Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Norvège (suite)

 A. R. Bugge, la Stavkirke norvégienne (en norvégien, Oslo, 1953). / L’Art populaire norvégien (Éd. des Deux Mondes, 1954). / R. Hauglid et L. Grodcki, Norvège, peintures des églises en bois (Unesco, 1955). / O. Klindt-Jensen et D. M. Wilson, Viking Art (Londres, 1966). / P. Anker et A. Andersson, l’Art scandinave (Zodiaque, la Pierre-qui-Vire, 1968-69, 2 vol.).

Norwid (Cyprian)

Poète polonais (Laskowo-Głuchy, en Mazovie, 1821 - Paris 1883).


Norwid, poète maudit, fut incompris durant sa vie et le resta des années entières après sa mort : sa poésie fut, avant l’œuvre de Baudelaire et de Rimbaud, celle d’un précurseur des temps modernes.

Le poète paraît « marqué » dès sa naissance par un destin tragique. Issu d’une famille de petite noblesse, orphelin de bonne heure, il compose à dix-huit ans ses premiers poèmes connus (Solitude et Mon dernier sonnet). L’insurrection polonaise de 1831 lui inspire la Nuit et les Adieux (1842), qui connaissent quelque succès. Il part pour l’Allemagne et pour l’Italie afin d’étudier la sculpture. Lors de son séjour à Berlin (1846), suspect de contacts avec des émissaires émigrés, il est emprisonné ; il connaît alors les débuts d’une surdité dont il souffrira toute sa vie. De retour en Italie, il compose le drame Zwolon (en 1848) et des poèmes dramatiques (Wanda et Krakus). Dès son arrivée à Paris (le poème Vendôme, 1849) commence la période des critiques, de l’incompréhension, de l’indifférence, des refus de publication, de la misère. Norwid répond à ses adversaires par son Scherzo et Promethidion (publié en 1851) et il compose la Rhapsodie funèbre à la mémoire de Bem et Menego (1850-51). Il gagne sa vie comme dessinateur ou simple ouvrier. Après un court séjour à New York (1852), où il souffre intensément du « mal du pays », il retourne à Paris et s’y installe définitivement (1854). Il dessine, peint, et écrit : poèmes (Quidam, 1855), poésies lyriques (Rêve, 1856), drames, essais (Fleurs noires, Fleurs blanches, 1856), traités (De l’art, publié en 1858). La maison d’édition Brockhaus de Leipzig publie le recueil Poésies et le drame Krakus (1862). L’exécution de John Brown en 1859 en Amérique pousse Norwid à lui dédier deux poèmes, les événements de Pologne (l’insurrection de 1863) à rédiger plusieurs articles et poésies lyriques (le Piano de Chopin, Mémento, 1863 ; les Sibéries, 1865) ainsi qu’un poème politique (Fulminant, 1863) ; le siège de Paris (1870) est à l’origine d’un poème débutant par l’hymne polonais paraphrasé. En vain se prépare-t-il à publier le second volume de ses poésies, Vade-mecum. Sur la liberté de la parole, Assunta et A. Dorio ad Phrygium (1869-1871) expriment les opinions de Norwid sur l’art et sur sa philosophie. Dans une de ses lettres, il exhale son espoir de « se rendre à l’Est » : « [...] c’est mon unique désir ! tous, tous à leur tour, m’ont été toute ma vie arrachés... ; c’est le seul qui soit resté [...] » En 1877, le poète consent à s’établir à Saint-Casimir, maison de retraite pour les émigrés polonais sans ressources ; isolé, malade, espérant encore, en vain, faire publier certaines de ses œuvres, il compose des poèmes (Mon psaume, Confession, Épisode), des essais (Silence, 1882) et des nouvelles (Stigmate, Ad leones, le Secret de lord Singelworth, 1883). C’est alors qu’il meurt.

La poésie de Norwid est avant tout intellectuelle. Son œuvre est celle d’un poète-penseur et d’un révolté ; c’est une mise en accusation du monde contemporain avec ses misères et ses oppressions. Prophète du Bien et du Vrai, auteur d’une œuvre « utilitaire » sans grâce ni coquetterie, il parle aux consciences et appelle aux actes (Promethidion, Fulminant, Vade-mecum, le Secret de lord Singelworth).

Et cela dans une langue condensée, pleine de sous-entendus, d’abréviations, d’allusions, de métaphores et d’allégories (Nuit, Marbre-blanc, Sur le décès de la Poésie), dans une forme dite « cryptographique » qu’il crée et invente ; ce serait « une erreur abominable... de lire les œuvres d’un pays malheureux comme on lit celles des poètes triomphants », dit-il. Ce penchant vers le raccourci ne fut que renforcé par l’influence étrangère : celle de la littérature italienne (Dante, le Tasse, Savator Rosa), de Shakespeare, de Calderón, de la Bible.

Et pourtant, sous des apparences de rigidité et de sécheresse se cache en Norwid un poète particulièrement sensible, auteur de merveilleux vers lyriques (Ma chanson, Italiam ! patrie, À Prière, Addio !). Le fond de son œuvre est son amour profond et visionnaire de la patrie, « obsédé » qu’il fut par les martyrs de son pays, par la Pologne soumise à l’esclavage (Quidam, Rêve, Ma Patrie, À l’ennemi, Dédicace).

Quelle vigueur imprègne cette poésie, chargée de termes philosophiques, d’archaïsmes et de néologismes ! Le langage de Norwid est celui d’un peintre et d’un sculpteur, où chaque détail est nettement tracé, où le jeu des lumières illumine les récits, où la prose, elle-même, cesse d’être prose.

Sa tragédie fut celle d’un incompris. Pourtant, Norwid espéra toujours en l’avenir, et c’est à la postérité qu’il dédia son œuvre.

K. S.

 J. W. Gomulicki, Introduction à la biographie de Norwid (en polonais, Varsovie, 1965).

notaire

Officier public dont le rôle est de rédiger des actes* authentiques.



Généralités

La loi du 6 octobre 1791 avait aboli tous les offices de notaires et les avait remplacés par des notaires publics nommés et institués par le gouvernement. C’est la loi du 25 ventôse an XI qui organise le notariat dans ses grandes lignes actuelles.

« Les notaires sont des officiers publics établis pour recevoir tous les actes et contrats* auxquels les parties doivent ou veulent faire donner le caractère d’authenticité attaché aux actes de l’autorité publique et pour en assurer la date, en conserver le dépôt, en délivrer des grosses et expéditions » (ordonnance du 2 nov. 1945). Les actes des notaires font preuve jusqu’à inscription de faux. Les notaires disposent de la formule exécutoire, du sceau et des panonceaux de la République ; ce qu’ils écrivent fait la loi des parties, et leurs actes doivent être exécutés comme les jugements* ou arrêts du pouvoir judiciaire.