Physicien français (Chalon-sur-Saône 1765 - Saint-Loup-de-Varennes 1833).
Issu d’une famille cultivée de la bourgeoisie bourguignonne — son père était avocat, receveur des consignations et conseiller du roi —, Joseph Nicéphore Niepce se destine à la prêtrise et enseigne même un temps chez les oratoriens d’Angers quand éclate la Révolution. Engagé dans l’armée en 1792, il embrasse la carrière d’officier, qu’il est néanmoins contraint d’abandonner assez rapidement, car sa vue est faible et sa santé délicate. Très attiré par la recherche scientifique, il dépose, en 1807, le brevet d’un remarquable moteur à combustion interne qu’il met au point avec la collaboration de son frère Claude. Véritable précurseur du moteur Diesel, le pyréolophore, dont le principe de base était fondé sur l’inflammation brusque de la poudre de lycopode — bientôt remplacée par du pétrole —, devait servir à propulser un bateau sur la Saône. Cependant, malgré les encouragements de Lazare Carnot et un essai d’association avec Claude Jouffroy d’Abbans (1751-1832), cette invention ne parvint jamais à être exploitée et n’eut d’autre effet que de ruiner temporairement son auteur, qui s’adonna alors avec une infatigable énergie à d’autres expériences, notamment sur les ersatz (sucre de betterave, fécule colorante du pastel, plantes à fibres textiles). Mais Niepce se passionne surtout pour la lithographie, qui vient d’être découverte par Alois Senefelder (1771-1834). Cherchant avec obstination un moyen qui lui permettrait de décalquer ou de reporter sur la pierre les images qu’il voulait reproduire, il réussit en 1816 en se servant de la chambre noire, chargée avec un papier enduit de chlorure d’argent, à obtenir une image négative qu’il ne put malheureusement que très imparfaitement fixer grâce à l’acide nitrique.
Six ans plus tard, Niepce expérimente le bitume de Judée dissous dans de l’huile de Dippel : cette substance noire avait en effet la propriété de blanchir et de devenir insoluble là où elle était impressionnée par la lumière. Une plaque de cuivre — enduite de cette substance et exposée huit heures durant dans la chambre noire, puis plongée dans un solvant (essence de lavande) et attaquée par un acide dans les parties dépourvues de bitume — fournissait ainsi à Niepce une image en relief. C’est de cette manière que fut réalisée la première image photographique du monde : une vue de la campagne chalonnaise prise de la fenêtre de la propriété de Niepce à Saint-Loup-de-Varennes. On doit également à Niepce la réalisation de la première chambre noire photographique, de la première chambre coulissante, du premier diaphragme à iris (réinventé cinquante ans plus tard), ainsi que d’une chambre munie d’une bobine pour l’enroulement du papier sensible.
Sollicité en 1826 par Louis Jacques Mandé Daguerre*, un peintre décorateur qui utilisait lui aussi la chambre noire pour faire les croquis de ses dioramas, Niepce signe en 1829 un contrat d’association et entreprend de parfaire ses réalisations héliographiques. La chance ne devait pas cependant lui sourire, car il meurt quatre ans plus tard d’une hémorragie cérébrale sans être parvenu à intéresser les savants et les hommes d’affaires à son invention. C’est Daguerre qui, reprenant à son compte les expériences de son associé, réussira à développer (1835), puis à fixer (1837) les images photographiques.
J.-L. P.
➙ Photographie.