Ngan-houei (suite)
Le nord, qui correspond au bassin supérieur de la Huai (Houai), présente les caractères essentiels de la Grande Plaine de la Chine septentrionale : climat assez sec, hiver rigoureux, sols alluviaux lœssiques et donc jeunes, agriculture sèche associant le kaoliang (sorgho) et autres millets cultivés en été à des cultures d’hiver, dont le blé dur. Le sud, de part et d’autre du Yangzijiang (Yang-tseu-kiang), offre les caractères des basses montagnes de la Chine méridionale : montagnes cristallines abruptes aux sols rouges, climat assez humide, hivers capricieux, agriculture en eau où les rizières portent en saison sèche une culture secondaire qui est, le plus souvent, le blé ou l’orge, apparition du théier, dont la province est le deuxième producteur chinois et dont certains crus sont célèbres. La capitale. Hefei (Ho-fei), est située au contact des deux régions, mais elle n’est capitale que depuis 1949, et, bien que fondée sous les Han, était restée jusqu’à cette date une petite cité d’importance locale ; elle aurait aujourd’hui 500 000 habitants, mais elle n’a pas pu donner à la province une véritable unité.
Les géographes chinois divisent le Anhui en trois parties, le Huaibei (Houai-pei, au nord de la Huai), le Huainan (Houai-nan, au sud de la Huai), entre Huai et Yangzijiang, le Wannan (Wan-nan) [au sud du Yangzijiang].
Le Huaibei est l’extrémité méridionale de la Grande Plaine : son altitude est inférieure à 50 mètres ; son originalité est de correspondre au bassin moyen de la Huai. Ce fleuve était un des plus dangereux de toute la Chine. En effet, il est extrêmement irrégulier, avec des maigres prononcés en hiver et des crues d’été d’une très grande violence. Un aménagement total du bassin de la Huai a été réalisé à partir de 1954 : au Anhui, il a consisté en la construction de barrages-réservoirs, notamment sur le Pi (P’i), comme Meishan (Mei-chan) et Fouziling (Feou-tseu-ling). Le Huaibei a l’agriculture de la Chine du Nord : polyculture très variée, kaoliang et soja en été, blé, orge et colza en hiver.
Le Huainan est une zone accidentée, extrémité orientale des Huaiyangshan (Houai-yang-chan) ou Dabieshan (Ta-pie-chan), qui atteignent dans l’ouest de la province leur point culminant (1 751 m), mais ne sont plus à l’est que de modestes collines (moins de 200 m). Si l’ouest donc a une allure montagneuse avec des cultures de théiers renommés (thés rouges de Menghongcha [Mong-hong-tch’a] et Liuangupian [Lieou-ngan-kou-p’ien]), l’est est surtout occupé, entre les collines, par des cuvettes, certaines lacustres : la cuvette du Chaohu (Tch’ao-hou), sillonnée de nombreux canaux d’irrigation, est la principale zone rizicole du Anhui. Le Huainan possède l’important bassin houiller (surtout charbon à coke) qui porte le même nom et qui, desservi par la voie ferrée Pékin-Shanghai, approvisionne en particulier cette dernière agglomération.
Le Wannan est également une région accidentée, séparée du Huainan par la vallée du Yangzijiang. Celle-ci est ici relativement étroite. L’intérêt agricole de cette vallée est donc limité ; par contre, la pêche est active. Anqing (Ngan-k’ing) en amont et Wuhu (Wou-hou) en aval sont des ports très importants. Enfin, de très riches gisements de minerais de fer des Ma’anshan (Ma-ngan-chan) ont permis l’installation récente d’un important complexe sidérurgique, ravitaillé en charbon par le gisement de Huainan. Les montagnes du Wannan elles-mêmes sont l’extrémité septentrionale des « basses montagnes » de la Chine du Sud. Mais l’altitude moyenne se situe entre 600 et 900 m. Les basses montagnes du Wannan portent encore de belles forêts (conifères, arbres à laque et bambous) ainsi que des théiers. Les vallées sont cultivées en rizières.
Bien que, depuis 1949, l’industrie se soit beaucoup développée (industrie lourde à Hefei, Huainan, Ma’anshan ; industrie légère et artisanale surtout), le Anhui a encore 90 p. 100 de sa population dans l’agriculture et reste une province très rurale.
J. D.
