Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

odorat (suite)

Aucune de ces théories n’est satisfaisante. La plus connue est la théorie stéréochimique, qui cherche à lier l’odeur d’une substance odorante à la forme de sa molécule et à l’existence sur les cils de sites récepteurs correspondants. Une autre théorie, plus récente, tente d’expliquer la discrimination des odeurs par l’analyse simultanée des réponses de l’ensemble des cellules mitrales du bulbe olfactif.


Olfaction et comportement

À l’exception des espèces anosmiques, comme les Cétacés Odontocètes, ou très microsmatiques, comme certains Oiseaux, la plupart des animaux accordent aux informations olfactives un rôle important dans la recherche de la nourriture, la recherche du partenaire sexuel et la vie en société. On peut modifier fortement les quantités de nourriture ingérées par un animal en ajoutant aux aliments une odeur agréable ou désagréable. Les glandes nidoriennes sont des glandes sébacées modifiées qui sécrètent des substances odorantes pouvant servir à l’identification individuelle ou spécifique ainsi qu’au marquage du territoire. Chez les Rongeurs, la glande coagulante du tractus génital mâle, qui fournit une odeur de groupe, et l’odeur de la sueur des pelotes plantaires, qui est une odeur individuelle, interviennent dans les rapports complexes de la vie en société. Ce ne sont là que quelques exemples dans un vaste domaine encore assez mal connu.

R. B.

➙ Nez / Sensation / Territoire.

 Y. Zotterman, T. Hayashi et L. Pfaffmann, Olfaction and Taste (Oxford, 1963-1969 ; 3 vol.). / G. E. W. Wolstenholme et J. Knight, Taste and Smell in Vertebrates (Londres, 1970). / L. M. Beidler, Handbook of Sensory Physiology, t. IV : Chemical Senses (Berlin, 1971).

Œben (les)

Ébénistes français du xviiie s., d’origine allemande.


Le nom d’Œben s’attache à l’un des chefs-d’œuvre de l’ébénisterie française du xviiie s., le bureau de Louis XV, aujourd’hui replacé dans la chambre du roi, à Versailles. Son auteur, Jean François Œben (Ebern, Franconie, v. 1720 - Paris 1763), apprit dans son pays natal l’ébénisterie, la marqueterie, la mécanique et la serrurerie. En 1749, il est à Paris, où il épouse une sœur de l’ébéniste Roger Vandercruse dit Lacroix (1728-1799). Il travaille dans l’atelier d’André Charles Boulle, fils du grand Boulle*, et portant le même prénom, dans la galerie du Louvre. Le joaillier Lazare Duvaux lui commande sept cadres marquetés pour la marquise de Pompadour, qui lui fait obtenir la charge d’ébéniste du roi pour la manufacture des Gobelins. Œben s’y installe en 1754 ; le local devient trop exigu : en 1756, Œben obtient un large établissement à l’Arsenal. Il est remarquable que, attaché à la maison royale et soustrait par ce titre aux inspecteurs de la maîtrise parisienne, il ait, en 1761, sollicité des lettres qui l’y agrégeaient : sans doute son appartenance à la communauté pouvait-elle faciliter son activité commerciale. La Cour et la Ville faisaient appel à son talent.

Le Louvre affecte une salle entière à ses meubles, dont l’un, une table de milieu à la haute ceinture marquetée de « cubes sans fond », impose à l’admiration son élégance unie à la majesté. Avec elle voisine un petit meuble qui, fermé, présente la figure d’une commode et qui, par l’action d’une manivelle, fait émerger de son caisson un serre-papiers, tandis que s’en détachent un marchepied et une table de lit. Ce curieux combinat s’appelait table à la Bourgogne. Selon toute apparence, Œben désignait par cette expression ses meubles à machinerie. En 1760, il avait construit pour le jeune duc de Bourgogne, paraplégique, un fauteuil mécanique, exhaustible, dirigeable et muni de tablettes articulées. Peut-être cette réussite est-elle à l’origine de la commande que l’Administration fit au maître, la même année, du célèbre bureau du roi. Formé de « lattes mouvantes » collées sur une toile forte, le dessus de ce bureau s’ouvre en s’enroulant autour d’un axe logé derrière le serre-papiers. Œben mourut avant d’avoir mis au point la combinaison de contrepoids, qui demanda six ans d’expériences à son auxiliaire et successeur, Riesener*. Le chef-d’œuvre ne fut livré qu’en 1769. Il n’en est pas moins, pour la conception, le dessein général et le dispositif des bronzes qui le décorent, l’œuvre d’Œben.

Jean François avait un frère cadet, Simon († v. 1786 Paris), que son éclatante renommée éclipsa injustement. Simon a collaboré longtemps avec son aîné. Il était l’époux d’une autre sœur de Vandercruse et fut le successeur de son frère dans l’atelier des Gobelins. Les jurés-gardes de la maîtrise n’avaient donc aucun droit de contrôle sur sa production ; néanmoins, comme Jean François, Simon acquiert le brevet en 1764 et deviendra juré en 1770 pour les deux années réglementaires. On a trace d’ouvrages à lui commandés par Mme de Pompadour, donc avant 1764. Les musées français n’ont rien de ce maître, que l’Almanach Dauphin de 1772 présente comme l’un des plus fameux de la communauté parisienne. Mais le South Kensington Museum de Londres possède une belle table marquetée, chantournée à toutes faces, au dessus divisé en trois panneaux, dont les deux externes coulissent pour découvrir des « caves ». Plusieurs collections parisiennes ont recueilli de petits meubles toujours originaux de forme et soignés d’exécution.

G. J.

➙ Louis XV (styles Régence et) / Louis XVI et Directoire (styles).

œcuménisme

Mouvement qui porte les Églises chrétiennes à se rapprocher et à s’unir.



Avatars d’une espérance

La première moitié du xxe s. a été, dans les milieux chrétiens, celle de la découverte des autres Églises et des dialogues chargés de promesses pour l’avenir. D’innombrables rencontres, conférences et publications attestent de l’importance de la vague œcuménique. N’allait-on pas assister à la réunion en un seul corps des disciples divisés du Christ, et cela n’était-il pas un puissant facteur potentiel de réconciliation entre les hommes et de paix entre les peuples ? Une ère nouvelle paraissait s’ouvrir, marquée par la constitution du front commun de « tous ceux qui croient que l’univers avance encore et qu’ils sont chargés de le faire avancer » (Teilhard de Chardin). L’entreprise œcuménique pouvait légitimement apparaître comme le début d’un grand mouvement de retrouvailles humaines, toutes les familles idéologiques et spirituelles prenant conscience de leurs communes responsabilités historiques en ce qui concerne l’avenir de l’humanité : la source missionnaire de l’œcuménisme authentique semblait devoir définitivement fermer les voies du prosélytisme concurrentiel et inaugurer une ère où l’évangélisation irait de pair avec une écoute respectueuse des hommes de tous horizons géographiques, raciaux et politiques. Aussi bien commençait-on à prendre conscience des périls redoutables courus par l’humanité : l’explosion démographique, les terribles conditions d’existence des peuples « sous-développés » et la multiplication des armes de destruction massives... Les pères du mouvement œcuménique, animés de toutes les audaces, furent des visionnaires réalistes qui n’hésitèrent pas à prophétiser l’aube d’un âge nouveau.