Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Niemeyer (Oscar) (suite)

L’évolution politique contemporaine du Brésil a fait d’Oscar Niemeyer un exilé ; il a cependant donné de nouveaux édifices à Brasília, et à Rio de Janeiro (hôtel National). Ces œuvres, ainsi que celles qu’il a réalisées dans divers pays, telles la France (notamment siège du parti communiste, Paris, 1971), l’Italie (siège des éditions Mondadori, Milan, 1973) et surtout l’Algérie (notamment ensemble de l’université de Constantine, 1973), prouvent que sa vitalité demeure aussi forte que par le passé.

F. L.

 S. Papadaki, The Work of Oscar Niemeyer (New York, 1950) ; Oscar Niemeyer — Works in Progress (New York, 1956) ; Oscar Niemeyer (New York, 1960). / O. Niemeyer, Minha experiencia em Brasilia (Rio de Janeiro, 1961 ; trad. fr. Mon expérience à Brasilia, Forces vives, 1963). / Oscar Niemeyer, numéro spécial de l’Architecture d’aujourd’hui (Boulogne-Billancourt, 1974).

Niepce (Nicéphore)

Physicien français (Chalon-sur-Saône 1765 - Saint-Loup-de-Varennes 1833).


Issu d’une famille cultivée de la bourgeoisie bourguignonne — son père était avocat, receveur des consignations et conseiller du roi —, Joseph Nicéphore Niepce se destine à la prêtrise et enseigne même un temps chez les oratoriens d’Angers quand éclate la Révolution. Engagé dans l’armée en 1792, il embrasse la carrière d’officier, qu’il est néanmoins contraint d’abandonner assez rapidement, car sa vue est faible et sa santé délicate. Très attiré par la recherche scientifique, il dépose, en 1807, le brevet d’un remarquable moteur à combustion interne qu’il met au point avec la collaboration de son frère Claude. Véritable précurseur du moteur Diesel, le pyréolophore, dont le principe de base était fondé sur l’inflammation brusque de la poudre de lycopode — bientôt remplacée par du pétrole —, devait servir à propulser un bateau sur la Saône. Cependant, malgré les encouragements de Lazare Carnot et un essai d’association avec Claude Jouffroy d’Abbans (1751-1832), cette invention ne parvint jamais à être exploitée et n’eut d’autre effet que de ruiner temporairement son auteur, qui s’adonna alors avec une infatigable énergie à d’autres expériences, notamment sur les ersatz (sucre de betterave, fécule colorante du pastel, plantes à fibres textiles). Mais Niepce se passionne surtout pour la lithographie, qui vient d’être découverte par Alois Senefelder (1771-1834). Cherchant avec obstination un moyen qui lui permettrait de décalquer ou de reporter sur la pierre les images qu’il voulait reproduire, il réussit en 1816 en se servant de la chambre noire, chargée avec un papier enduit de chlorure d’argent, à obtenir une image négative qu’il ne put malheureusement que très imparfaitement fixer grâce à l’acide nitrique.

Six ans plus tard, Niepce expérimente le bitume de Judée dissous dans de l’huile de Dippel : cette substance noire avait en effet la propriété de blanchir et de devenir insoluble là où elle était impressionnée par la lumière. Une plaque de cuivre — enduite de cette substance et exposée huit heures durant dans la chambre noire, puis plongée dans un solvant (essence de lavande) et attaquée par un acide dans les parties dépourvues de bitume — fournissait ainsi à Niepce une image en relief. C’est de cette manière que fut réalisée la première image photographique du monde : une vue de la campagne chalonnaise prise de la fenêtre de la propriété de Niepce à Saint-Loup-de-Varennes. On doit également à Niepce la réalisation de la première chambre noire photographique, de la première chambre coulissante, du premier diaphragme à iris (réinventé cinquante ans plus tard), ainsi que d’une chambre munie d’une bobine pour l’enroulement du papier sensible.

Sollicité en 1826 par Louis Jacques Mandé Daguerre*, un peintre décorateur qui utilisait lui aussi la chambre noire pour faire les croquis de ses dioramas, Niepce signe en 1829 un contrat d’association et entreprend de parfaire ses réalisations héliographiques. La chance ne devait pas cependant lui sourire, car il meurt quatre ans plus tard d’une hémorragie cérébrale sans être parvenu à intéresser les savants et les hommes d’affaires à son invention. C’est Daguerre qui, reprenant à son compte les expériences de son associé, réussira à développer (1835), puis à fixer (1837) les images photographiques.

J.-L. P.

➙ Photographie.

Nietzsche (Friedrich Wilhelm)

Philosophe allemand (Rökken, près de Lützen, 1844 - Weimar 1900).



La vie

Son père Karl Ludwig est pasteur ; sa mère est elle-même issue d’une famille de pasteurs. La longue agonie de son père, mort le 30 juillet 1849, marquera la sensibilité du jeune enfant, qui héritera de sa santé délicate.

Nietzsche vit désormais à Naumburg auprès de sa mère et de sa tante, femmes aux mœurs sévères, et de sa jeune sœur. En octobre 1853, il entre au collège de Pforta pour y demeurer six ans. Dès l’âge de treize ans, hanté par le problème du mal et de la mort, il écrit sa première Autobiographie. Ses doutes lui inspireront en 1861 son premier poème ; Au Dieu inconnu.

Nietzsche s’inscrit à l’université de Bonn, où, tout en suivant des cours de théologie, il s’intéresse beaucoup à la philologie. Les leçons de F. W. Ritschl, qui s’attache à cet étudiant très doué, disciplinent une pensée qui en a besoin. À Leipzig, où il suit son maître, Nietzsche découvre Schopenhauer à travers l’ouvrage fondamental de celui-ci, le Monde comme volonté et comme représentation, et croise Richard Wagner pour la première fois à l’issue d’un concert. Une commune admiration pour Beethoven les rapproche, le hasard va les réunir. Wagner se fixe à Tribschen, près de Lucerne, pour y composer sa Tétralogie et s’y réfugier avec Cosima Liszt, tandis que Nietzsche est nommé professeur extraordinaire de philologie classique à l’université de Bâle. Huit années d’une amitié fondée dès l’abord sur de profonds malentendus commence. À l’université, Nietzsche connaît d’abord un succès indéniable puisqu’il est promu en 1870 professeur ordinaire ; ce n’est qu’en 1896 que paraîtront ses leçons de philologie et son cours professé sur la Naissance de la philosophie à l’époque de la tragédie grecque (Die Philosophie im tragischen Zeitalter der Griechen). Bien vite, les « considérations intempestives » de ce philologue, curieux des philosophes présocratiques, décourageront collègues et étudiants. Entre-temps, Nietzsche participe comme infirmier aux opérations du siège de Metz et y conçoit l’Origine de la tragédie (Die Geburt der Tragödie aus dem Geiste der Musik, 1872).