Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Nice (suite)

Malgré une homogénéisation croissante, le tissu urbain comporte un certain nombre de quartiers individualisés. Le Vieux-Nice, jadis ceinturé de remparts, se double du quartier Saint-François-de-Paule, aménagé au xviiie s. À l’est, dans la vallée du Paillon, se succèdent entrepôts et établissements « encombrants », émaillés de pavillons hétéroclites. Le centre, riche et mondain, regroupe les immeubles de luxe organisés en fonction du front de mer et de la Promenade des Anglais. Les collines dominant la plaine sont diversement occupées : celle de Cimiez, la plus anciennement urbanisée et résidentielle, celle du Mont-Boron, liée à l’ouverture des Corniches, celles de Saint-Maurice et Saint-Sylvestre, avec leurs grands ensembles, les coteaux de l’ouest en voie de transformation rapide.

Sur le plan des fonctions régionales, l’aéroport, second de France après Paris, étend son influence sur toute la côte, grâce à des liaisons internationales importantes. Nice a une influence grandissante grâce à la diversification de ses activités et reste la seule grande ville dont la croissance se soit effectuée en dehors du phénomène industriel.

R. D. et R. F.

➙ Alpes-Maritimes / Côte d’Azur / Provence.

 R. Latouche, Histoire de Nice (Hôtel de Ville, Nice, 1953-1955 ; 2 vol.). / R. Blanchard, le Comté de Nice. Étude géographique (Fayard, 1961). / E. Dalmasso, Nice (la Documentation française, « Notes et études documentaires », 1964). / E. Baratier (sous la dir. de), Histoire de la Provence (Privat, Toulouse, 1969). / Aspects de Nice du xviie au xxe siècle (Les Belles Lettres, 1973).


L’art à Nice et dans sa région

Les pentes du mont Bego (col de Tende) conservent un grand nombre de gravures rupestres préhistoriques. De l’époque romaine datent le « trophée des Alpes », élevé en l’an 6 av. J.-C. à la Turbie pour commémorer la victoire d’Auguste sur les tribus alpines, les arènes, les thermes et l’aqueduc, dont les vestiges ont été retrouvés à Cimiez (iiie s.), ainsi que le mur de la Chèvre d’or de Biot et le mur de Roquebrune-Cap-Martin, restes de sanctuaires de plein air.

Au xve s. se développa dans le comté de Nice une école de peinture, dite des « primitifs niçois », marquée par l’influence de l’Italie — surtout de Gênes — et que dominent les noms de Louis Bréa, Jean Miralhet, Jacques Durandi, Jacques de Carolis ; mais un grand nombre d’ceuvres sont anonymes. On peut admirer diverses peintures de cette école à Nice, Cimiez, Lucéram, Biot, Antibes. La chapelle des Pénitents noirs et l’église Saint-Barthélemy de Nice conservent des Vierges de Miralhet et de Bréa. Le triptyque de la Pietà (1475) de Louis Bréa, à l’église de Cimiez, est justement célèbre pour sa sobriété expressive. À la même époque, la plupart des sanctuaires du comté de Nice furent décorés de fresques. Celles qui subsistent à Saint-Étienne-de-Tinée, Lucéram, Auron, Saorge, Venanson comptent parmi les meilleurs témoignages d’une peinture sacrée pleine de sève populaire.

Les églises niçoises Saint-Jacques, inspirée du Gesù de Rome, Saint-François-de-Paule et Saint-Augustin, avec leurs autels de bois doré ou de marbres polychromes, leurs buffets d’orgue, baldaquins et gloires baroques, correspondent au goût de la représentation qui a marqué le catholicisme des temps classiques.

La peinture des xixe et xxe s. est présente dans plusieurs musées de Nice et des Alpes-Maritimes : à Nice et à Cimiez, musée Masséna (Renoir, Sisley, Monet, Dufy), musée Jules Chéret, musée Matisse, nouveau musée Marc Chagall ; à Biot, musée Fernand Léger ; à Antibes, château Grimaldi, avec les œuvres exécutées là et données au lendemain de la Seconde Guerre mondiale par Picasso, et aussi des pièces de Léger, Nicolas de Staël, Calder, Hartung, Mario Prassinos, Germaine Richier... Le musée municipal de Menton possède des peintures anciennes des écoles italienne, flamande, espagnole, hollandaise, et des toiles de Derain, Dufy, Picabia, Vlaminck. La Fondation Rothschild de Saint-Jean-Cap-Ferrat est riche de collection de tapis de la Savonnerie, de tapisseries d’Aubusson et de Beauvais, de porcelaines de Saxe, de Vincennes et de Sèvres.

J. P.

➙ Provence.

 M. Malingue, les Primitifs niçois (Documents d’art, Monaco, 1942). / F. Benoît et J. Girard, « l’Art en Provence » dans Provence (Horizons de France, 1968).

Nicholson (Ben)

Peintre anglais (Denham 1894).


Il a toujours vécu dans un entourage d’artistes : son père, sa mère, un de ses oncles étaient peintres ; il devait épouser en secondes noces en 1931 Barbara Hepworth*, qui devint l’un des grands sculpteurs de sa génération. Il fréquente la Slade School, mais surtout commence à voyager, ce qu’il continuera à faire toute sa vie, avec une prédilection pour la France, la Suisse, l’Italie et la Grèce. Installé à Londres de 1932 à 1939, il fait partie du groupe « Unit One » ainsi que du groupe parisien « Abstraction-Création ». Il édite en 1937, avec Gabo (v. Pevsner [les frères]) et l’architecte J. L. Martin, la revue Circle. À partir de 1940, il vit à Saint Ives, en Cornouailles, à partir de 1958 en Suisse italienne surtout. Sa renommée devient internationale avec l’attribution du prix Carnegie en 1952, du prix Guggenheim en 1956, du prix international de peinture à la Biennale de São Paulo en 1957.

Ben Nicholson fait usage, à ses débuts, d’un vocabulaire hérité du cubisme* synthétique, proche de Braque et surtout de Juan Gris. Il fait emploi, parfois, de lettres et d’inscriptions, mais ne cherche pas une décomposition des volumes ni une vision simultanée des divers aspects des objets ; au contraire, de plus en plus, il les aplatit, en cerne les contours par des lignes dont les arabesques interfèrent, proche parfois, ce faisant, du purisme* de Le Corbusier et Ozenfant. Ses contacts avec Mondrian*, à partir de 1933, lui permettent de radicaliser ses recherches. Il y a même disparition du thème figuratif dans les « reliefs blancs » qui se succèdent de 1934 à 1939. Ces compositions géométriques apportent un élément nouveau, un jeu de la profondeur non pas suggérée, mais réalisée au moyen de superpositions de plaques de bois découpées, dont les saillies ou les retraits accentuent l’autorité des rectangles et des cercles et la précision de leurs agencements. Le peintre développera par la suite une œuvre qui ne cessera d’osciller entre la figuration et l’abstraction, dont elle ignore les frontières arbitraires. La recherche d’une harmonie quasi musicale des lignes et des couleurs donne une grande unité de style aux toiles comme aux bas-reliefs, les natures mortes faisant preuve d’une rigueur quasi constructiviste, les compositions géométriques d’une sensibilité de contemplatif.