Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Arachnides (suite)

La respiration se fait par poumons ou par trachées (par la peau chez les petits Acariens) ; elle est exclusivement aérienne, ce qui isole les Arachnides des Mérostomes et des Pantopodes. Le système nerveux est condensé dans le prosome, mais les Scorpions ont encore des ganglions abdominaux. Le nombre des ocelles varie entre deux et dix ; ils manquent même chez les Ricinules et les Palpigrades ; le corps est couvert de soies sensorielles, parmi lesquelles il faut signaler les trichobothries, capables de réagir aux vibrations de l’air.

Tous les Arachnides se nourrissent de proies vivantes (mis à part le cas particulier des Acariens, souvent phytophages ou parasites) et les capturent par des mécanismes variés (poursuite, affût, pièges) ; l’animal subit souvent une digestion externe : seuls les liquides nutritifs sont aspirés.

Les sexes sont séparés ; dans beaucoup de groupes, leur rencontre donne lieu à des manœuvres ou danses prénuptiales extrêmement curieuses, et qui aboutissent à l’acceptation de la fécondation par la femelle. L’accouplement n’est direct que chez les Opilions et certains Acariens ; le sperme est transmis par des organes copulateurs (Araignées, Solifuges, Ricinules) ou par l’intermédiaire d’un spermatophore (Scorpions, Pseudoscorpions, Schizomides, Amblypyges). Le développement s’achève par l’éclosion d’une larve anatomiquement inachevée, qui vit sur ses réserves ou aux dépens de la mère ; après quelques mues apparaît une nymphe, très voisine de l’adulte ; elle mène une vie libre et active, et poursuit sa croissance jusqu’au stade imago. Il arrive, notamment chez les Acariens, où les larves n’ont que six pattes, que de véritables métamorphoses accompagnent la vie nymphale.


Ancienneté des Arachnides

Dès le Silurien, on connaît un Scorpion dont la morphologie paraît très voisine de celle des Scorpions actuels. Les Acariens sont connus depuis le Dévonien. Au Carbonifère, les Araignées, les Thélyphonides, les Opilions, les Phrynes, les Ricinuléides ont déjà des représentants ; il s’y ajoute cinq ordres propres à cette période : Architarbides, Haptopodes, Anthracomartides, Trigonotarbides, Kustarachnides. Si les terrains secondaires ont livré relativement peu de formes fossiles, le Tertiaire a livré des représentants de tous les ordres actuels ; l’ambre oligocène de la Baltique a fourni des Pseudoscorpions, des Acariens, des Araignées.

Une telle ancienneté, une telle floraison de structures dès l’ère primaire rendent difficiles et hasardeux les essais de reconstitution phylogénétique du groupe ; les formes où la métamérisation est encore nette — caractère primitif — montrent en même temps des spécialisations poussées, comme c’est le cas chez les Scorpions. Les affinités les plus profondes des Arachnides sont à rechercher du côté des Mérostomes, groupe de Chélicérates marins déjà très diversifié au Primaire, et dont les représentants actuels, les Limules, ne donnent qu’une pâle idée.

M. D.

 E. Simon, les Arachnides de France (Roret, 1874-1937 ; 12 vol.). / L. Berland, les Arachnides (Lechevalier, 1932). / P.-P. Grassé (sous la dir. de), Traité de zoologie, t. VI (Masson, 1949).

Arago (François)

Astronome, physicien et homme politique français (Estagel, Roussillon, 1786 - Paris 1853).


Fils d’un trésorier de la Monnaie à Perpignan, Dominique François Jean Arago, attiré par le métier militaire, il prépare à peu près seul l’École polytechnique. Examiné par Monge, il se montre extrêmement brillant et il est reçu à cette école à dix-sept ans. Devenu à sa sortie secrétaire au Bureau des longitudes, il est envoyé en Espagne, en 1806, comme adjoint de Biot, pour achever la mesure de l’arc du méridien terrestre. En août 1807, les plus importantes opérations étant terminées jusqu’aux Baléares, Biot rentre à Paris et laisse François Arago terminer les travaux.

Celui-ci se trouve alors surpris par la guerre ; il est enfermé, s’évade et, à la suite d’étonnantes aventures qui le mènent deux fois en Algérie, réussit enfin à regagner la France en 1809. L’Académie des sciences le reçoit comme membre à l’âge de vingt-trois ans, en dépit des règlements ; l’Empereur le nomme professeur d’analyse et de géodésie à l’École polytechnique. Devenu directeur de l’observatoire de Paris, il y fait des cours d’astronomie qui attirent un nombreux public.

Après 1830, il est élu député des Pyrénées-Orientales et siège à l’extrême gauche. En février 1848, porté par l’acclamation populaire au gouvernement provisoire et chargé de diriger les ministères de la Marine et de la Guerre, il fait abolir l’esclavage dans les colonies françaises. Député à la Constituante, il fait partie de la Commission exécutive, qui se démet en juin, et siège à la Législative. Ardent républicain, il refusera en 1852 le serment au nouveau gouvernement.

Ce sont ses travaux de physique, concernant les domaines les plus variés, qui vont le rendre célèbre. Dès 1806, il effectue avec Biot les premières mesures précises sur la densité de l’air et de gaz divers. En optique, il adopte et propage la théorie ondulatoire ; il est le protecteur et l’ami de Fresnel. Il mesure avec Biot l’indice de réfraction de l’air et d’autres gaz. En 1811, il découvre la polarisation rotatoire dans les cristaux de quartz, ainsi que la polarisation chromatique, dont Fresnel* va donner la théorie. On lui doit l’explication de la scintillation des étoiles ; il détermine avec précision le diamètre des planètes, en neutralisant l’effet de l’irradiation. En 1820, il réalise devant l’Académie des sciences l’expérience d’Œrsted*, dont il vient d’avoir connaissance ; il participe aux rapides progrès de l’électromagnétisme et découvre bientôt l’aimantation du fer placé au voisinage d’un courant électrique. En 1822, il organise l’opération montée par le Bureau des longitudes pour la mesure de la vitesse du son entre Villejuif et Montlhéry. En 1824, il découvre qu’un disque de cuivre entraîne dans sa rotation une aiguille aimantée, phénomène qui ne trouvera son explication que grâce à Foucault*, après la découverte de l’induction. L’année suivante, il est, avec Dulong, chargé par l’Académie des sciences de mesurer la tension de la vapeur d’eau jusqu’à plus de 30 atmosphères. Notons enfin sa découverte de la chromosphère, en 1840.

R. T.

 M. Daumas, Arago (Gallimard, 1943).