs dizaines d’espèces sont en danger imminent d’extinction, certaines d’entre elles n’étant plus représentées que par quelques individus. Elles ne pourront être éventuellement sauvées qu’au prix d’un effort considérable, actuellement entrepris par d’importantes organisations nationales et internationales. Les Oiseaux sont à bien des égards les meilleurs révélateurs de la santé des systèmes écologiques. Leur diminution progressive est un signe dangereux et menaçant de la dégradation d’un environnement dont en fin de compte l’Homme dépend. On pourrait très bien tester la réussite ou l’échec de l’actuelle croisade pour l’environnement par l’effet qu’elle aura sur les communautés d’Oiseaux.

J. B.

 P.-P. Grassé (sous la dir. de), Traité de Zoologie, t. XV : Oiseaux (Masson, 1950). / E. T. Gilliard, Living Birds of the World (Londres, 1958). / J. C. Welty, The Life of Birds (Philadelphie et Londres, 1962). / A. L. Thomson, A New Dictionary of Birds (Londres et New York, 1964). / J. Dorst, la Vie des Oiseaux (Bordas, 1972 ; 2 vol.). / J. Nicolaï, les Oiseaux. Recherches sur leurs comportements (Hatier, 1974).


Les oiseaux de mer


Y a-t-il des Oiseaux de mer ?

Aucun Oiseau n’échappe, pour assurer sa reproduction, à la nécessité de regagner la terre. En outre, aucun Oiseau n’est physiologiquement apte à une immersion prolongée. C’est pourquoi certains auteurs n’ont pas hésité à écrire qu’il n’existait pas véritablement d’Oiseaux de mer.