Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

Océanie (suite)

Les dessins, peintures et surtout gravures rupestres et pariétales, sont abondants en Océanie. Si l’on sait la fonction religieuse de certaines de ces productions artistiques — pétroglyphes de l’île de Pâques liés au culte de l’Homme-Oiseau, tortues et masques gravés sur les dalles des marae des îles de la Société —, celle des autres nous est inconnue. Il en est ainsi, notamment, des abondants pétroglyphes de la Nouvelle-Calédonie et des îles Hawaii.


L’unité dans la diversité

Nous avons pu distinguer différentes provinces artistiques en Océanie, les plus riches étant sans doute la Nouvelle-Guinée, la Nouvelle-Zélande et les îles Marquises. Il serait tentant de rechercher, en comparant les styles régionaux, des influences ou des courants de diffusion qui permettraient de préciser, en particulier, les processus du peuplement du Pacifique Sud. Il faudrait supposer, par exemple, un rapport direct entre les motifs spirales néo-zélandais et néo-guinéens ou australiens, hypothèse contraire à toutes les données de l’ethnologie et de l’archéologie. Inversement, toute recherche de cet ordre se heurte à l’évidente parenté de tous les arts océaniens. Cette unité s’explique par la coexistence, aux temps anciens et au centre du Pacifique occidental, des peuples qui colonisèrent ensuite le reste du Pacifique Sud. L’art de l’Océanie est partout au service de la conception qu’a l’homme des problèmes de sa propre existence et du monde, conception déjà traduite sous forme de mythes et de cosmogonies variés. Il se diversifie et s’enrichit selon que l’accent est donné sur l’un ou l’autre aspect de cette même conception. Il se diversifie également du fait de son propre dynamisme et du fait d’un progressif et relatif isolement des groupes sociaux dans les différents archipels d’un océan qui couvre plus du tiers de la surface du globe.

J. G.

 G. H. Luquet, l’Art néo-calédonien (Institut d’ethnologie, 1927). / W. C. Handy, l’Art des îles Marquises (Éd. d’art et d’histoire, 1938). / R. Linton et P. S. Wingert, Arts of the South Seas (New York, 1946). / M. Leenhardt, Arts de l’Océanie (Éd. du Chêne, 1948). / A. Bühler, T. Barrow et C. P. Mountfort, Ozeanien und Australien (Baden-Baden, 1961 ; trad. fr. Océanie et Australie, l’art de la mer du Sud, A. Michel, 1962). / J. Guiart, Océanie (Gallimard, 1963). / A. Lavondes, Art ancien de Tahiti (Nouv. éd. latines, 1969). / La Découverte de la Polynésie (Soc. des amis du musée de l’Homme, 1972). / K. Kupka, Peintres aborigènes d’Australie (Soc. des océanistes, 1973).

océanographie et océanologie

On appelle océanographie l’ensemble des recherches d’ordre physique, chimique et naturel dont le domaine est l’eau et le fond des océans*.
L’océanologie regroupe les connaissances, les études et les techniques relatives à l’océan et à son utilisation (exploitation de l’eau, du sol et du sous-sol, circulation, problèmes de la juridiction maritime et des loisirs).



Introduction

Les premières recherches océanographiques eurent lieu en Méditerranée, puis dans les mers bordières de l’Europe du Nord-Ouest. À ses débuts, l’océanographie fut essentiellement une hydrographie*, préoccupée de décrire les contours (rivages, fonds côtiers navigables) et les mouvements de surface des océans. C’est à l’occasion des grands voyages du xviiie s. et surtout des croisières de la fin du siècle dernier qu’elle devint une véritable science hydrologique, biologique et géologique. À ces recherches ont largement participé les Anglo-Saxons, les Allemands et les Scandinaves. Plus récemment, celles-ci ont tendu à se répartir de façon équitable entre un nombre de pays toujours plus grand : l’Union soviétique et le Japon ont apporté une contribution essentielle à l’étude de la circulation et de la biologie des mers froides et du Pacifique. Depuis la Seconde Guerre mondiale, la France a redonné une vive impulsion aux recherches de tous ordres, tant dans les mers proches (Atlantique Nord et Méditerranée) que dans les mers lointaines (Pacifique austral et océan Indien du Sud-Ouest). Dans de nombreux pays, l’océanographie bénéficie d’un engouement croissant et d’un bouleversement total de ses méthodes et de ses moyens. Il reste cependant une tâche considérable à accomplir dans les mers tropicales et australes, ce qui explique l’actif développement de l’océanographie en Nouvelle-Zélande, en Australie, en Afrique du Sud et en Amérique du Sud.

Quelques grands organismes océanologiques

Dans les domaines de la recherche fondamentale et appliquée, une active concurrence s’est établie entre quelques pays, qui tendent à regrouper moyens et ressources au profit de quelques organismes bien dotés. Ceux-ci servent de bases aux moyens nautiques, de centres d’essais pour les nouveaux appareils, de laboratoires pour le dépouillement, l’analyse et le stockage des données, et parfois dispensent un enseignement spécialisé.

Allemagne fédérale

Une commission nationale coordonne les travaux de 12 instituts : 5 fédéraux (comme le Deutsches Hydrographisches Institut et le Seewetteramt de Hambourg), 5 universitaires (dont l’Institut für Meereskunde de Kiel) et 2 privés. Des sociétés se préoccupent de l’exploitation minière, notamment des nodules polymétalliques (Pacifique, mer Rouge). Navires : Meteor II (2 500 t), Anton Dohrn (1 000 t).

Australie

Le CSIRO (Commonwealth Scientific and Industrial Research Organization) possède à Cronulla (Nouvelles-Galles du Sud) un grand centre de recherches dépendant de la Division of Fisheries and Oceanography. Rapide développement en relation avec l’exploitation des hydrocarbures et l’extension des pêcheries.

Canada

Le centre océanographique de Bedford (Halifax) est devenu un des grands organismes de recherches de l’Amérique du Nord.

États-Unis

Rôle pionnier des nombreuses et puissantes institutions universitaires, parmi lesquelles on compte les trois plus grandes du monde : la Scripps Institution of Oceanography, créée au début du siècle à La Jolla (Californie) et qui dépend de l’université de Californie à San Diego (H. U. Sverdrup [1888-1957] l’a dirigée de 1936 à 1948) ; la Woods Hole Oceanographic Institution, fondée en 1930 au cap Cod (Massachusetts), surtout orientée vers l’océanographie physique et qui forme une partie des étudiants et des chercheurs du MIT (Massachusetts Institute of Technology) ; le Lamont-Doherty Geological Observatory (Palisades, près de New York), fondé en 1949 au sein de l’université de Columbia par William Maurice Ewing (1906-1974) et qui a joué un rôle déterminant dans le renouveau de l’étude des fonds marins.