Népal (suite)
Après l’invasion de l’Inde de l’Est par les musulmans, au xiie s., toute la production des arts religieux échoit au Népal, dont la renommée est immense puisqu’elle conduit en Chine l’un de ses artistes : Balbahu. Au xive s., les musulmans envahissent le Népal. Les dévastations et les cruautés s’inscrivent dans l’évolution de l’art. La féroce épouse de Śiva se voit attribuer le nom de Taleju, et un temple, le Taleju Bhavanī, est édifié à Bhādgāun. Les arts mineurs (cruches, bijoux...), répartis sur les routes de pèlerinage, reproduisent les motifs décoratifs de la sculpture et de l’architecture. Une profusion de temples subsistent. Les toits superposés en forme de pyramide et les constructions intermédiaires en bois reposent sur des fondations de pierre. Sculpté, ciselé, le bois, qui est l’une des richesses du pays, révèle le travail original des praticiens népalais. Accompagnées de décors animaliers ou végétaux, les divinités prolifèrent sur les poutres, les colonnades, les portes, dans les temples, les palais ou les maisons. On appelle Katmandou la vallée des temples de bois. On trouve aussi des vestiges de sculptures en terre cuite et en bronze.
Le xviie s. ouvre l’âge d’or de la peinture népalaise. Le mouvement des corps et la perspective se ressentent d’Ajaṇṭā. Mais on observe des principes de composition tantriques dans le Viṣṇu dansant au Taleju Bhavanī, où des personnages secondaires, aux quatre angles, ramènent l’attention vers le personnage principal du centre. Au xviiie s., les formats grandissent. Le charme de la miniature fait place à une expression plus audacieuse des mouvements et des formes. La sculpture se maintient, comme le montre un ravissant bronze de la Naissance du Bouddha, serti de pierres précieuses, de filets d’or et d’argent (xviiie s., musée Guimet, Paris). Cette œuvre se rattache à l’iconographie bouddhique ancienne. Le décor est représenté par l’arbre śāla sur lequel s’appuie la reine Māyā ; on reconnaît le déhanchement classique, tandis que le Bouddha sort du flanc droit de la jeune femme. D’autres bronzes, avec leurs têtes et leurs bras multiples, avec leurs visages grimaçants, sont d’inspiration tantrique.
B. G.
➙ Inde / Tibet.
T. Hagen, F. Traugott Wahlen et W. R. Corti, Nepal, Königreich am Himalaya (Berne, 1960 ; trad. fr. Népal, royaume de l’Himalaya, Berne, 1961). / S. Kramrisch, The Art of Nepal (New York, 1964). / N. R. Banerjee, Nepalese Art (Katmandou, 1966). / Mandanjeet Singh, l’Art de l’Himalaya (Weber, 1968).