Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Nolde (Emil)

De son vrai nom Emil Hansen, peintre et graveur allemand (Nolde, Nord-Schleswig, 1867 - Seebüll, près de Niebüll, Frise septentrionale, 1956).


De 1884 à 1888, il apprend la sculpture sur bois à Flensburg. Il travaille ensuite à Munich, à Karlsruhe et à Berlin, enseigne le dessin à l’école d’art industriel de Saint-Gall en Suisse (1892-1898) et exécute en 1896 ses premières peintures, inspirées par les sites alpins, les « monts géants ». Il retourne à Munich et travaille avec Adolph Hoelzel (1853-1934) à Dachau. À Paris, en 1899-1900, il a la révélation de Daumier* et fréquente l’académie Julian. Il adopte en 1902 le nom de sa ville natale. Après des séjours à Berlin et à Copenhague, il s’installe en 1903 dans l’île d’Alsen, près de Flensburg. Il expose à Dresde en janvier 1906 (galerie Arnold), puis avec le groupe « Die Brücke ». Il s’en sépare dès l’année suivante, mais ce contact avec des artistes beaucoup plus jeunes a été stimulant : Nolde a déjà quarante ans, et sa carrière artistique prend son véritable départ.

Les tableaux, surtout des paysages, relèvent encore d’un impressionnisme dense revu par Van Gogh* ; leur exécution s’allège et se diversifie quand Nolde entreprend en 1909 la suite célèbre de ses thèmes religieux, œuvres dans lesquelles la ferveur et l’extase côtoient un érotisme mystique (Légende de Marie l’Égyptienne, 1912, Kunsthalle de Hambourg). Au cours de la même période, aquarelles, lithographies, bois et surtout eaux-fortes témoignent de la maîtrise parfaite et de la variété du talent de l’artiste (suite d’eaux-fortes inspirées par le port de Hambourg, 1910). Nolde s’intéressait depuis 1911 à l’art primitif, et il put accompagner deux ans plus tard une mission anthropologique en Nouvelle-Guinée, d’où il rapporta de nombreux dessins et aquarelles. De retour en 1914, il réside alternativement à Alsen et à Berlin. Les dernières compositions religieuses, d’une vitalité farouche (Saint Siméon et les femmes, 1915, coll. priv., Berlin), voisinent avec de somptueuses marines d’où l’anecdote est totalement bannie.

Le style de Nolde, désormais riche de maintes nuances, évoluera peu ; l’artiste utilise la couleur avec plus de hardiesse, en contrastes profonds, saturés, suit parfois d’assez près le motif, revient ailleurs à la stylisation. Des voyages, de 1920 à 1925 (Angleterre, France, Espagne, Italie) précèdent l’installation à Seebüll, près de la frontière du Danemark, en 1927. Paysages, études de fleurs et marines déploient à partir de 1930 une riche orchestration chromatique, peinte ou aquarellée (Pré fleuri et nuage, 1933, coll. priv., Hanovre).

Nolde est particulièrement malmené, avec E. L. Kirchner, par le gouvernement nazi : plus de mille de ses œuvres sont confisquées, et on lui interdit de peindre en 1941 ; il doit se contenter de brèves notations exécutées dans le secret et qu’il appelle des « peintures non peintes ». Après la guerre, il connaît une ultime période de plénitude créatrice, que nourrit une nature passionnément scrutée (Marine claire, 1948, fondation Nolde, Seebüll).

Irréductible aux influences, Nolde est une figure capitale de l’expressionnisme* germanique ; il joint au besoin de signifier intensément, propre à Die Brücke, la portée spirituelle de la couleur revendiquée par Der Blaue* Reiter. Les vicissitudes des années 20 et 30 l’ont peu atteint, contrairement à tant d’autres, ce qui donne à sa production une homogénéité subjugante. Ouverte en 1957, la fondation Nolde à Neukirchen est une étape indispensable pour la connaissance de l’artiste. La première exposition française de Nolde a eu lieu en 1969 au musée des Beaux-Arts de Lyon.

M.-A. S.

 G. Schiefler, Das graphische Werk von Emil Nolde (Berlin, 1911-1927 ; 2 vol.). / W. Haftmann, Emil Nolde (Cologne, 1958).

nom

Moyen d’individualisation des personnes consistant essentiellement dans l’usage d’un vocable ou d’une série de vocables officiellement employés pour les désigner.



Introduction

Le nom était initialement constitué par un vocable unique, puis la nécessité s’est fait jour d’y ajouter des accessoires, comme le nom du père, le nom de la femme. Le surnom, chez les Grecs et les Latins, a souvent remplacé le nom. Les Romains étaient très précis : leurs noms contenaient un prénom, un nom de gens, le nom du père, le surnom (Marcus Tullius Marci filius Cicero). Plus tard entre en scène le titre de noblesse, héréditaire et transmissible.

Le droit moderne français s’est peu occupé des noms : le code Napoléon ne contient que des allusions, qu’il faut compléter par quelques dispositions du droit intermédiaire demeurées en vigueur ainsi que par des lois de l’époque contemporaine. La coutume, la jurisprudence et même la pratique administrative ont achevé de donner sa forme à l’institution.

Dans la série des vocables qui servent actuellement à nommer une personne, il en est deux qui sont essentiels, parce qu’ils se retrouvent toujours : le nom de famille ou patronymique et le prénom. Les autres (surnom, particule, titre de noblesse) ne sont qu’exceptionnels.


Le nom


L’attribution du nom

Elle dépend de la filiation*. En vertu d’une longue coutume d’inspiration patriarcale, l’enfant* légitime prend à la naissance le nom du mari de sa mère, présumé son père.

Lorsqu’il y a filiation naturelle, plusieurs cas se présentent. Si l’enfant naturel est reconnu par les deux parents à la fois, il prend le nom du père. Si l’enfant naturel n’a pas été reconnu par ses deux auteurs en même temps, il prend le nom du premier qui l’a reconnu. Mais, si son père le reconnaît après sa mère, il pourra prendre le nom du père, pourvu que ses deux parents en fassent la déclaration conjointe devant le juge des tutelles ; le consentement de l’enfant sera alors requis s’il a plus de quinze ans. Dans tous les autres cas, le changement de nom d’un enfant naturel devra être demandé au tribunal.

Le mari de la mère d’un enfant naturel peut donner son nom à l’enfant qui n’a pas de filiation paternelle établie. Cela donne lieu également à une déclaration conjointe devant le tribunal. Dans les deux ans qui suivent sa majorité, cet enfant pourrait d’ailleurs demander au tribunal de reprendre son nom originaire.

Lorsque l’enfant naturel n’a pas été reconnu expressément, mais que l’acte de naissance porte l’indication de la mère, cette indication, si elle est corroborée par la possession d’état, vaut reconnaissance, et l’enfant reçoit le nom de la mère.