Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Novgorod (suite)

Dans le domaine de la peinture d’icônes, une école originale naît à Novgorod au xiie s. ; son apogée se situe à la fin du xive s. et au xve s. Les icônes de Novgorod, dont on peut prendre pour exemples celle de Saint-Georges et celle de Saint-Élie, ou encore celle qui représente la lutte des habitants de Novgorod contre ceux de Souzdal (Moscou, galerie Tretiakov), se caractérisent par la simplicité des sujets, le statisme et surtout les couleurs vives et pures.

S. T.

 V. Lazarev, l’Art de Novgorod (en russe, Moscou, 1947) ; les Icônes de Novgorod (en russe et en anglais, Moscou, 1969).

Novossibirsk

V. de l’U.R. S. S., en Sibérie ; 1 161 000 hab.


C’est la huitième ville soviétique par sa population, accrue de près d’un tiers de 1959 à 1970 (aujourd’hui presque le triple de la population de 1940, près de trente fois celle de 1913 [une quarantaine de milliers d’habitants]).

Le développement de cette ville-champignon est dû à trois facteurs : la position géographique, la croissance industrielle et le rôle de capitale régionale.

Une première agglomération d’izbas est fondée en 1893 sur le fleuve Ob, large ici de plus de 1 km, sous le nom de Novonikolaïevsk. Pendant près de vingt ans, elle est presque exclusivement une ville de pont que franchit le Transsibérien, un marché où s’échangent les produits agricoles de la steppe au sud et de la taïga au nord, une gare importante avec dépôt de locomotives et ateliers de réparation, le point de rassemblement des colons-paysans de la région. La ville se dégage très lentement de ce rôle et de sa physionomie primitive. Le premier édifice en brique n’est construit qu’en 1910. C’est jusqu’au début des premiers plans un grand village de bois, aux pistes tantôt poussiéreuses, tantôt boueuses, oasis dans la forêt, se peuplant lentement de migrants, sans rôle industriel.

La ville profite du développement du bassin du Kouznetsk, situé au sud-est, et des activités entraînées par la mise en œuvre du combinat Oural-Kouzbass. Elle se situe au débouché et en aval de la production lourde du bassin, et, en tant que carrefour ferroviaire, elle reçoit la majeure partie de la production de fonte et d’acier. C’est cette situation d’aval dans la chaîne des fabrications qui a favorisé la ville. Aux premières usines, transformant les matières premières locales (scieries, tanneries, minoteries, laiteries), s’ajoutent les premières grandes entreprises de constructions mécaniques, employant la matière livrée par le Kouzbass. D’abord ont été produites les machines pour le développement de l’agriculture sibérienne (et dont l’activité a été multipliée avec le défrichement des « terres vierges ») ; c’est l’entreprise Sibselmach (sigle de « Machines agricoles de Sibérie ») qui produit toute la gamme des machines, dont une partie est livrée aux grands sovkhozes et une autre exportée à l’étranger. Puis sont venues des usines de fabrication de machines-outils pour l’industrie minière et mécanique, fondées au cours des transferts de la Seconde Guerre mondiale près de l’entreprise précédente. La ville produit en particulier des presses hydrauliques, exportées dans les autres pays socialistes et dans le tiers monde. En rapport avec l’équipement des fleuves sibériens, une troisième entreprise géante a été fondée en 1953, la Sibelektrotiagmach (« Motrices électriques de Sibérie »), qui a fourni les turbines et générateurs de la centrale de Bratsk et des autres centrales géantes en construction. Autour de ce noyau métallurgique se sont développées de nouvelles usines textiles et alimentaires, en particulier pour l’emploi de la main-d’œuvre féminine. Une nouvelle usine sidérurgique comporte une aciérie électrique et des laminoirs ; elle fournit des tôles fortes et des aciers magnétiques aux usines de machines-outils. Un troisième secteur, la pétrochimie, doit prendre son essor avec l’arrivée à Novossibirsk de l’oléoduc transsibérien et du gazoduc en provenance des riches gisements de gaz naturel de la Sibérie occidentale, en particulier de la région de Sourgout.

Enfin, Novossibirsk a été choisie comme capitale de la « grande région économique » de la Sibérie occidentale, la plus proche de l’Europe et de l’Asie centrale, la plus riche et la plus active des trois régions formant la Sibérie. À ce titre, elle concentre des institutions et des administrations importantes ; elle fait office de capitale pour le Kouzbass, où les services sont faiblement développés, et pour les vastes étendues de la plaine de l’Ob, et elle ravit aux autres villes du Transsibérien, comme Omsk ou Tomsk, des fonctions de service. Ce rôle s’exprime sur le plan intellectuel et scientifique. En 1956 fut décidée la création, effective en 1959, de la « Cité des savants » (Akademgorodok) au bord de l’Ob, destinée à concentrer des dizaines de laboratoires de recherche et d’établissements d’enseignement en un lieu privilégié, où une partie des recherches doit être orientée vers la connaissance et le développement de la nature et de l’économie sibériennes, mais qui comporte des instituts célèbres, comme celui des mathématiques. On compte ainsi des centaines de bâtiments consacrés à la recherche, plusieurs milliers de maisons d’habitation dans un des plus vastes campus du monde, au milieu de la taïga : 40 000 chercheurs et leurs familles y résident, malgré la rigueur de l’hiver et la monotonie de la vie. Pour l’ensemble de l’agglomération, on compte plus de 200 établissements d’enseignement secondaire, 15 établissements d’enseignement supérieur avec plus de 70 000 étudiants, ce qui représente la population totale de la ville après la Première Guerre mondiale.

La ville s’allonge sur les deux rives de l’Ob et au bord du barrage-réservoir appelé mer de l’Ob, première centrale hydraulique géante sur le fleuve. Elle se compose d’un centre monumental, de cités résidentielles autour des usines, séparées par des kilomètres de forêt, possédant ainsi une des superficies urbanisées les plus étendues de l’U. R. S. S. : plus de 400 km2. Le rythme de la construction est un des plus élevés de l’Union. La majeure partie de la population se compose de jeunes, et les taux d’excédent naturel restent élevés. Contrairement à d’autres villes de Sibérie, le nombre de départs est faible, l’équipement socio-culturel et les hauts salaires suffisant à retenir la population. L’imprimerie, l’édition, la radio, la télévision et les studios de cinéma attirent, en dehors des instituts de recherche, une population jeune originaire de Russie.

A. B.

➙ Sibérie.