Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Arachnides (suite)

Les Opilions se nourrissent de petits animaux et ne semblent pas leur faire subir de digestion externe ; ils respirent par des trachées, et deux stigmates s’ouvrent sur le deuxième sternite abdominal. Les sexes sont séparés ; on a signalé des combats entre mâles rassemblés, mais jamais de danses prénuptiales. Observé depuis longtemps, l’accouplement est direct, fait exceptionnel chez des Arachnides : il n’y a ni spermatophore ni appendice copulateur. La femelle dépose ses œufs dans le sol à l’aide d’un long ovipositeur.

On groupe dans l’ordre des Acariens des Arachnides de petite taille, dont le corps, généralement globuleux, ne montre aucune segmentation, si bien qu’il est même souvent difficile de distinguer le prosome de l’abdomen. On a dénombré 15 000 espèces d’Acariens, dans tous les milieux ; à eux seuls, ils sont plus variés dans leur morphologie et leur biologie que les autres Arachnides réunis ; c’est le seul ordre qui comprenne des formes parasites (Sarcoptes, Tiques, Thrombidions).

On ne connaît qu’une cinquantaine d’espèces de Palpigrades, ou Microthélyphonides, dont la taille ne dépasse guère deux millimètres ; on les trouve dans la terre, car ils recherchent l’humidité et fuient la lumière ; ils sont signalés dans tous les continents. Leur céphalothorax est divisé en trois parties, leur abdomen à onze segments se termine par un flagelle comme celui des Thélyphonides ; les pédipalpes servent à la locomotion, alors que la première patte joue un rôle tactile.

Les Thélyphonides (75 espèces d’Amérique et d’Asie) doivent leur nom de « Scorpions à fouet » au flagelle articulé impair qui prolonge l’abdomen segmenté. Le plus grand d’entre eux, Mastigoproctus giganteus du Mexique, atteint 7 cm de long. Les Thélyphonides creusent des terriers avec leurs pédipalpes robustes ; avec les pinces qui les terminent, ils capturent leurs proies, insectes et vers. La première paire de pattes n’intervient pas dans la marche ; par leur position et leur rôle, celles-ci rappellent des antennes. La respiration est pulmonaire, comme chez les Scorpions. L’ordre était déjà représenté au Carbonifère.

Les Schizomides ne mesurent pas plus de quelques millimètres ; on en connaît une cinquantaine d’espèces, qui vivent sous les pierres, sous les feuilles mortes, dans les régions tropicales et équatoriales. Ils se rapprochent suffisamment des Thélyphonides pour que certains auteurs ne fassent qu’un seul ordre de ces deux groupes, celui des Uropyges ; mais leur céphalothorax est divisé en trois régions, les pédipalpes se terminent par une griffe et non par une pince, ils n’ont que deux poumons et leur flagelle abdominal est très court.

Les Phrynes, ou Amblypyges, vivent en Afrique, en Asie, en Amérique, dans les endroits humides, les arbres tombés, les fentes de rochers ; leur corps plat ne dépasse pas cinq centimètres de long et porte un abdomen à douze segments. Mais les pattes sont démesurément longues, surtout les antérieures, qui, pendant la marche, jouent un rôle tactile, et dont le tarse est subdivisé en multiples articles (elles valent aux Phrynes le nom d’« Araignées à fouet »). Les pédipalpes sont également très longs et armés d’épines ; ils servent à capturer des insectes, que déchirent les crochets des chélicères. Quatre poumons assurent la respiration. La femelle, fécondée par un spermatophore, garde ses œufs dans une sorte de sac qu’elle porte sous le ventre.

Les Ricinuléides, ou Podogones, ne sont connus que par une vingtaine d’espèces des régions chaudes d’Afrique et d’Amérique. Ce sont des formes de petite taille (un centimètre au plus), rares, vivant dans les lieux humides, et qui se caractérisent morphologiquement par la présence d’une plaque recouvrant dorsalement la tête (cucullus), d’organes copulateurs sur les tarses des troisièmes pattes des mâles, d’un abdomen montrant quatre segments et de stigmates s’ouvrant à la face dorsale du céphalothorax.

L’ordre des Aranéides, ou Araignées, est le plus riche des Arachnides (40 000 espèces). Un pédicule très fin relie le prosome à l’abdomen ; celui-ci n’est segmenté que chez quelques formes primitives, et porte à l’arrière des appendices modifiés en filières. La respiration se fait par des poumons et des trachées, plus rarement par un seul de ces organes. Les chélicères sont reliées à des glandes venimeuses.

Les Solifuges, ou Solpugides (600 espèces), vivent dans les régions chaudes et sèches ; comme leur nom le suggère, ce sont des formes nocturnes, se tenant le jour dans de petites cavités creusées sous les pierres ; cependant, certains sont suffisamment attirés par la lumière pour mériter le nom d’« Araignées du soleil ». Ce sont des animaux actifs, rapides, agressifs. Le céphalothorax est divisé en trois parties, et l’abdomen porte onze segments. Les chélicères attirent l’attention par leur taille imposante et leur mobilité ; elles servent à attraper et à triturer les proies, mais n’ont pas de glandes venimeuses ; chez le mâle, elles jouent le rôle d’organe copulateur. Les pédipalpes sont allongés comme des pattes et ont un rôle préhenseur grâce à une ventouse terminale ; par contre, les pattes antérieures sont des organes tactiles. Très développé, l’appareil respiratoire comporte un réseau trachéen complexe s’ouvrant par trois paires de stigmates. Après la fécondation, la femelle creuse un terrier et reste près des œufs pondus et des larves.


Caractères généraux

Protégé par un tégument bien sclérifié, le corps se compose de deux régions : le céphalothorax (prosome) et l’abdomen (opisthosome). Le céphalothorax correspond à la tête et au thorax des Insectes ; il ne montre pas de segmentation chez l’adulte ; mais des sillons transversaux peuvent le subdiviser, comme chez les Solifuges, les Palpigrades, les Schizomides et certains Acariens. L’étude du développement embryonnaire et l’examen des appendices révèlent la véritable métamérie : une pièce antérieure, l’acron, dépourvue d’appendices mais portant les ocelles, précède six métamères, le premier avec les chélicères, le second avec les pédipalpes, et les autres avec les huit pattes locomotrices.

Occupant la même situation que les antennes chez les Insectes et les Crustacés, les chélicères sont des organes caractéristiques, formés de deux ou trois articles, parfois quatre ; elles forment en général de petites pinces, mais, chez les Araignées, l’article distal est un crochet venimeux.

D’un ordre à l’autre, les pédipalpes, ou pattes-mâchoires, ont des aspects et des rôles différents ; ils forment les grandes pinces des Scorpions, deviennent des organes copulateurs chez les Araignées mâles ; fréquemment, leurs hanches dentelées servent à la mastication, à moins qu’elles ne se soudent en un plancher buccal.

Chacune des huit pattes ambulatoires comporte sept articles. Dans plusieurs ordres, les pattes antérieures sont tactiles et font office d’antennes.

En dehors des Acariens et des Araignées, l’abdomen est segmenté, mais le nombre de segments varie d’un groupe à l’autre, généralement entre dix et douze. Il porte parfois des appendices : peignes des Scorpions, filières des Araignées.