Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Numidie (suite)

Le limes de Numidie se caractérisait, comme toutes les défenses romaines d’Afrique du Nord, par un système défensif lâche, très échelonné en profondeur et qui n’excluait pas des entreprises agricoles, en des zones qui aujourd’hui défient toute culture. L’époque impériale romaine bénéficia d’une grande prospérité agricole et des progrès de la civilisation urbaine. Le déclin commença au Bas-Empire* avec les troubles causés par le donatisme et les révoltés des circoncellions. L’invasion vandale (429) et, aux viie-viiie s., la conquête arabe entraînèrent de plus grands désordres encore et la ruine économique.

R. H.

➙ Afrique romaine.

 C. Saumagne, la Numidie et Rome. Massinissa et Jugurtha (P. U. F., 1967).

numismatique

Science ayant pour objet l’étude des monnaies*.


Science auxiliaire de l’histoire, la numismatique est aussi l’art de collectionner les monnaies et de mettre en lumière leur intérêt iconographique et économique. Dans une définition large, elle comprend l’étude et la collection des médailles*. S’y rattachent également les jetons, qui, après avoir servi d’unités de compte, ou « jettoirs », devinrent des documents apparemment monétiformes, objets de gratifications et d’étrennes (voir « jetons de présence »), ainsi que les méreaux civils ou religieux, sortes de bons à valoir métalliques.


Les monnaies des origines à Byzance

Les grandes civilisations antérieures à la Grèce — l’Égypte, la Chaldée, l’Assyrie, la Crète — n’ont pas eu de monnaies au sens propre du mot ; les échanges commerciaux s’y réalisaient par troc. Chez les Grecs d’Homère, la valeur des choses se détermine par un facteur populaire et constant : on compte en têtes de bétail.

Les métaux apparaissent fréquemment comme étalon d’échange : pépites ou paillettes d’or récoltées sur les pentes du mont Tmolos ou dans les eaux des lacs de Libye ; anneaux d’or et d’argent pesés, comme le montrent les peintures égyptiennes. Le bronze figure souvent dans les paiements : haches, trépieds, chaudrons ; on a recueilli, en Crète notamment, des haches bipennes dont le poids varie entre 5 g et 35 kg. Mais tous ces étalons étaient d’usage difficile, d’autant que le métal était parfois défectueux et la contrefaçon facile.

D’où naît, en Grèce d’Asie semble-t-il, et au viiie s. avant notre ère, cette invention, ce « phénomène monétaire » consistant à apposer sur de petits lingots de métal, tous de poids soigneusement identique, une marque qui atteste leur valeur et les rend propres aux échanges commerciaux.


La Grèce

À partir du viiie s., l’invention de la monnaie se répand à travers la Grèce orientale, les îles, le Péloponnèse, la Grèce continentale, avec plus ou moins de rapidité. Chaque ville adopte un type caractéristique, représentant une divinité, un animal, une armoirie parlante. C’est ainsi qu’Égine adopte la tortue, Athènes la chouette de sa déesse éponyme, Corinthe un Pégase ailé ; les colonies grecques d’Italie et de Sicile témoignent d’une grande activité dès les vie-ve s. : à Syracuse, par exemple, est créé le demareteion au type d’Aréthuse.

Il existe, sur l’ensemble de la Grèce, plusieurs systèmes monétaires ; l’un des plus importants est celui d’Égine, de Sparte, d’Argos, où le poids-étalon est la mine éginétique de 628 g d’argent, et la monnaie de base le statère pesant 12,57 g, soit le cinquantième. En Attique, en Eubée et bientôt dans la plus grande partie de la Grèce, la mine pèse 436 g d’argent ; le drachme pèse le centième, et le tétradrachme 17,46 g d’argent. Il existe aussi, en petit nombre, des monnaies d’or et d’électrum (alliage d’or et d’argent). Le bronze est également employé.

La technique est rudimentaire. Les pastilles métalliques, ou flans, sont enserrées entre deux empreintes en bronze ou en fer appelés coins : le coin inférieur, dénommé pile, le coin supérieur, ou trousseau, sur lequel on frappe à coups de marteau jusqu’à ce que les deux coins aient pénétré dans la pastille et lui aient fait prendre le modelé souhaité. Les coins sont gravés à la main, avec un soin extrême, par des artistes qui souvent signent leurs œuvres : à Syracuse, Cimon et Évainète signent les superbes décadrachmes représentant un quadrige au galop, qui évoquent les jeux d’Asinaros et commémorent la victoire sur les Athéniens en 413 av. J.-C.

À l’époque hellénistique, le portrait, surtout de profil, est à la mode ; il est d’abord de très belle facture, mais progressivement une décadence se produit, le style devient plat, les reliefs suggérés perdent leur puissance.


Rome

Succédant à l’usage primitif de lingots de bronze, aes rude, aes signatum, aes grave, les premières monnaies en argent apparaissent, selon Pline, en 269 av. J.-C. ; à cette date est installé à Rome, dans les dépendances du temple de Junon Moneta, un atelier monétaire surveillé par trois magistrats, les triumviri monetales. Ce sont les didrachmes en argent romano-campaniens. Puis, vers 187-169 av. J.-C., est créé le denier d’argent présentant au droit la tête casquée de Rome et au revers les Dioscures, les meneurs divins de la cavalerie ; ensuite, on remplace les Dioscures par un bige, puis par les exploits glorieux des triumvirs : un éléphant pour Q. Caecilius Metellus, un carnynx (trompette gauloise) commémorant la victoire sur le roi des Arvernes, Bituit, l’aqueduc de l’Aqua Marcia en 144, la statue d’Aemilius Lepidus au Capitole... Le poids du denier d’argent, selon la loi Flaminia, est de 3,80 g (soit le quatre-vingt-quatrième de la livre). La monnaie d’or est peu usitée et n’apparaît vraiment qu’à partir des guerres civiles. C’est l’aureus, valant 25 deniers d’argent. Jules César fut le premier, par sénatus-consulte de 44 av. J.-C., à être autorisé à faire représenter son portrait sur l’avers des monnaies. Depuis, tous les empereurs battent monnaies à leur effigie ; la précision iconographique est remarquable et permet souvent d’identifier leurs portraits sculptés.