Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

œil (suite)

Yeux composés

Il existe chez les Arthropodes des ocelles analogues à ceux des animaux inférieurs et en outre une paire d’yeux composés. Un œil composé ou œil à facettes est formé d’une juxtaposition convexe d’ommatidies, récepteurs élémentaires ayant chacun un champ visuel restreint. Le nombre d’ommatidies varie depuis quelques unités jusqu’à 5 000 environ chez l’Abeille et plus de 20 000 chez la Libellule. Chaque ommatidie comporte une cornéule convexe, les cornéules formant sur la tête de l’animal un pavage convexe, hexagonal ou rectangulaire ; puis on trouve un cône cristallinien, entouré de cellules qui contiennent du pigment foncé, susceptible de migration. La lumière est concentrée par ce cône sur le rhabdome, groupe de 3 à 12 cellules réceptrices, les rhabdomères ; ces récepteurs sont indépendants, chacun possédant un filament nerveux propre. Au microscope électronique, on constate une structure fine des rhabdomères, caractérisée par des petits tubes très serrés (jusqu’à 100 000 par rhabdomère), chaque tube possédant une paroi à double membrane qui porte les molécules photosensibles. Il est possible que la symétrie des tubes soit en relation avec la sensibilité à la lumière rectilignement polarisée que manifestent Crustacés et Insectes. Une autre possibilité a été suggérée : chez les Crustacés et certains Insectes, il existe à la suite du cône cristallinien un tractus cristallinien cylindrique qui fonctionne comme guide de lumière ; les effets de polarisation pourraient alors résulter des modes physiques de propagation dans les guides d’ondes diélectriques.

On a décrit récemment certaines curieuses particularités des yeux composés : ainsi, les cornéules de divers Insectes sont hérissées de petites protubérances de 0,2 μ de hauteur qui agissent comme couche antiréfléchissante (à la manière des dépôts interférentiels sur les objectifs photographiques) et camouflent l’effet de cataphote qui attirerait les prédateurs. On observe aussi à la base des rhabdomes une couche interférentielle réfléchissante qui agit à la manière du tapis des Vertébrés.

Pour clore cette brève revue de l’œil dans la série animale, nous citerons une curiosité : la femelle du Copilia, petit Crustacé très abondant dans la baie de Naples, ne possède qu’une seule cellule photosensible, qu’un muscle agite dans le plan d’une image donnée par un gros cristallin. La Nature avait inventé le « balayage », principe de la télévision, bien avant l’Homme !

Y. L. G.

 G. L. Walls, The Vertebrate Eye and its Adaptive Radiation (New York, 1942 ; nouv. éd., 1963). / A. Rochon-Duvigneaud, les Yeux et la vision des Vertébrés (Masson, 1943). / Y. Le Grand, Optique physiologique, t. I (Revue d’optique, 1952 ; nouv. éd., Masson, 1965) ; Lumière et vie animale (P. U. F., 1967). / K. M. Wilbur et C. M. Yonge (sous la dir. de), Physiology of Mollusca, t. II (New York, 1966). / R. Wehner (sous la dir. de), Information Processing in the Visual Systems of Arthropods (Berlin, 1972).


L’œil chez l’homme


Anatomie

L’œil, ou globe oculaire, est la partie fondamentale de l’appareil de la vision. Il est de forme irrégulièrement sphérique ; sa partie antérieure, constituée par la cornée est proéminente sous la forme d’un segment de sphère de rayon inférieur au reste du globe oculaire. L’œil humain a un poids de 7 g, un volume de 6,5 ml et une longueur axiale (distance entre le pôle antérieur et le pôle postérieur) de 24 mm.

Le globe oculaire est situé dans une cavité osseuse de la face, l’orbite, qui le cache en partie et le protège. La cavité orbitaire a la forme d’une pyramide quadrangulaire dont la base (ou rebord orbitaire) est en avant et le sommet en arrière. Dans les parois de l’orbite se trouvent les sinus osseux de la face communiquant avec le nez*. Ces rapports sinusiens ont une grande importance dans la pathologie orbitaire. L’orbite entre en communication :
— en arrière avec l’étage moyen de la base du crâne par le trou optique et par la fente sphénoïdale ;
— en bas et en arrière avec la fosse ptérygo-maxillaire par la fente sphéno-maxillaire ;
— en dedans avec les fosses nasales par le canal lacrymo-nasal.

Les orifices sont comblés par les éléments vasculo-nerveux qui les traversent et par des formations fibreuses.


Le globe oculaire

Il se compose d’une paroi et d’un contenu.

• La paroi
Elle est constituée par trois membranes concentriques.

• La membrane externe, coque oculaire fibreuse, résistante, est la sclérotique (ou sclère) ; elle est inextensible, peu vascularisée, de couleur blanc nacré (« blanc de l’œil »). Elle forme les quatre cinquièmes postérieurs d’une sphère creuse : en effet, la calotte antérieure est représentée par la cornée*, qui est transparente et est enchâssée dans la portion antérieure de la sclérotique.

Le limbe scléro-cornéen est la zone circulaire de jonction entre sclérotique et cornée.

À la partie postérieure de la sclérotique se trouve l’orifice du nerf optique.

• La membrane moyenne, vasculo-nerveuse, est le tractus uvéal, ou uvée. Elle revêt des formes différentes dans ses parties antérieure et postérieure. En arrière, c’est la choroïde, très richement vascularisée, responsable en grande partie de la nutrition rétinienne.

Plus en avant, la membrane moyenne est représentée par le corps ciliaire, circulaire. Celui-ci contient un muscle lisse, le muscle ciliaire, responsable de l’accommodation, et les procès ciliaires, couronne de bourgeons saillants qui sécrètent l’humeur aqueuse.

Plus en avant, et cette fois dans un plan frontal, c’est l’iris*.

• La membrane interne, sensorielle, est la rétine. Celle-ci est formée de plusieurs couches superposées : au contact de la choroïde, c’est l’épithélium pigmentaire. Plus en dedans se trouvent les cellules visuelles, cônes et bâtonnets (v. vision).