Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

O’Connell (Daniel) (suite)

Après cette grande victoire, O’Connell, immensément populaire, surnommé « le Libérateur », se fixe un nouvel objectif : le Repeal, c’est-à-dire l’abolition de l’Union, mais la seconde partie de sa carrière est moins heureuse que la première. Appuyé par un groupe de 45 députés irlandais au Parlement, il fait alliance avec les whigs anglais pour obtenir des réformes. Le combat est d’abord orienté contre le statut de prépondérance de l’Église anglicane en Irlande. C’est la « guerre de la dîme » (1830-1834), menée de grand cœur par une paysannerie catholique qui déteste l’Église établie, jugée étrangère, hérétique et pourvue de privilèges exorbitants. Cependant, la dîme subsiste, quoique sous une forme amendée. Après quelques tentatives de réformes limitées, il devient évident que les whigs, malgré leurs tendances conciliantes, n’envisagent aucun changement en profondeur en Irlande.

Aussi, en 1840, O’Connell fonde l’Association pour l’abolition de l’Union (Repeal Association), dont les objectifs sont assez modérés : point de séparatisme, mais la restauration d’un Parlement irlandais. L’idée est de reprendre la tactique suivie autrefois par l’Association catholique et de procéder par meetings monstres. Mais la situation à Londres n’est plus la même : le gouvernement conservateur de Peel est fermement décidé à résister. Si bien que l’agitation « pacifique, légale et constitutionnelle », comme l’appelle O’Connell, se heurte à l’intransigeance des autorités, qui refusent de se laisser intimider. Le grand meeting convoqué par O’Connell à Clontarf en octobre 1843 est interdit. Contraint de choisir entre la légalité et la rébellion, le Libérateur, fidèle à ses convictions, se soumet à la loi, annule le rassemblement, mais son prestige subit un coup dont il ne se relèvera pas.

Peu après, O’Connell entre en conflit avec les leaders d’une nouvelle génération nationaliste, la « Jeune-Irlande » (1845), tandis que commence le désastre national que constitue la Grande Famine. Vieilli, découragé, coupé de la plus grande partie de ses troupes, il meurt à Gênes en 1847.

Il a, sans aucun doute, été un grand patriote libéral. De là sa popularité en Irlande, sa réputation en Europe, où tous les amis du libéralisme et des nationalités le révèrent (il n’est que de voir son prestige auprès des catholiques libéraux français). Mais, prisonnier de sa classe, légaliste à l’excès, fermé au problème agraire, il s’est opposé à toute transformation sociale (y compris à l’existence de syndicats), ce qui a limité son champ d’action au domaine strictement politique. Les dons et le dévouement qu’il a déployés ont fait de lui un éveilleur de la conscience nationale. Pendant un quart de siècle, O’Connell a su non seulement mobiliser, mais incarner le patriotisme irlandais.

F. B.

➙ Irlande.

 D. R. Gwynn, Daniel O’Connell, the Irish Liberator (Londres, 1929 ; nouv. éd., Cork, 1947). / S. O’Faolain, King of the Beggars : a Life of Daniel O’Connell, the Irish Liberator (Londres, 1938 ; 2e éd., Dublin, 1970). / M. Tierney (sous la dir. de), Daniel O’Connell (Dublin, 1949). / A. D. MacIntyre, The Liberator : Daniel O’Connell and the Irish Party, 1830-1847 (Londres, 1965).

octane (indice d’)

Nombre mesurant la valeur antidétonante d’un carburant, c’est-à-dire la compression maximale que le mélange d’air et de carburant peut supporter, après introduction dans le moteur, sans qu’apparaissent les phénomènes de détonation et d’auto-allumage.


L’indice d’octane de l’essence auto ordinaire est de 91 et celui du supercarburant de 98.


L’antidétonance

L’évolution du moteur à essence vers les puissances toujours plus élevées, par l’accroissement du taux de compression, est limitée non seulement par l’auto-allumage, les gaz s’enflammant spontanément avant ignition par l’étincelle de la bougie, mais surtout par la détonation : au lieu d’une combustion progressive du mélange par déplacement régulier du front de flamme, il se produit une explosion prématurée et accélérée par rapport au mouvement du piston : d’où perte de puissance. Ce phénomène s’accompagne d’un bruit caractéristique de cliquetis métallique, ou knock (cognement), dû au brusque accroissement de pression : le moteur ne répond plus à l’accélérateur, et le conducteur est obligé de ralentir et de rétrograder de vitesse, particulièrement en côte.

En réalité, on s’est aperçu très rapidement que, pour un moteur donné, le cliquetis variait suivant l’origine de l’essence utilisée : par exemple, les carburants provenant de certains pétroles bruts ou réalisés par craquage avaient une meilleure résistance à détoner. L’indice d’octane est né du désir de mesurer d’une manière précise et invariable la qualité plus ou moins antidétonante d’une essence.


Le moteur CFR

Dès 1928, on se préoccupa, aux États-Unis, de mettre au point et de standardiser un moteur spécial pour les essais de carburants en laboratoire : c’était un monocylindre à taux de compression réglable, adopté depuis dans le monde entier sous le nom de moteur CFR (Cooperative Fuel Research). On l’utilise avec l’échantillon à essayer en augmentant progressivement le taux de compression jusqu’à l’apparition du cliquetis ; ensuite, on l’alimente avec divers carburants de référence jusqu’à ce que l’on retrouve une intensité de détonation identique pour le même taux de compression. Les carburants de référence sont un mélange d’heptane normal (C7H16) et d’isooctane (2, 2, 4-triméthylpentane) : le premier de ces hydrocarbures, très détonant, a par définition un indice égal à 0, tandis que le second, au contraire très antidétonant, a un indice de 100. L’indice d’octane de l’essence testée est le pourcentage d’isooctane contenu dans le mélange des deux carburants de référence. Deux moteurs CFR, fonctionnant dans les conditions un peu différentes, furent successivement adoptés, si bien que l’indice d’octane d’une essence donnée peut s’exprimer de deux manières, appelées Research Method et Motor Method. Actuellement, l’octane est déterminé par le procédé Research Method, considéré comme plus représentatif.