Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Nîmes (suite)

Depuis la Seconde Guerre mondiale, Nîmes connaît une croissance importante, accélérée dans les années 60 et qui a conduit à la naissance d’une ville nouvelle en une décennie. En dehors des quartiers traditionnels et en ordre continu (dont le vieux centre historique), on peut retenir quelques aspects des différents visages de la Nîmes nouvelle. Dans le secteur nord, entre la ville et le camp militaire des Garrigues, qui bloque son extension, c’est le domaine de l’habitat dispersé, qui a gagné les collines et s’est étalé au long des routes d’Uzès, d’Alès et de Sauve. La villa a succédé au « mazet », la petite construction de fortune perdue dans les olivettes, qui abritait les repas dominicaux ; les anciens chemins ruraux, encore étroits et tortueux, mais jalonnés de constructions luxueuses, attendent d’être promus au rang de rues. À l’est, les implantations militaires, le cimetière, la gare de marchandises ont constitué autant de handicaps pour une extension, qui s’est affirmée à partir des années 50 sous forme de grands ensembles : Chemin Bas d’Avignon, Clos d’Orville essentiellement ; plus de 4 000 logements nouveaux se sont implantés sur d’anciens terrains agricoles.

Mais c’est la Z. U. P., aménagée à l’ouest, qui a le plus contribué à donner une image nouvelle de Nîmes ; on a mis à profit les petites collines de la garrigue, dont le terrain, bon marché, facilitait une opération d’urbanisme de grande envergure ; l’ensemble est prévu pour 40 000 habitants répartis dans plus de 10 000 logements : grands ensembles H. L. M. et pavillons individuels appuyés sur un équipement scolaire, commercial et sportif grâce à la proximité du stade municipal. C’est une deuxième ville qui voit le jour, le pendant du centre historique au-delà de l’axe de symétrie du boulevard Jean-Jaurès.

Le commerce nîmois présente un certain nombre d’originalités. Au niveau des consommateurs, il montre une implantation traditionnelle dans le périmètre des anciens boulevards ; mais la vieille ville a enregistré une série de transferts ; l’abattoir a été installé au marché-gare, ce qui a supprimé le transit du bétail à travers la ville à partir de la gare de marchandises ; le marché de gros de fruits et légumes de Saint-Charles a suivi. Les grands garages se sont implantés tout au long de la route de Montpellier. Le centre y a gagné en salubrité et en spécialisation, la boutique succédant à l’entrepôt ; au total, un allégement et un affinage à la fois. Mais le phénomène le plus étonnant est celui qui est présenté par la concentration des hypermarchés et des grandes surfaces de vente sur l’axe privilégié que constitue le boulevard périphérique sud : à la conquête d’une double clientèle, urbaine et régionale, grâce à un accès commode. À partir de 1969 se sont installés cinq établissements nouveaux, et, au départ, toutes les grandes chaînes de magasins à succursales multiples étaient présentes. Mis en service en 1958, le marché-gare de Saint-Césaire a été le premier marché d’intérêt national de France ; il juxtapose un marché aux bestiaux et un marché de gros de fruits et légumes.

La tradition industrielle apparaît à travers les établissements de la ville ; certes, il ne reste rien des productions du passé (tissages, tapisserie et chapellerie, draps d’ameublement, artisanat lié à la sériciculture), mais les établissements actuels constituent essentiellement un héritage de l’ancien centre textile (bonneterie, confection et chaussure). Les entreprises ont essaimé leurs usines dans la région nîmoise, à Marguerittes, à La Grand-Combe, à Bessèges, à Sommières. Avec la chaussure, les munitions pour la chasse, les meubles, les conserves, les matériaux de construction et ferroviaires, on compte une dizaine de milliers d’employés dans le secteur secondaire au total.

Les études démographiques prévoient près de 200 000 habitants vers 1985, et Nîmes ne cesse de jouer un rôle croissant en Languedoc ; l’aéroport de Garons, l’inauguration, en 1968, du tronçon Nîmes-Montpellier de l’autoroute vers la vallée du Rhône ont confirmé la valeur du carrefour. La dernière fonction notable relève du domaine universitaire. Il reste le problème du choix entre l’association de la ville à un ensemble urbain Sète-Montpellier-Vallée du Rhône, qui permettrait d’équilibrer en partie le poids de la métropole marseillaise, ou la participation croissante au domaine rhodanien et provençal au détriment d’un développement régional plus harmonieux.

R. D. et R. F.


L’histoire

À l’origine de Nîmes, il y a Nemausus, la fontaine sacrée qui sourd au pied du mont Cavalier. Des populations préhistoriques se fixèrent autour, puis le groupement celte des Volques Arécomiques, qui, en 120 av. J.-C., reconnurent l’autorité de Rome.

La Colonia Augusta Nemausus fut fondée par Auguste. Entourée d’une enceinte fortifiée de 6 km, dont il reste la tour Magne, couvrant à son apogée 220 ha, elle était dotée d’un capitole, de temples, de thermes, d’un théâtre et d’un amphithéâtre. Gouvernée comme Rome par une curie dont les membres, les décurions, étaient, ainsi que les magistrats, élus par le peuple, elle joua un rôle attractif puissant sur la zone rurale du Bas-Languedoc. La Maison carrée, vouée au culte dynastique, s’élevait au-dessus du forum, situé au point où la voie Domitienne venant de Beaucaire prenait la direction de Narbonne et de l’Espagne.

Les cultes orientaux d’Isis, de Sérapis et d’Anubis coexistaient avec les cultes romains et des survivances des croyances celtiques quand le christianisme s’implanta, sans doute vers la fin du iiie s. avec l’évêque saint Baudile ; un concile se tint à Nîmes à la fin du ive s.

Envahie successivement à partir du ve s. et jusqu’au viiie par les Vandales, les Wisigoths, les Francs, les Sarrasins, Nîmes était réduite à l’état de bourgade aux abords de l’an 1000, et sa décadence paraissait consommée quand des marchands lombards et toscans s’y établirent. En 1194, une charte du comte Raimond V de Toulouse, suzerain des vicomtes de Nîmes, réorganisa les activités commerciales en groupant par rues et quartiers les différentes professions, tandis que les Arènes devenaient une forteresse où des chevaliers tenaient garnison.