Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

œil (suite)

Traumatologie oculaire

Contusions du globe

• 1. Dans les contusions fermées, il n’y a pas rupture des parois du globe. Les lésions peuvent siéger sur tous les éléments de l’œil ; les plus fréquentes sont les érosions cornéennes, les déchirures de l’iris, l’hyphéma (présence de sang dans la chambre antérieure), la subluxation du cristallin, l’hémorragie du vitré, l’œdème maculaire (œdème de Berlin). Des complications à plus long terme peuvent survenir : décollement de la rétine, glaucome, cataracte.
2. Les contusions ouvertes, avec rupture pariétale, succèdent à un choc violent. La rupture sclérale peut se faire en avant, près du limbe, ou en arrière, au pôle postérieur du globe. L’intervention chirurgicale est nécessaire.

Plaies du globe

Leur cause essentielle à l’heure actuelle est le bris de pare-brise d’automobile. La plaie siège sur la cornée ou la sclérotique et peut intéresser, selon la profondeur de pénétration, tous les tissus oculaires : iris, cristallin, corps ciliaires, choroïde, rétine. En cas de plaie de l’uvée, il existe un risque d’ophtalmie sympathique. L’intervention chirurgicale s’impose d’urgence, mais le résultat visuel est souvent médiocre, du fait de cicatrices déformant la cornée, d’aphakie ou de désordres vitréens.

Les corps étrangers oculaires

• 1. Superficiels. Ils sont aisément extractibles, qu’ils siègent dans un cul-de-sac conjonctival ou sur la cornée (où ils s’incrustent, nécessitant un grattage cornéen avec une pique, sous contrôle biomicroscopique).
2. Intra-oculaires. Devant toute plaie perforante du globe, il faut songer à la possibilité de la pénétration d’un corps étranger (souvent métallique). Le dépistage est radiologique, l’opacité dense du corps étranger se dégageant bien sur les clichés de l’orbite. Il faut alors faire un repérage, c’est-à-dire une localisation de ce corps étranger dans l’espace à l’aide de procédés radiologiques (techniques de Comberg, de Sweet) ou magnétiques (Bermann locator). Le repérage fait, il faut pratiquer l’extraction à l’aide d’une pince ou d’un électro-aimant. Cette extraction doit toujours être tentée dans la mesure du possible, la persistance d’un corps étranger intra-oculaire étant la source de nombreuses complications aboutissant souvent à la perte du globe.

Brûlures oculaires

1. Brûlures thermiques, (par flamme ou par métal en fusion). Elles atteignent plutôt les organes protecteurs de l’œil que l’œil lui-même, grâce au réflexe de clignement et au larmoiement.
2. Brûlures chimiques. Elles sont en général plus graves, en raison de la pénétration intra-oculaire du produit. Les brûlures par bases (soude caustique, chaux, ammoniaque) sont les plus dangereuses. Devant toute atteinte oculaire par produit chimique, il faut pratiquer d’urgence un abondant lavage du globe à l’eau courante.
3. Lésions oculaires par radiations. Les radiations infrarouges peuvent provoquer une cataracte (cataracte des verriers) ; les rayons ultraviolets sont à l’origine de kérato-conjonctivites (ophtalmie des neiges) ; les rayons solaires (par exemple après observation, sans protection, d’une éclipse solaire) et les radiations dégagées lors d’une explosion atomique créent de graves lésions rétiniennes. Enfin, les rayons X sont responsables de cataractes et de lésions rétiniennes.

Affections de l’orbite

• Les affections du contenu de l’orbite comme celles de ses parois se traduisent essentiellement par deux symptômes : l’exophtalmie (saillie exagérée du globe oculaire) ou l’énophtalmie (l’inverse).

L’exophtalmie est le signe majeur ; elle est mesurée par un exophtalmomètre, qui chiffre en millimètres la saillie oculaire. Pour en déterminer la cause, il est souvent nécessaire de pratiquer de nombreux examens : radiographies standards, phlébographie (radio des veines orbitaires), gamma-orbitographie (repérage isotopique), échographie B, etc. Les causes principales sont :
— la maladie de Basedow (goitre exophtalmique), affection thyroïdienne dont l’exophtalmie, en règle générale bilatérale, est un signe majeur ;
— les inflammations orbitaires ;
— les tumeurs orbitaires, bénignes, comme l’angiome, ou malignes, comme les sarcomes ; elles sont souvent graves, car cancéreuses, chez le jeune enfant.

• Les fractures de l’orbite sont en fréquence croissante du fait des accidents de la circulation. Leur danger principal est l’atteinte du nerf optique. Leur traitement comporte en général une intervention chirurgicale d’ostéosynthèse.

Syndrome d’irritation du segment antérieur de l’œil

Ensemble de signes qui se manifestent en cas d’atteinte inflammatoire ou traumatique des éléments situés en avant du cristallin (cornée, chambre antérieure, iris...).

Ces signes sont :
— le larmoiement ;
— la photophobie (gêne ou douleur oculaire provoquée par la lumière), qui contraint le sujet à porter des lunettes teintées ;
— le blépharospasme (contraction anormale de l’orbiculaire), associé souvent à un œdème de la paupière supérieure, rétrécissant la fente palpébrale ;
— la rougeur oculaire, qui siège surtout au voisinage du limbe (cercle périkératique) et à laquelle s’associe parfois un chémosis (infiltration œdémateuse de la conjonctive) ;
— enfin la douleur, qui est d’intensité variable, à type de pesanteur, de tension sourde, irradiant autour de l’orbite.


Traitement des affections oculaires


Traitement médical

Il consiste en l’administration de médicaments actifs sur la sphère oculaire :
— par voie générale (antibiotiques, dérivés de la cortisone, etc.) ;
— par voie locale, sous forme de collyre (gouttes que l’on instille dans le cul-de-sac conjonctival), de pommade ou d’injection sous-conjonctivale ; les principales drogues d’administration locale sont l’atropine (cycloplégique, c’est-à-dire paralysant l’accommodation, et mydriatique), les antibiotiques, les corticoïdes et les hypotenseurs oculaires (comme la pilocarpine).