Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

neutralité (suite)

• Vis-à-vis des opérations militaires et des dommages globaux qu’elles entraînent, l’équité commande que le neutre ait accès au régime de réparation institué par la loi en faveur des nationaux sinistrés. À la différence de la loi anglaise, qui a traité à égalité toutes les victimes des dommages de guerre subis sur le territoire national, la législation française, en 1919 comme en 1946, n’a accordé le bénéfice des réparations qu’aux seuls nationaux. La déclaration de Londres du 5 janvier 1943 sur les spoliations commises par les puissances de l’Axe a été néanmoins jugée en France applicable à l’ensemble de la population vivant sur le territoire des États signataires, sans distinction de nationalité (Colmar, 2 mai 1950).

P. L.

➙ Conflits internationaux / Convention internationale / Guerre (lois de la).

 R. Kleen, Lois et usages de la neutralité, d’après le droit international conventionnel et coutumier des États civilisés (A. Chevalier-Marescq, 1878-1900 ; 2 vol.). / P. Parfond, le Droit de prise et son application dans la marine française (Éd. internationales, 1955).

Nevers

Ch.-l. du départ. de la Nièvre* ; 47 730 hab. (Nivernais). L’agglomération compte plus de 60 000 habitants.


Nevers est née d’un site remarquable : tout à côté du confluent de la Loire et de la Nièvre, un éperon commande la plaine alluviale de la Loire. La ville a très vite débordé de l’éperon primitif, que marquent encore le palais ducal et la cathédrale Saint-Cyr-et-Sainte-Julitte. Un faubourg s’installa à proximité de la Nièvre, autour de l’abbaye Saint-Étienne. La ville, ceinturée de murailles, dont la porte du Croux, à l’ouest, indique l’importance, prit de la sorte la forme d’une amande allongée d’ouest en est. Par la suite, et jusqu’à la fin du xixe s., son développement se fit essentiellement vers le nord, donnant régularité à la configuration générale.

Vers le sud, la vallée de la Loire est inondable. Large de plus de 2 km, elle constitue une coupure importante : la ville ne s’est installée au-delà que par une tête de pont. Les difficultés de circulation se joignent à celles du site pour y restreindre la croissance.

Depuis une génération, la population augmente de manière sensible, et la ville s’étend. La poussée tend à se faire dans les directions les moins encombrées. Le terrain d’aviation, installé un peu à l’ouest de la ville, sur la route de Fourchambault, s’ajoute à la coupure de la voie ferrée pour limiter les développements dans cette direction : c’est vers l’est que l’agglomération croît le plus rapidement.

Nevers était à l’époque classique un petit centre administratif et une ville d’industrie. Elle le reste encore aujourd’hui, mais c’est aussi un marché pour la plus grande partie du département (il n’y a que les franges septentrionales et orientales de la Nièvre qui échappent à son attraction). La rue du Commerce est le centre traditionnel de la vie des affaires. Le quartier de la cathédrale est de plus en plus un quartier-musée. Les fonctions de direction ont déserté depuis longtemps le palais, où doit s’installer le musée de la Faïencerie, pour se développer un peu au nord-est, entre la mairie et la préfecture. L’industrie est liée d’abord à la faïencerie, implantée ici à la fin du xvie s. La manufacture, héritière de celle du « Bout-du-Monde », a ainsi plus de trois siècles d’existence. La faïencerie a su demeurer fidèle aux formes et aux décors qui firent sa célébrité au xviiie s. Elle ne constitue plus qu’un secteur modeste de l’activité industrielle. Nevers est assez proche de Paris pour attirer des usines en mal de verdure, assez agréable et assez bien équipée pour plaire à leurs cadres. Cela explique l’installation d’établissements qui font de Nevers une ville du caoutchouc (Kléber-Colombes), de l’appareillage électrique (Thomson-Houston), de constructions mécaniques (Alfa-Laval), de la confection.

L’ouverture de l’autoroute Paris-Clermont-Ferrand devrait encore favoriser l’essor de la ville. Le plan d’urbanisme prévoit une amélioration de la circulation et du stationnement dans les rues du centre, mal adaptées à leurs fonctions actuelles, la création de zones d’activités nouvelles et l’espace nécessaire à la construction d’un nombre très élevé de logements.

Après une longue période de croissance modérée, Nevers fait de nouveau figure de centre actif dans une partie de la France qui souffre d’une insuffisante urbanisation.

P. C.

➙ Nièvre (départ. de la).


L’art à Nevers et dans le Nivernais

Limité par la Bourgogne*, le Berry* et le Bourbonnais*, le Nivernais a été un lieu privilégié d’échanges artistiques dès l’époque romane. Les abbayes des régions voisines y implantèrent des prieurés : Souvigny à Champvoux, Saint-Martin d’Autun à Commagny, Cluny surtout à La Charité-sur-Loire, à Jailly et à Sémelay ; l’ancien prieuré de Saint-Révérien dépend également de Cluny. C’est à partir du milieu du xie s. que s’épanouit l’art roman en Nivernais : à la cathédrale Saint-Cyr-et-Sainte-Julitte de Nevers, dont la crypte, l’abside et les parties basses du transept occidental remontent à cette époque ; à l’ancienne abbatiale de Saint-Étienne de Nevers, vaste église à déambulatoire et chapelles rayonnantes qui superpose à l’étage des tribunes celui des fenêtres hautes percées sous les voûtes en berceau ; à l’église Sainte-Croix-Notre-Dame de La Charité-sur-Loire, dont le chevet en échelon fut modifié pour adapter un déambulatoire et dont l’élévation à arcatures aveugles entre les grandes arcades et les fenêtres hautes est proche de celle de Cluny. Les portails sculptés de La Charité appartiennent au xiie s., de même que le portail de l’ancienne abbatiale de Cervon et le tympan de l’église Saint-Martin-du-Pré, près de Donzy ; on y décèle une forte influence de la Bourgogne, toute proche.