Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Norvège (suite)

La Norvège indépendante (depuis 1905)

La Norvège devient rapidement une démocratie avancée. Des centrales syndicales y sont organisées dès 1899, et elle est un des premiers pays du monde à admettre le vote des femmes (1913). Des réformes sociales (aide aux chômeurs, assurances sociales [1914]) sont votées par des gouvernements de gauche. Toutefois, cette gauche norvégienne, qui doit s’appuyer sur le parti paysan (agrarien), n’a rien de révolutionnaire : en 1923 le parti ouvrier norvégien est exclu de la IIIe Internationale.

En réalité, le jeu politique se répartit entre les sociaux-démocrates (travaillistes), qu’une réforme électorale plus juste va favoriser à partir de 1921, et les partis bourgeois, conservateurs, les communistes n’ayant qu’une faible influence sur la classe ouvrière.

L’euphorie économique provoquée par la neutralité de la Norvège durant la Première Guerre mondiale est suivie d’une crise grave qui perturbe la vie du pays durant les années 1920 (100 000 chômeurs en 1928) et qui est relancée par la crise internationale de 1930. La marine marchande norvégienne tombe au huitième rang dans le monde en 1923 : elle ne retrouvera le troisième rang, qu’elle occupait avant la Première Guerre mondiale, qu’en 1935, mais elle est alors composée en majeure partie d’éléments très modernisés (moteur Diesel).

La situation se rétablit à partir de 1937 ; le réseau ferré, l’électrification et la mécanisation se développent, le prolétariat rural disparaît peu à peu, l’agriculture s’améliore par le système des prix garantis et des primes à l’exportation (création d’un Office national agricole en 1928).

Malgré la réforme électorale de 1921, le parti travailliste doit laisser le pouvoir aux libéraux et aux conservateurs, mais, en 1935, il l’emporte aux élections (gouvernement de Johan Nygaardsvold) et conserve le pouvoir, sans interruption, durant trente ans.

Sur le plan international, la Norvège, qui conteste au Danemark la possession du Groenland oriental, se la voit refuser par la Cour de La Haye en 1933 ; par contre, sa souveraineté sur le Svalbard (houille, pêcheries) est reconnue (1920). Elle s’engage résolument dans une politique neutraliste et, après la guerre d’Éthiopie, elle proclame à la Conférence d’Oslo, en avril 1938, son intention de ne participer à aucun conflit armé et le confirme, avec les autres États nordiques, en octobre 1939, à Stockholm.

Mais les convoitises de Hitler vont modifier la situation. Celui-ci désire s’emparer des ressources norvégiennes en métaux utiles à son armement (pyrite, molybdène, cuivre, etc.) et de ses côtes, abri idéal pour ses sous-marins (fjords) et base de départ pour des attaques aériennes sur l’Angleterre. Aussi, pendant que les Alliés songent à couper la « route du fer » suédois qui transite par Narvik, l’Allemagne, le 9 avril 1940, débarque des troupes dans les principaux ports norvégiens et s’empare des aérodromes d’Oslo et de Stavanger.

Le roi Haakon VII et le gouvernement de Nygaardsvold refusent l’ultimatum de Hitler et optent pour la résistance, tandis qu’un Norvégien pronazi, Vidkun Quisling (1887-1945), prend le pouvoir à Oslo. Le roi, que les Allemands ont voulu enlever, et son gouvernement se réfugient à Elverum. Les troupes norvégiennes se battent aux côtés des Alliés, qui essaient vainement de couper la route du fer à Narvik. Le 7 juin 1940, le roi installe à Londres le gouvernement norvégien, suivi par toute la marine du pays. Le 9 juin, l’armée capitule. La Norvège, où la résistance est galvanisée par les appels en provenance de l’Angleterre, est administrée par les Allemands. En février 1942 seulement, Quisling y forme un gouvernement de collaboration. La résistance des Norvégiens sera très utile aux Alliés (bataille de l’eau lourde, janv. 1944).

La Norvège est libérée sans combat à la capitulation allemande (8 mai 1945). Après la Seconde Guerre mondiale, les travaillistes sont réélus aux élections de 1945. Ils vont conserver le pouvoir durant vingt ans et renforcer le rôle de l’État dans tous les domaines, condition indispensable au redressement économique du pays. Aidée par les États-Unis (plan Marshall), la Norvège, où un système de planification économique est mis en vigueur, se relève rapidement. Elle signe le traité de l’Atlantique Nord en 1949 et entre dans le Conseil nordique, fondé en 1953. Elle participe depuis 1960 à l’Association européenne de libre-échange (A. E. L. E.). Son entrée dans le Marché commun, signée en janvier 1972, devait prendre effet le 1er janvier 1973. Mais le référendum du 26 septembre 1972 ayant repoussé (par 53,9 p. 100 des suffrages exprimés) le projet d’adhésion à la Communauté économique européenne, la Norvège se retire de tous les organismes communautaires de consultation où elle siégeait.

Dans ce pays où le Parlement a voté en mars 1972 presque à l’unanimité contre un projet de loi demandant l’abolition de la royauté, le prestige de la monarchie reste intact. Le roi Olav V a succédé à son père, Haakon VII, mort en 1957.

En 1965, les travaillistes perdent le pouvoir au profit d’une coalition groupant conservateurs, libéraux et agrariens. Ce gouvernement n’en pratique pas moins une politique sociale portant sur l’institution de retraites complémentaires et la prolongation de la scolarité. En mars 1971, les partis conservateurs au pouvoir s’étant divisés sur l’opportunité d’adhérer au Marché commun, le gouvernement démissionne et le chef du parti travailliste, Trygve Martin Bratteli (né en 1910), devenu Premier ministre, forme un gouvernement qui démissionne après le référendum de 1972. Après un intermède chrétien-démocrate, les élections de 1973 permettent à Trygve Bratelli de former un nouveau gouvernement minoritaire. En janvier 1976, il décide de se retirer. Odvar Nordli (né en 1928), désigné par le parti travailliste, lui succède.

P. P. et P. R.

➙ Danemark / Normands / Suède.