Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Nicholson (Ben) (suite)

Le dessin occupe une place importante dans cette production. Ici encore, des compositions abstraites et de nombreuses natures mortes, pour lesquelles Nicholson est fidèle, comme Morandi*, à un matériel d’atelier constitué surtout de vases et de gobelets, qu’il reproduit inlassablement depuis 1924. Rare dans les peintures depuis la fin des années 30, le paysage tient une place importante dans les dessins, surtout au cours des quinze ou vingt dernières années, avec un penchant de plus en plus marqué pour les architectures : abbayes anglaises, églises italiennes, temples grecs sont évoqués en de sobres réseaux de lignes, leur structure réduite à l’essentiel ; mais, comme les éléments des natures mortes, les colonnes et les arcs sont mis hors de leur aplomb, avec des interférences de lignes entre les divers plans. C’est là que se manifeste le plus nettement le propos essentiel du peintre : dégager l’harmonie cachée dans les formes naturelles et les rendre avec une rigueur qui n’exclut pas un lyrisme discret ; ainsi naît la poétique très personnelle de Nicholson.

M. E.

 H. Read, Ben Nicholson, Paintings, Reliefs, Drawings (Londres, 1948-1955 ; 2 vol.). / J. P. Hodin, Ben Nicholson (Londres, 1957). / J. Russell, Drawings, Paintings and Reliefs, by Ben Nicholson (Londres, 1969).

nickel

Corps simple solide métallique.


Généralités

Le nickel est peu abondant (10–2 p. 100 de la lithosphère). On le trouve essentiellement sous forme de sulfures (Canada) et de silicate (Nouvelle-Calédonie).


Atome

C’est le troisième élément de la première triade avec le numéro atomique 28. La structure électronique de l’état fondamental de l’atome est 1s2, 2s2, 2p6, 3s2, 3p6, 3d8, 4s2. Le rayon atomique est de 1,24 Å, le rayon du cation Ni+2 est de 0,78 Å. Les énergies des trois premières ionisations successives (en eV) sont très voisines de celles du fer et du cobalt :


Corps simple

Le nickel est un métal de structure cubique à faces centrées (cfc) qui a une densité de 8,9 et fond à 1 455 °C. C’est un métal ayant de bonnes qualités mécaniques, mais il est cher et entre dans la composition de certaines pièces de monnaie. Il est moins réactif que le fer et le cobalt, et sa haute résistance à la corrosion explique son emploi dans la réalisation de diverses pièces métalliques utilisées dans la construction de l’appareillage pour l’industrie chimique. Il donne naissance à de nombreux alliages résistant à la corrosion. À l’état massif, il s’oxyde difficilement et il se passive comme le fer dans l’acide nitrique concentré. Il résiste bien aux solutions alcalines et aux solutions salines.

De la garniérite, on utilise une métallurgie à partir des sulfures. La complexité des minerais conduit à un alliage essentiellement formé de cuivre et de nickel. Par réaction sélective de l’oxyde de carbone avec le nickel, qui donne vers 30 °C le nickel tétracarbonyle Ni(CO)4, on aboutit à du nickel très pur, car ce nickel carbonyle se décompose vers 250 °C en libérant le métal.

Le nickel divisé obtenu par réduction de l’oxyde NiO ou par attaque d’alliage de nickel et d’aluminium au moyen de la soude est un bon catalyseur d’hydrogénation.


Dérivés

La plupart des dérivés du nickel sont associés au nombre d’oxydation II. Mais on connaît aussi des alliages ainsi que le nickel tétracarbonyle Ni(CO)4 et ses dérivés de substitutions NiH(CO)3, Ni(CNC6H5)4 ou Ni(PX3)4, où X est un halogène. On connaît aussi le cyanure complexe K4Ni(CN)4, que l’on rattache comme le nickel carbonyle au nombre d’oxydation 0 du nickel. Dans les oxydes Ni3O4 et BaNi2O4, le nickel se trouve sous des nombres d’oxydation plus élevés II et III pour le premier d’entre eux, III pour le second.

Le couple d’oxydoréduction Ni+2/Ni a un potentiel normal de – 0,25 volt. Les sels de Ni+2 sont en général peu hydrolysés. On connaît des sels complexes de nickel et la coordinence peut être 2,4 ou 6. Ce sont les complexes tétracoordonnés qui sont les plus nombreux et les plus stables ; suivant la nature des particules coordonnées, ces complexes sont de structure carrée (ce que l’on associe à l’hybridation dsp2 des liaisons) ou de structure tétraédrique (avec hybridations sp3).

Les particules coordonnées qui créent un champ électrique faible conduisent une structure tétraédrique (avec hybridation sp3) ; c’est en particulier le cas du cation Les particules coordonnées qui créent un champ électrique fort donnent naissance à des complexes de structure plane carrée (liés à l’hybridation dsp2) ; il en est ainsi avec l’ion ou avec le complexe formé avec la diméthylglyoxime. Ce dernier complexe est un solide rouge souvent utilisé pour caractériser le nickel et auquel on attribue la structure suivante :

La diméthylglyoxime
HO—N=C(CH3)—C(CH3)=N=OH
se fixe sur plusieurs coordinences du nickel (ici deux par molécule) et réalise un complexe de chélation — comme il en est cité un autre exemple à propos du cobalt* avec l’ion

H. B.

 C. Berg et F. Friedensburg, Nickel und Kobalt (Stuttgart, 1944). / G. Cohen, le Cuivre et le nickel (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1952 ; 2e éd., 1962). / R. Gadeau, Métaux non ferreux (A. Colin, 1959).


Métallurgie du nickel

Dès l’Antiquité, le nickel était utilisé dans des alliages alors que la découverte du métal par Axel Cronstedt (1722-1765) en Suède ne date que de 1751 et que son développement industriel s’est poursuivi dans la seconde moitié du xixe s.

Les premiers objets riches en nickel ont été fabriqués aux époques préhistoriques à partir de pierres météorites, alliages de fer et nickel. Avant l’ère chrétienne, des monnaies en cupronickel étaient utilisées au Turkestan, et de nombreux alliages de cuivre, de zinc, d’argent et de nickel ont été connus au cours des siècles en Chine, puis en Europe sous les noms de packfung, argentan, puis maillechort. Enfin, l’exploitation des gisements de Nouvelle-Calédonie, découverts vers 1865 par Jules Garnier (1839-1904) et Heurteau, puis de ceux du Canada, à Sudbury (Ontario) vers 1885, marqua l’essor industriel de ce métal.