Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Nouvelle-Guinée (suite)

La population

La Nouvelle-Guinée est habitée depuis des millénaires par des populations groupées souvent sous le nom de Papous. En réalité, elle apparaît un peu comme un carrefour ethnique et une terre de refuge pour les populations primitives les plus variées. On compte des centaines de langues différentes. On peut distinguer : des Pygmées, réfugiés dans des vallées isolées des montagnes centrales ; des Malo-Papouanésiens, qui habitent aussi les plateaux et les vallées de la chaîne principale ; des Palindo-Papouanésiens, qui vivent dans certaines plaines marécageuses (Sepik) ; des Mélanésiens, installés dans les régions littorales de la Nouvelle-Guinée orientale et les îles ; des Polynésiens, en quelques points de la côte sud-est et dans certaines îles. En Irian occidental, il y a naturellement d’importants apports malais.

La population de l’ancienne Nouvelle-Guinée australienne était évaluée en 1970 à 2,4 millions d’habitants, soit une densité de 5 habitants au kilomètre carré. Le taux d’accroissement annuel serait de 2,4 p. 100, mais les évaluations sont rendues aléatoires par l’isolement de certaines populations. L’Irian occidental aurait environ 900 000 habitants. La population est très inégalement répartie : on estime que près de la moitié des habitants de la partie australienne vivent dans les montagnes de la chaîne centrale, au climat frais et exempt de malaria ; certaines hautes vallées ont de 30 à 50 habitants au kilomètre carré. Une forte densité se retrouve dans certaines parties du littoral et des îles annexes (presqu’île Gazelle de la Nouvelle-Bretagne).


L’économie

Les groupes montagnards ont, le plus souvent, conservé leur genre de vie traditionnel, fondé sur la culture sur brûlis et l’aménagement de jardins pour la patate douce (Ipomea batatas) et quelques plantes subsidiaires : taro, maïs, canne à sucre, bananier ; récemment, la hache de pierre et le bâton à fouir ont été remplacés presque partout par la hache et la bêche de fer importées. Le champ est défriché et préparé par les hommes, mais cultivé par les femmes. L’élevage du porc a surtout un caractère social et rituel. Dans l’ensemble, la population montagnarde n’est pas sous-alimentée ; elle vit dans de pittoresques villages ou hameaux aux cases de formes différentes selon les régions et aux maisons communes richement décorées.

Dans les immenses plaines marécageuses, beaucoup moins peuplées (sauf celles du Sepik), les cases sont perchées sur de hauts pilotis. La ressource essentielle est souvent le sagoutier (Metroxylon sagu), un palmier dont la moelle donne une farine consommable. Sur les côtes sableuses, en particulier dans les petites îles, apparaît, à côté des tubercules (taros, ignames), le cocotier, aux multiples utilisations. En contact depuis plus longtemps avec les Européens, administrateurs et missionnaires, les populations côtières ont souvent un genre de vie plus transformé que les montagnards. Des coopératives ont été organisées pour permettre aux propriétaires de cocoteraies de commercialiser leur production. Le gouvernement australien fait des efforts pour simplifier le système coutumier de propriété, très complexe. Avec l’aide de l’Administration, les Tolais de Nouvelle-Bretagne ont planté de nombreuses cacaoyères.

La pénétration des Européens dans l’intérieur de la Nouvelle-Guinée a été réalisée grâce à l’avion et à la construction de quelques routes autour des centres principaux : les aérodromes de Mount Hagen et de Goroka sont les grands points d’accès aux hautes terres centrales. Des plantations de caféiers (arabica) ont été installées entre 1 200 et 1 800 m, et appartiennent pour moitié à des Européens et moitié à des Papous groupés en coopérative. Il s’y ajoute quelques cultures de passiflore et de pyrèthre (insecticide). Huit grosses sociétés sont en train de créer de vastes plantations de théiers (4 800 ha).

Sur la côte, l’emprise européenne est à la fois plus ancienne et plus profonde. De vastes plantations de cocotiers ont été développées en Nouvelle-Bretagne, en Nouvelle-Irlande et à Bougainville. Du gros bétail pâture sous les cocotiers et fournit une ressource complémentaire. Les Blancs ont également développé des plantations de cacaoyers, en particulier dans la presqu’île Gazelle (Nouvelle-Bretagne), près de Lae (Nouvelle-Guinée) et en Nouvelle-Irlande. À l’est de Port Moresby et à Bougainville, on trouve également quelques plantations d’hévéas. La main-d’œuvre vient surtout des hautes terres de l’intérieur.

En Irian occidental, le développement économique est nettement moins rapide que dans la partie australienne. Les cultures commerciales, cocotier sur la côte, café à l’intérieur, sont peu étendues.

Les ressources minières sont encore très limitées : l’or, découvert en pleine montagne en 1926, est encore exploité à Bulolo, mais n’a plus guère d’importance. Quant aux ressources pétrolières de l’Irian occidental, elles se sont révélées décevantes. En 1964, la Conzinc Rio Tinto a découvert à Panguna (Bougainville) un important gisement de cuivre : il est prévu d’extraire chaque année 32 Mt de minerai à 0,48 p. 100, ce qui donnera une production de 150 000 t de cuivre, plus un peu d’or et d’argent. Après concentration sur place (à 30 p. 100 de cuivre), le minerai sera envoyé sous forme semi-liquide par pipe-line au port d’exportation d’Anewa Bay.

L’économie de la Papouasie-Nouvelle-Guinée repose donc presque entièrement sur l’exportation de produits agricoles. En 1969-70, le coprah (120 000 t) représente environ 30 p. 100 de la valeur des exportations. Viennent ensuite le café (25 000 t), le cacao (24 000 t), le caoutchouc (6 400 t), le thé (680 t). La forêt fournit également des bois de valeur.

Les exportations sont encore très insuffisantes (taux de couverture de l’ordre de 50 p. 100) pour permettre à l’État d’équilibrer sa balance commerciale. Les produits importés viennent surtout d’Australie, du Japon et de Grande-Bretagne. Les ressources du tourisme (24 100 visiteurs en 1968-69) sont modestes, malgré l’extraordinaire pittoresque du pays. C’est l’Australie qui comble le déficit et équipe le pays. Son aide économique dépasse largement la valeur des exportations.