Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

arbre (suite)

On peut trouver à ce phénomène plusieurs causes, et en premier lieu la lumière. En effet, la filtration effectuée par les feuilles ou les aiguilles est très variable d’une espèce à l’autre. Dans les forêts de Pins et de Sapins, si les peuplements sont denses et purs, la lumière au sol est très faible et totalement insuffisante pour assurer la photosynthèse de presque toutes les espèces pendant toute l’année. Sous les Hêtres règne encore une obscurité relative, tandis que le feuillage du Chêne, plus léger et plus clair, laisse passer des rayons solaires qui frappent directement le sol. D’autre part, certains arbres contiennent dans leurs feuilles des substances toxiques qui s’opposent à la germination et au développement d’autres végétaux ; les aiguilles de Conifères, par exemple, grâce à la térébenthine qu’elles contiennent, éliminent ainsi de nombreuses espèces.

Trois types de sous-bois

La hêtraie a un sous-bois pauvre en espèces et en densité d’individus. Les Muscinées que l’on y rencontre le plus fréquemment sont Thuidium tamariscinum, Eurhynchium striatum, E. stokesi, Polystichum formosum, Mnium affine, M. hornum, Catharine undulata. Parmi les quelques Angiospermes qui peuplent ces sous-bois, on peut citer Paris quadrifolia, Mercurialis perennis, Asperula odorata, Veronica montana, Melica uniflora, Lamium galeobdolon, Euphorbia amygdaloides. Par contre, la chênaie est beaucoup plus riche, et il faut citer comme espèces caractéristiques de ce groupement Pteris aquilina, Holcus mollis, Luzula pilosa, Convallaria maialis (Muguet), Endymion nutans, Anemone nemorosa, Polygonatum multiflorum, Ranunculus auricomus, Millium effusum, Ficaria ranunculoides, Calluna vulgaris, Deschampsia flexuosa, Molinia cœrulea, Teucrium scorodonia et, comme Mousses, Leucobryum glaucum, Dicranum scoparium, Pleurozium schreberi, Polytrichum attenuatum, Pleuroscleropodium purum. Certains arbres (Pins) éliminent presque toute végétation à leur pied ; seules quelques espèces peuvent subsister : Arctostaphylos uva ursi, Polygala chamæbuxus, Globularia cordifolia, Pirola secunda.


Les parties aériennes

Le tronc et le houppier forment aussi des milieux complexes. Dans les régions tempérées, sur les troncs s’installent des Algues et des Lichens ; ainsi, en Europe occidentale, sur la face exposée au nord (la plus humide, la moins ensoleillée) s’installent de nombreuses colonies d’Algues unicellulaires (Protococcales) ; sur ces troncs se développent également des Mousses (Hypnacées diverses, Barbula), des Lichens foliacés (Parmelia), qui constituent des « micro-milieux » où toute une faune cryptique peut vivre. Dans les forêts établies en régions très humides (zone atlantique, zone de moyenne montagne [1 000 m dans les régions tempérées] ou zone de brouillards permanents dans les montagnes des régions tropicales [entre 3 000 et 4 000 m]), une exubérance des Lichens apparaît sur les branches (Usnées), donnant une physionomie particulière aux arbres de ces forêts. Dans la forêt dense équatoriale, une particularité des arbres est de porter un grand nombre de plantes épiphytes, soit établies à la fourche des grosses branches dans une masse de terreau (Orchidées, Aracées, Lycopodiacées), soit accrochées par leurs racines adventives et leurs rhizomes (Fougères, Aracées, Pipéracées) ; les branches des arbres peuvent aussi héberger des semi-parasites verts tels que le gui. Les Champignons (Polypores) sont soit parasites, soit saprophytes sur le tronc, où le cœur, plus ou moins décomposé en terreau, crée avec l’humidité ambiante un milieu extrêmement favorable.

De nombreuses Bactéries peuvent attaquer les arbres et s’y développer principalement dans le bois mort et les feuilles tombées au sol, favorisant ainsi la formation de l’humus. Des Virus sont également actifs sur les arbres, et ils y provoquent des anomalies, en particulier le panachage des feuilles.

Les animaux, depuis les plus gros (Lions, Serpents) jusqu’aux plus petits (Insectes), peuvent trouver dans les arbres un milieu favorable pour une période ou la totalité de leur vie. En Europe, l’Écureuil et parfois les Chauves-Souris sont les principaux Mammifères qui vivent dans les arbres, les utilisant comme refuge et y plaçant au creux des branches leur nid et leur réserve d’hiver. Dans leurs cimes nidifient bon nombre d’Oiseaux, tant diurnes (Corneilles, Rapaces, Pics, Merles) que nocturnes (Chouettes, Hiboux).

Enfin, de nombreux Insectes vivent sur l’arbre et de l’arbre, soit en dévorant les feuilles (Galéruque de l’Orme), soit en creusant des galeries sous l’écorce morte (Lucane, Bupreste, Capricorne, Scolyte). Comme autres commensaux, on peut signaler : le grand Mélophile du Pin, qui taraude les jeunes pousses et les détruit ; l’Agrile, le petit Charançon des Pins ou le grand Charançon des Conifères, la Vrillette et le Cérambyx, qui s’attaquent aussi bien aux branches qu’aux parties vertes. Certains Insectes, enfin, pondent dans les feuilles ; le végétal réagit en fabriquant une galle, caractéristique de l’espèce parasitée et de l’Insecte, d’où sortira la jeune larve ; c’est le cas, par exemple, du Cynips, qui pond sur le Chêne. Les Insectes adultes ne sont pas seuls à attaquer les arbres, les Chenilles aussi peuvent y vivre en masse. Ainsi, les Chenilles processionnaires du Pin sortent au printemps de gros nids soyeux accrochés dans les branches hautes et n’en descendent qu’après s’être nourries abondamment aux dépens de leur hôte.


Les racines

Nombreux sont les Champignons qui réalisent avec les racines d’une espèce arborescente déterminée une association appelée mycorhize. Le plus célèbre de ces Champignons est la Truffe. Bref, un arbre et son cortège d’utilisateurs constituent un tout, une biocœnose, où chaque espèce dépend des voisines. La vie y naît de la mort et de la décomposition des autres éléments, et l’arbre y joue un rôle primordial : sans lui la place serait utilisée par d’autres colonies animales et végétales, créant ainsi un autre microclimat et un paysage entièrement différent.

J.-M. T. et F. T.