Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

arboriculture fruitière (suite)

Pour ces six grandes espèces, en ne retenant que les six grandes régions françaises (Languedoc-Roussillon, Provence - Côte d’Azur, Midi-Pyrénées, Aquitaine, Pays de la Loire et Rhône-Alpes), les vergers purs occupent une superficie de 180 000 ha, dont la part du verger non productif (ou en début de production) représentait, en 1964-65, de 48 à 70 p. 100, avec 11 p. 100 seulement d’arbres âgés.


Les conditions de réussite

Elles sont nombreuses et toutes très importantes.

• L’emplacement. Le verger doit être créé près de l’exploitation ou, à défaut, en bordure d’une route accessible. Il sera proche d’un marché de consommation, d’un centre d’expédition disposant d’entrepôts frigorifiques ou à défaut d’une gare pour assurer l’expédition des récoltes vers les centres de vente. La présence d’une station fruitière, d’une coopérative, d’une S. I. C. A., ou l’adhésion possible à un groupement de producteurs seront des raisons déterminantes pour le choix de l’emplacement.

• Le climat. Il faut avant tout éviter les excès, les grandes chaleurs et les trop basses températures (gelées), contre lesquelles il est difficile et coûteux de lutter. L’influence des grands vents est à considérer ; elle impose l’établissement de haies de protection, comme cela existe vers Avignon.

• Le sol et le sous-sol. Leur nature physique est à la base de la réussite. Il faut avant de se décider faire l’étude du profil, ce qui doit éviter les dégâts possibles imputables à l’asphyxie radiculaire. Les meilleurs terrains à vergers sont les sols profonds, faciles à travailler, sans excès d’argile, pas trop calcaires, perméables et irrigables.

La dose de calcaire actif conditionne souvent la réussite finale ; les arbres fruitiers à pépins (Poiriers sur franc et Pommiers) supportent 20 à 25 p. 100 de calcaire actif, tandis que le Cognassier chlorose à plus de 8-10 p. 100 et que le Pêcher franc meurt brutalement vers la sixième année si la dose dépasse 6 p. 100.

• Le choix des espèces et des variétés. Leur nombre sera fonction de la nature du sol, de l’importance de l’exploitation, des besoins en main-d’œuvre pour la récolte, du climat (gelées), des possibilités d’irrigation et éventuellement des cultures précédentes.

Ainsi, dans les vallées riches et alluvionnaires, le Pêcher, le Poirier et le Pommier seront à la base des plantations, tandis que, sur les coteaux, ne pourront être retenus que l’Abricotier, le Cerisier, l’Amandier, le Prunier, l’Olivier et le Figuier. Si le terrain au cours des années précédentes a été occupé par des Pêchers et des Poiriers, il sera indispensable de faire appel au Pommier et à l’Abricotier et, en tout état de cause, faute de pouvoir changer l’espèce, ce sera le porte-greffes.

Les producteurs d’une même région ont intérêt à s’entendre pour le choix des variétés, condition de base pour rendre plus homogène la production. Cette dernière condition est indispensable pour permettre l’organisation rationnelle du conditionnement et de la commercialisation, ainsi que la continuité des exportations. Il faut peu d’espèces et de variétés, et il convient de ne pas négliger la mise en place des pollinisateurs, dans la proportion de 10 à 12 p. 100.

• Les distances et systèmes de plantation. Bien que les distances soient en liaison directe avec la nature du sol, les possibilités d’irrigation, le porte-greffes, l’espèce et la variété, la forme et le système de taille, il est possible de conseiller l’usage de grandes distances, afin de pouvoir recourir à tout moment aux machines. Il faut abandonner les plantations mixtes, n’adopter que des ensembles importants, en carré ou en rectangle, avec une pente régulière si l’on doit irriguer à la raie.

• Les porte-greffes. Leur choix est déterminé par la nature physique du sol, les possibilités d’irrigation et le mode d’exploitation adopté. Dans la région provençale et, à un moindre degré, dans le Roussillon, les arboriculteurs utilisent des porte-greffes affaiblissants (Prunier pour le Pêcher, Paradis pour le Pommier et Cognassier pour le Poirier), tandis que, dans les pays de la Loire, on choisit des porte-greffes vigoureux (doucin et franc). Dans la région Rhône-Alpes, trois types se partagent le verger (franc, doucin, Paradis).

• Les formes. Elles sont de plus en plus simples, adaptées à la taille par éclaircie, qui se généralise de plus en plus. Les hautes tiges (pommiers de plein vent) cèdent la place aux basses tiges (gobelet et gobelet différé) et, dans les zones ventilées, aux formes palissées. Elles sont peu nombreuses, simples, telles que le croisillon lyonnais, la palmette oblique, le drapeau Marchand ou la haie fruitière. Dans les zones à implantation récente, les arbres en basse tige représentent une part primordiale du verger.

Le gobelet classique. Il se réalise par la taille du scion, à la plantation, au-dessus du 4e œil bien placé et bien vivant. La 2e année, en hiver, ce sera le choix de 3 charpentières formant un angle identique, qui seront taillées à 40 cm de longueur, sur 2 yeux latéraux, afin d’obtenir 6 charpentières, qui par la suite porteront les coursonnes, ces petits rameaux où seront fixés les fruits.

Le croisillon. Là, il faudra rabattre le scion (Poirier) à 0,30 m du sol, seulement sur 2 yeux latéraux, de telle sorte que, l’hiver suivant, on puisse diriger de droite et de gauche les 2 bras du croisillon, dont l’ouverture sera plus ou moins grande, en rapport direct avec la vigueur. En effet, toutes les branches mises à l’oblique perdent de leur vigueur et, inversement, celles qui se rapprochent de la verticale ne manquent pas d’en prendre.

Le gobelet différé. C’est la forme moderne ; elle exige des scions vigoureux, un sol riche, de fortes fumures. Au départ, le scion est taillé à 90 cm de hauteur afin de distancer les branches charpentières, ou mères, d’au moins 30 cm (sur le tronc), tout en maintenant un angle d’ouverture de 60 à 70°. Puis, sur les mères, seront prises des sous-mères espacées de 60 cm, et sur ces dernières on conservera, à la taille d’éclaircie, les branches à fruits, sans les raccourcir, suivant le principe de l’allongement.

Il est souvent indispensable de maintenir l’axe du tronc pendant un an, afin de mieux distancer la 3e branche mère, sur l’axe de la forme.

La palmette italienne. Elle est valable pour toutes les espèces fruitières. C’est une forme palissée, conduite en taille par éclaircie.

Le scion est taillé, à la plantation, à 50 cm de hauteur, sur 3 yeux (1 de face et 2 latéraux), ce qui doit permettre, en renouvelant la même opération pendant 3 ans, d’obtenir 3 étages de branches obliques (mères) où seront disposées les sous-mères et où sera réalisée la taille moderne.