Nevers (suite)
À l’époque gothique, l’architecture prend un nouvel essor. L’œuvre de la cathédrale de Nevers s’étend du xiiie au xvie s. La nef du xiiie s., à trois étages, avec ses fenêtres hautes de courtes proportions et un passage intérieur, s’apparente à l’art gothique de Bourgogne, comme la collégiale de Saint-Martin de Clamecy, à la limite du Morvan. Saint-Pierre de Varzy, Saint-Marcel de Prémery, le prieuré de l’Epeau, les chartreuses de Bellary et de Val-Saint-Georges illustrent aussi l’art du xiiie s. Le chevet de la cathédrale de Nevers, reconstruit après l’incendie de 1308, montre un bon exemple du style rayonnant. De l’époque flamboyante datent les chapelles latérales et les parties hautes du transept occidental de la cathédrale. Cette fin du Moyen Âge fut très féconde en Nivernais ; on voûta ou on construisit maintes églises : à Tannay, à Cosne-sur-Loire, à Suilly-la-Tour, à Saint-Père, à Surgy... De nombreuses sculptures furent exécutées, dénotant tantôt l’influence slutérienne venue de Bourgogne, tantôt un adoucissement et une sobriété propres au Val de Loire et au Berry. On rencontre de nombreuses Vierges de Pitié, des Mises au tombeau à Langeron et à la cathédrale de Nevers, des retables de la Passion, des Vierges à l’Enfant, des statues de saints. Certaines œuvres furent importées, tels les retables flamands de Ternant. Le retable peint de Varzy et celui de Decize, en pierre sculptée, sont plus renaissants.
L’architecture civile médiévale est aussi fort bien représentée en Nivernais. On y voit des donjons, comme ceux de Langeron et de Donzy, des portes fortifiées, comme celle du Croux à Nevers et celle de Prémery. Les châteaux de Vandenesse et de Marcilly datent de la fin du Moyen Âge, tandis que le palais ducal de Nevers introduit l’art de la première Renaissance.
L’époque classique a aussi laissé des œuvres en Nivernais, moins nombreuses, mais intéressantes. À Nevers même, Saint-Pierre, ancienne chapelle des Jésuites, présente un plan centré et une belle façade du xviie s., et la porte de Paris rappelle l’art du xviiie. Les bâtiments conventuels de l’ancienne chartreuse de Bellary et ceux de Saint-Léonard de Corbigny sont des exemples harmonieux des constructions monastiques du xviiie s. Les châteaux de Menou, de Larochemillay, de Saint-Aubin-sur-Loire montrent l’art plus souriant des résidences provinciales de l’Ancien Régime. Enfin, le musée de Nevers possède une collection de verres filés nivernais et surtout des célèbres faïences de Nevers, qui imitaient la céramique italienne à la fin du xvie s. et qui trouvèrent leur style propre aux xviie et xviiie s.
A. P.
M. Aufray, l’Architecture religieuse du Nivernais au Moyen Âge : les églises romanes (Picard, 1951) ; la Cathédrale de Nevers et les églises gothiques du Nivernais (Picard, 1964). / Congrès archéologique de France, Nivernais (Soc. fr. d’archéologie, 1967).