Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Nigeria (suite)

Malheureusement, dès 1962, des troubles agitèrent la Région Ouest, qui supporta difficilement l’autorité du Premier ministre, et entraînèrent notamment l’arrestation d’Awolowo. Les résultats du recensement de 1963 furent contestés en raison de la prééminence du Nord qu’il établit en lui attribuant 60 p. 100 de la population totale. La création d’une Région Centre-Ouest, qui priva l’Ouest des revenus du pétrole, suscita des remous. De son côté, l’Est se plaignit de la faiblesse des investissements fédéraux sur son territoire.

Le 15 janvier 1966, en l’absence d’Azikiwe, le général Ironsi, d’origine ibo, s’empara du pouvoir et prit une série de mesures tendant à une centralisation importante au détriment du Nord ; il supprima les partis politiques et ordonna le maintien, jusqu’en 1969, des gouvernements militaires qu’il avait placés à la tête des Régions. Des émeutes raciales sanglantes dirigées contre les Ibos, qui constituent une grande partie des cadres de l’organisation administrative et économique du pays, eurent lieu dans le Nord ; l’application des mesures fut alors liée à leur acceptation par référendum. Le 29 juillet 1966, le général Ironsi fut assassiné par les Nordistes. Le lieutenant-colonel Yakubu Gowon (né en 1934), mis à la tête du gouvernement par les rebelles, revint sur les mesures d’unification décidées par son prédécesseur et libéra les leaders de l’Ouest. Mais les massacres d’Ibos s’intensifièrent dans le Nord, et un nouveau découpage du Nigeria en douze États (dont trois dans l’Est), décidé unilatéralement par Lagos le 28 mai 1967 et repoussé par le colonel Ojukwu, commandant la Région Est, déclencha la guerre du Biafra*, qui dura de juillet 1967 à janvier 1970 et prit fin avec la capitulation des troupes biafraises. Ce conflit entraîna vraisemblablement la mort de plus d’un million et demi de personnes.

Le 29 juillet 1975, le général Gowon est renversé lors d’un coup d’État. Le général Murtala Ramat Muhammad prend le pouvoir. Soucieux d’efficacité avant tout, celui-ci entreprend la remise en ordre du pays. Mais il est assassiné le 13 février 1976. Le général Olesegun Obasanjo lui succède.

P. B.

➙ Afrique noire / Bénin / Biafra / Bornou / Empire britannique / Haoussas / Ibos / Ife / Peuls / Songhaïs / Yoroubas.

 A. C. Burns, History of Nigeria (Londres, 1929 ; 6e éd., 1963). / K. M. Buchanan et J. C. Pugh, Land and People in Nigeria (Londres, 1955). / M. Crowder, The Story of Nigeria (Londres, 1962 ; 2e éd., 1966). / H. Laroche, la Nigeria (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1962 ; nouv. éd., 1968). / Le Nigeria (la Documentation française, « Notes et Études documentaires », 1965).

Nîmes

Ch.-l. du départ. du Gard ; 133 942 hab. (Nîmois).



La géographie

Ville ancienne, la « Rome française » est aussi une ville active par sa position à la limite orientale du Bas-Languedoc et ses établissements industriels.

La convergence des routes nationales, des voies ferrées et des tronçons de la future autoroute Orange-Narbonne montre bien l’importance du carrefour, hérité des voies romaines entre l’Italie et l’Espagne. Nîmes bénéficie à la fois de la proximité de l’axe rhodanien et des ports de Beaucaire et de L’Ardoise, des liaisons avec le Massif central vers le bassin d’Alès et Clermont-Ferrand, du voisinage de deux grands centres d’attraction qui l’encadrent : le parc national des Cévennes au nord et les stations touristiques du littoral (dont La Grande-Motte) au sud. Entre une double attirance, rhodanienne et occidentale (vers Montpellier), la ville reste un des points forts de l’armature urbaine languedocienne dans son secteur le plus dynamique.

La ville primitive a bénéficié d’un site propice, au contact de la garrigue calcaire et de la basse plaine du Vistre, bien abrité des vents dominants de nord et du nord-est par une série de collines étagées (d’où une comparaison facile avec Rome), à la fois écran climatique et point d’appui pour les fortifications, à l’exemple de la tour Magne.

L’accroissement de la population a été lent. En 1881, la ville compte 63 552 habitants, plus que sa voisine Montpellier ; elle l’emporte régulièrement jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, date à laquelle le chef-lieu de l’Hérault prend la tête pour ne plus la quitter. En effet. Nîmes perd 2 000 habitants entre 1936 et 1946, 2 500 encore entre 1946 et 1954, mais franchit le cap des 100 000 habitants dans les années 60.

Désormais, le renversement des tendances démographiques est net, Nîmes bénéficiant à la fois d’apports de ruraux et de l’installation des rapatriés d’Afrique du Nord. La ville a gagné approximativement, dans les années 60, 5 000 habitants par an. Cela a entraîné son extension dans l’espace et la naissance d’une banlieue : jusqu’alors, les communes entourant Nîmes avaient conservé un caractère agricole très marqué. Pour un accroissement de 25 p. 100 enregistré à Nîmes entre 1962 et 1968, on a compté des taux équivalents à Marguerittes et à Bouillargues, mais 37 p. 100 à Caissargues, 97 p. 100 à Garons et 187 p. 100 à Rodilhan, si bien que les communes limitrophes ont eu en moyenne une croissance deux fois plus importante que la ville elle-même, grâce à un bon réseau de voies de communication et à un dynamisme économique plus marqué. Cet essor démographique, ralenti depuis 1970, se traduit également par un changement de structures, l’arrivée d’immigrants, entraînant un rajeunissement de la population ; la base de la pyramide des âges est plus large ; de même, les statistiques de l’emploi montrent un renforcement de la vocation tertiaire de Nîmes et une diffusion de l’urbanisation dans les campagnes. Le Némausais lui-même s’affirme grâce à l’élargissement du secteur résidentiel, au développement touristique — lié à l’aménagement du littoral ou à l’extension des résidences secondaires —, à la création d’emplois dans les communes rurales.

La vieille ville, à l’intérieur du périmètre délimité par les boulevards Gambetta, Courbet, Hugo, les Arènes et la place de la Libération, a conservé sa structure et encore bien des aspects médiévaux par ses rues étroites et tortueuses, ses places exiguës, des noms qui rappellent les anciennes corporations (chapeliers, fourbisseurs) ; autour des monuments gallo-romains, l’animation est intense, et les boutiques sont nombreuses, malgré la vétusté de certains quartiers et des îlots insalubres en cours de remodelage. L’extension plus récente est marquée par l’établissement de la voie ferrée, puis par son franchissement à la faveur d’un développement anarchique. Deux axes s’individualisent. Le premier, celui de l’avenue Feuchères, débouche sur la gare et aligne des architectures aux façades monumentales, témoignage de la bourgeoisie nîmoise du xixe s. ; c’est un quartier résidentiel et administratif, qui regroupe la préfecture et de nombreuses professions libérales. Le second axe, celui du boulevard Jean-Jaurès, débouche sur le site admirable du jardin de la Fontaine et est resté longtemps marginal. Recentré et revalorisé par l’implantation de la Z. U. P. à l’ouest, au-delà de son utilisation traditionnelle deux fois l’an par les attractions foraines, il devrait constituer pour la future ville un axe essentiel, regroupant le tertiaire. Son remodelage est en cours grâce à l’implantation de trois lycées, d’immeubles administratifs, d’un centre socioculturel et d’appartements de standing.