Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

numismatique (suite)

L’aureus pèse 8,18 g sous Jules César, 7,80 g sous Auguste, 6,55 g sous Caracalla en 215 et, à partir du iiie s., devient de poids très inégal. Afin de remédier à ces inégalités de valeur, Constantin Ier opère en 311 apr. J.-C. une réforme complète de la monnaie, malgré l’opposition farouche des monétaires, et crée le solidus pesant 4,55 g, taillé sur le soixante-douzième de la livre. À partir de cette réforme, le portrait devient moins caractéristique ; la pièce perd son relief, s’impersonnalise, mais son poids demeure constant. À côté du solidus circulent des triens en or et des monnaies en bronze argenté, dénommées antoniniani.


Byzance

La monnaie byzantine continue directement la monnaie romaine. Le numéraire est très abondant, tout au long de l’empire d’Orient, principalement pour l’or ; les frappes sont moins soignées, mais le poids du solidus reste constant. L’argent est rare, les empereurs sont figurés en buste ou en pied ; les visages du Christ ou de la Vierge apparaissent, la Croix sur plusieurs degrés devient l’emblème le plus usité.

Si les portraits sont hiératisés, conventionnels et donc sans intérêt iconographique, la banalité de ces monnaies n’est qu’apparente ; l’étude minutieuse des différents coins permet de préciser l’influence de l’Empire byzantin sur l’ensemble du bassin méditerranéen.


Les monnaies en France


La Gaule

Dès les iiie-iie s. avant notre ère, la circulation monétaire en Gaule, assez abondante, est surtout régionale : chaque peuple frappe des monnaies plus ou moins imitées des monnaies grecques, principalement des statères de Philippe II de Macédoine. L’imitation est volontairement déformée, dans un style rude et puissant, d’une interprétation souvent fantastique et débridée. Le cheval occupe une large place dans ces représentations. Certains symboles apparaissent : croix, roues, rectangles qui font penser à un sens mythique, voire religieux, en relation avec le druidisme.

Il semble que le monnayage d’or ait été utilisé surtout au moment de la conquête romaine. Les statères sont en or natif, métal récupéré dans les cours d’eau sous forme de paillettes ou provenant de mines ; le monnayage d’argent ou de bronze n’est pas d’une métrologie rigoureuse, et des différences apparaissent selon les régions.

Le premier souci de César, après la conquête de la Gaule, fut de remplacer tout le monnayage local par le numéraire romain et d’anéantir les coutumes antérieures. Un certain nombre d’ateliers furent ouverts, notamment à Lyon, Vienne, Nîmes, Amiens, Cologne...


Époques mérovingienne et carolingienne

Les Mérovingiens pratiquent un monnayage en or imité de Byzance. De 500 à 550, ce sont des imitations fidèles avec le monogramme du roi. À partir de 600 apparaissent les monnaies frappées par des monétaires locaux : ce sont des triens, avec souvent la croix ancrée et des légendes hermétiques, parfois intraduisibles. Les effigies sont d’un style rudimentaire.

Pépin le Bref supprime le monnayage d’or et lui substitue le denier d’argent : petite monnaie légère, de 1,70 à 1,80 g, ne portant que des inscriptions ou un monogramme. Les portraits impériaux sont très rares ; sur le revers se trouve assez fréquemment un temple avec la devise Christiana religio, censé représenter la basilique romaine de Saint-Pierre, où Charlemagne fut couronné.

Après la scission de l’Empire carolingien, le droit monétaire est concédé à diverses églises ; la féodalité naissante prétend au droit d’émettre son propre numéraire. Pour rétablir l’ordre, l’édit de Pîtres, en 854, réduit à neuf le nombre des ateliers. Il prescrit quels doivent être les types, avec le nom royal en légende circulaire et la formule Gratia Dei rex. Mais l’activité des ateliers royaux est concurrencée par la pénétration massive des sous d’or byzantins nécessaires aux transactions commerciales ; la décadence rapide de l’autorité royale ne peut s’opposer à l’éclosion et au développement des ateliers monétaires féodaux, dont le nombre dépasse la centaine au xe s.


Des Capétiens à Louis XIII

Hugues Capet émet d’abord des monnaies dans ses fiefs, Bourges, Compiègne, Dreux, Étampes, Mantes..., puis, à partir de 987, frappe le denier « parisis » avec en légende HVGOFRAREX et PARISCIV (Hugo, Francorum rex et Parisius civis). De nombreuses monnaies féodales continuent à circuler sur les marchés. Philippe Auguste, puis Saint Louis renforcent l’autorité royale ; en 1266 réapparaît la monnaie d’or : c’est l’écu d’or de Saint Louis, émis pour dix sous « tournois » (de la ville de Tours, centre d’émission jusqu’au xiiie s.).

Le monnayage d’or se développe rapidement sous les Valois. Les sujets sont inspirés directement de la sigillographie* : le roi est assis — sous un dais, sous une tente, entre deux lis —, debout, chevauchant. Parfois, les sujets sont religieux : l’agneau pascal, un ange, saint Georges.

Alors que les monnaies en or conservent toujours un titre extrêmement élevé, la monnaie d’argent subit des altérations excessives, engendrant la monnaie de « billon » (alliage). Si Philippe le Bel a été traité de faux-monnayeur, cette appellation contestable ne peut se référer qu’aux monnaies divisionnaires, de petite valeur, ou aux monnaies « noires », de « bas alois », c’est-à-dire en alliage d’un titre médiocre. À partir de Charles VI, la monnaie d’or la plus diffusée est l’écu, pesant près de 4 g, plus lourd que le florin, le sequin et plus tard le ducat des autres pays européens, d’un poids officiel de 3,50 g.

Sous Louis XII apparaissent les premiers portraits dus à l’influence de la Renaissance italienne ; ce sont, pour l’argent, des testons, nombreux sous François Ier. Les guerres de Religion, le climat économique incertain empêchent en France toute évolution technique dans la frappe des monnaies, tandis qu’en Allemagne, en Angleterre ou en Italie se développe un mode de frappe plus avancé, facilitant les échanges commerciaux.